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en opposition directe avec la nature passive: or, cette chose est notre ame immortelle. Elle répugne aux opérations de la matière; elle est malade, elle languit quand elle en est trop touchée. Cet état de langueur de l'ame produit à son tour la débilité du corps; le corps, qui, s'il eût été seul, eût profité sous les feux du soleil, est contrarié l'abattement de l'esprit. Que si l'on dique c'est au contraire le corps qui, ne pouvant supporter les extrémités du froid et du chaud, fait dégénérer l'ame en dégénérant lui - même, ce serait une seconde fois prendre l'effet pour la cause. Ce n'est pas le vase qui agit sur la liqueur, c'est la liqueur qui tourmente le vase, et ces prétendus effets du corps sur l'ame sont les effets de l'ame sur le corps.

sait

La double débilité mentale et physique des peuples du nord et du midi, la mélancolie dont ils semblent frappés, ne peuvent donc, selon nous, être attribuées à une fibre trop relâchée ou trop tendue, puisque 'es mêmes accidents ne produisent pas le

même effet dans les zones tempérées. Cette affection plaintive des habitants du pôle et des tropiques est une véritable tristesse intellectuelle, produite par la position de l'ame, et par ses combats contre les forces de la matière. Ainsi, non-seulement Dieu a marqué sa sagesse par les avantages que le globe retire de la diversité des latitudes; mais, en plaçant l'homme sur cette échelle, il nous a démontré presque mathématiquement l'immortalité de notre essence, puisque l'ame se fait le plus sentir là où la matière agit le moins, et que l'homme diminue où la brute augmente.

Touchons une dernière objection.

« Si l'idée de Dieu est naturellement empreinte dans nos ames, elle doit devancer l'éducation, prévenir le raisonnement, se montrer dès l'enfance: or, les enfants n'ont point l'idée de Dieu; donc, etc. »>

Dieu étant esprit, et ne pouvant être entendu que par l'esprit, un enfant chez qui la pensée n'est pas encore développée ne saurait concevoir le souverain Être. Ne de

mandons point au cœur sa fonction la plus noble, lorsqu'il n'est pas achevé, lorsque le merveilleux ouvrage est encore entre les mains de l'ouvrier.

Mais d'ailleurs on peut soutenir que l'enfant a du moins l'instinct de son Créateur. Nous en prenons à témoins ses petites rêveries, ses inquiétudes, ses craintes dans la nuit, son penchant à lever les yeux vers le ciel. Un enfant joint ses deux mains innocentes, et répète après sa mère une prière au bon Dieu : pourquoi ce jeune ange de la terre balbutie-t-il avec tant d'amour et de

pureté le nom de ce souverain Être qu'il ne connaît pas?

Voyez ce nouveau-né qu'une nourrice porte dans ses bras. Qu'a-t-il dit pour donner tant joie à ce vieillard, à cet homme fait, à cette femme? deux ou trois syllabes à demi formées, que personne n'a comprises: et voilà des êtres raisonnables transportés d'allégresse, depuis l'aïeul, qui sait toutes les choses de la vie, jusqu'à la jeune mère qui les ignore encore! Qui donc a mis

cette puissance dans le verbe de l'homme? Pourquoi le son d'une voix humaine vous remue-t-il si impérieusement? Ce qui vous subjugue ici est un mystère, qui tient à des causes plus relevées qu'à l'intérêt qu'on peut prendre en l'âge de cet enfant : quelque chose vous dit que ces paroles inarticulées sont les premiers bégaiements d'une pensée immortelle.

CHAPITRE V.

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DANGER ET INUTILITÉ DE L'ATHÉISME.

ILya deux sortes d'athées bien distinctes: les premiers, conséquents dans leurs principes, déclarent, sans hésiter, qu'il n'y a point de Dieu, par conséquent point de différence essentielle entre le bien et le mal; que le monde appartient aux plus forts et aux plus habiles, etc. Les seconds sont les honnêtes gens de l'athéisme, les hypocrites de l'incrédulité. Absurdes personnages, qui, avec une douceur feinte, se porteraient à tous les excès pour soutenir leur système; ils vous appelleraient mon frère en vous égorgeant: les mots de morale et d'humanité sont incessamment dans leurs bouches: ils sont triplement méchants; car ils joignent aux vices de l'athée l'intolérance

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