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incrédules de se défier de ces alliés corrom

pus, qui reçoivent secrètement des présents de l'ennemi.

Autre objection.

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Puisque l'esprit croît et décroît avec l'âge, puisqu'il suit les altérations de la matière, il est donc lui-même de nature matérielle, conséquemment divisible, et sujet à périr. »

Ou l'esprit et le corps sont deux êtres différents, ou ils ne sont que le même être. S'ils sont deux, il vous faut convenir que l'esprit est renfermé dans le corps; il en résulte qu'aussi long-temps que durera cette union, l'esprit sera en quelques degrés soumis aux liens qui le pressent. Il paraîtra s'élever ou s'abaisser dans les proportions de son enveloppe. L'objection ne subsiste donc plus, dans l'hypothèse où l'esprit et le corps sont considérés comme deux substances distinctes.

Dans celle où vous supposez qu'ils ne sont qu'un et tout, partageant même vie et même mort, vous êtes tenus à prouver

l'assertion. Or, il est depuis long-temps démontré que l'esprit est essentiellement différent du mouvement et des autres propriétés de la matière, n'étant ni étendu, ni divisible.

Ainsi l'objection se renverse de fond en comble, puisque tout se réduit à savoir si la matière et la pensée sont une et même chose; ce qui ne se peut soutenir sans absurdité.

Au surplus, il ne faut pas s'imaginer qu'en employant la prescription pour écarter cette difficulté, il soit impossible de l'attaquer par le fond. On peut prouver qu'alors même que l'esprit semble suivre les accidents du corps, il conserve les

caractères distinctifs de son essence. Les athées, par exemple, produisent en triomphe la folie, les blessures au cerveau, les fièvres délirantes : afin d'étayer leur système, ces hommes sont obligés d'enrôler, pour auxiliaires dans leur cause, les malheurs de l'humanité. Eh bien donc ces fièvres, cette folie (que l'athéisme, c'est

à-dire le génie du mal, a raison d'appeler en preuve de sa réalité), que démontrentelles après tout? je vois une imagination déréglée, mais un entendement réglé. Le fou et le malade aperçoivent des objets qui n'existent pas; mais raisonnent - ils faux sur ces objets? Ils tirent d'une cause infirme des conséquences saines.

que

Pareille chose arrive à l'homme attaqué de la fièvre son ame est offusquée dans la partie où se réfléchissent les images, parce l'imbécillité des sens ne lui transmet que des notions trompeuses; mais la région des idées reste entière et inaltérable. Et de même qu'un feu allumé dans une vile matière n'en est pas moins un feu pur, quoique nourri d'impurs aliments, ainsi la pensée, flamme céleste, s'élance incorruptible et immortelle, du milieu de la corruption et de la mort.

Quant à l'influence des climats sur l'esprit, qui a été alléguée comme une preuve de la matérialité de la pensée, nous prions

les lecteurs de faire quelque attention à notre réponse; car, au lieu de résoudre une objection, nous allons tirer de la chose même qu'on nous oppose une preuve de l'immortalité de l'ame.

On a remarqué que la nature se montre plus forte au septentrion et au midi : c'est entre les tropiques que se trouvent les plus grands quadrupèdes, les plus grands reptiles, les plus grands oiseaux, les plus grands fleuves, les plus hautes montagnes; c'est dans les régions du nord que vivent les puissants cétacées, qu'on rencontre l'énorme fucus et le pin gigantesque. Si tout est effet de matière, combinaisons d'éléments, force de soleil, résultat du froid et du chaud, du sec et de l'humide, pourquoi l'homme seul est-il excepté de la loi générale? Pourquoi sa capacité physique et morale ne se dilate-t-elle pas avec celle de l'éléphant sous la ligne, et de la baleine sous le pole? Dira-t-on qu'il est comme le bœuf un animal de tous les pays? Mais le bœuf con

serve son instinct en tout climat, et nous voyons par rapport à l'homme une chose bien différente.

preuve.

Loin de suivre la loi générale des êtres, loin de se fortifier là où la matière est supposée plus active, l'homme, au contraire, s'affaiblit en raison de l'accroissement de la création animale autour de lui. L'Indien, le Péruvien, le Nègre au midi; l'Esquimaux, le Lapon au nord, en sont la Il y a plus l'Amérique, où le mélange des limons et des eaux donne à la végétation la vigueur d'une terre primitive, l'Amérique est pernicieuse aux races d'hommes, quoiqu'elle le devienne moins chaque jour, en raison de l'affaiblissement du principe matériel. L'homme n'a toute son énergie que dans les régions où les éléments moins vifs laissent un plus libre cours à la pensée; où cette pensée, pour ainsi dire dépouillée de son vêtement terrestre, n'est gênée dans aucun de ses mouvements, dans aucune de ses facultés.

Il faut donc reconnaître ici quelque chose,

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