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bile; et Marius, au milieu de Rome, en trembla.

Cette même audace, qui m'a si bien servi contre Mithridate, contre Marius, contre son fils, contre Thélésinus, contre le peuple qui a soutenu toute ma dictature, a aussi défendu ma vie le jour que je l'ai quittée : et ce jour assure ma liberté pour jamais.

SEIGNEUR, lui dis-je, Marius raisonnoit comme vous, lorsque couvert du sang de ses ennemis et de celui des Romains, il montroit cette audace que vous avez punie. Vous avez bien pour vous quelques victoires de plus, et de plus grands excès. Mais en prenant la dictature, vous avez donné l'exemple du crime que vous avez puni. Voilà l'exemple qui sera suivi, et non pas celui d'une modération qu'on ne fera qu'admirer.

Quand les Dieux ont souffert que Sylla se soit impunément fait dictateur dans Rome, ils y ont proscrit la liberté pour jamais. Il faudroit qu'ils fissent trop de miracles, pour arracher à présent du cœur de tous les capitaines romains, l'ambition de régner. Vous leur avez appris qu'il y avoit une voie

bien plus sure pour aller à la tyrannie et la garder sans péril. Vous avez divulgué ce fatal secret, et ôté ce qui fait seul les bons citoyens d'une répu. blique trop riche et trop grande, le désespoir de pouvoir l'opprimer.

IL CHANGEA de visage et se tut un moment. Je ne crains, me dit-il avec émotion, qu'un homme dans lequel je crois voir plusieurs Marius. Le hasard, ou bien un destin plus fort, me l'a fait épargner: Je le regarde sans cesse; j'étudie son ame: il y cache des desseins profonds. Mais s'il ose jamais former celui de commander à des hommes que j'ai fait mes égaux, je jure par les Dieux que je punirai son insolence.

Fin du Dialogue de Sylla et d'Eucrate.

LE TEMPLE

DE GNID E.

Non murmura vestra columbæ, Brachia non hederæ, non vincant oscula concha.

Fragment d'un Epithalame de l'empereur Gallien.

PRÉFACE

DU TRADUCTEUR

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UN ambassadeur de France à la Porte Ottomane connu par son goût pour les lettres, ayant acheté plusieurs manuscrits grecs, il les porta en France. Quelquesuns de ces manuscrits m'étant tombés entre les mains, j'y ai trouvé l'Ouvrage dont je donne ici la traduction.

Peu d'auteurs grecs sont venus jusqu'à nous, soit qu'ils aient péri dans la ruine des bibliothèques, ou par la négligence des familles qui les possédoient.

Nous recouvrons de temps en temps quelques pièces de ces trésors. On a trouvé des ouvrages jusque dans les tombeaux de leurs

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