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NOTES

ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

NOTE 1

, page 2.

Je donnerai ici ces preuves métaphysiques de l'existence de Dieu et de l'immortalité de l'ame, pour compléter ce que j'ai dit sur ce grand sujet. Toutes les preuves abstraites de l'existence de Dieu se tirent de ces trois sources: la matière, le mouvement, la pensée.

La matière.

PREMIÈRE PROPOSITION.

QUELQUE CHOSE A EXISTÉ DE TOUTE ÉTERNITÉ. Preuves. Par la raison que quelque chose existe. Dieu ou matière, peu importe à présent.

SECONDE PROPOSITION. 1. Quelque chose a existe detoute éternité, 2. ET CET ÊTRE EXIS—. TANT EST INDÉPENDANT ET IMMUABLÉ.

Preuves. Il faudrait autrement qu'il y eût une

succession infinie de causes et d'effets sans cause première; ce qui est contradictoire. On le prouve,

Parce que si la série d'êtres indépendants est UNE et TOUTE, elle ne peut avoir au dehors une cause de son existence successive, puisqu'elle comprend tout. Or,

Il est évident que chaque être, dans la chaîne progressive, n'a pas, pas, au dedans de soi, la cause efficiente de son existence, puisqu'il est produit par un être précédent. Contradiction manifeste. Objection. On dit : C'est la nécessité qui fait que cette chaîne d'ètres existe.

Réponse. Des êtres dépendants les uns des autres peuvent exister ou n'exister pas. Il n'y a pas là nécessité; donc la cause de cette existence est déterminée par rien. (Absurdité.) Done il doit y avoir de toute éternité un Être indépendant et immuable, cause première de la génération des êtres.

TROISIÈME PROPOSITION. 1. Quelque chose a existé de toute éternité. 2. Cet étre existant est indépendant et immuable, 3. ET NE PEUT ÊTRE LA MATIÈRE.

Première preuve. Si cela était, la matière ́existerait nécessairement et par elle-même : la seule supposition qu'elle n'existe pas serait une contradiction dans les termes. Or, il est prouvé

Que le mode de son existence n'est pas de cette nature, puisqu'on peut concevoir, sans contradiction, qu'elle (la matière) pourrait ne pas exister, ou être toute autre chose que ce qu'elle est. En effet,

Ce caillou que vous roulez sous votre pied n'existe pas nécessairement, puisque vous le concevez fort bien, ou anéanti, ou de toute autre espèce, sans qu'il en arrive aucun changement dans l'univers. Ainsi, d'objets en objets, vous verrez clair comme le jour que l'existence de la matière n'est pas de nécessité.

Seconde preuve. En outre, on ne peut pas se figurer la durée éternelle de la matière, de la même manière qu'on entend celle de Dieu : celuici, par la simplicité et la non-étendue de sa substance, se fait concevoir à la pensée, comme existant à la fois dans le passé, le présent et l'avenir. Mais la durée de la matière ne peut être que progressive, puisqu'elle a l'étendue et les dimensions des corps, et qu'elle se perpétue par destructions et générations: elle n'existe plus pour la minute écoulée, et, comme l'homme, elle avance dans l'avenir en perdant le passé.

Or, si l'éternité est successive, comme elle l'est démonstrativement, dans le cas de la matière, elle enferme des siècles infinis;

Or des siècles infinis ne peuvent être épuisés, ou ils ne seraient pas infinis;

Donc l'éternité de la matière étant successive, cette matière ne pourrait être venue jusqu'à nos jours, puisqu'il faudrait supposer qu'elle eût franchi des siècles infinis, et que des siècles infinis qui pourraient se franchir ne seraient point infinis 1.

pas

Troisième preuve. S'il n'y a que la matière dans la nature, et que cette matière n'existe de nécessité (ce qui implique déjà contradiction), qui est-ce qui fait durer les êtres ?

S'il n'y a pas une puissance nécessaire, qui conserve tout par sa seule vertu ou sa seule volonté, la cohésion des parties des corps est impossible. Mon bras doit tomber en poussière, si les atomes dont il est formé ne sont sans cesse forcés de se tenir ensemble, ou même s'ils ne sont sans cesse créés 2. Or, cette puissance nécessaire ne peut être la matière, puisqu'elle n'existe pas de nécessité, et qu'elle n'a pas ellemême la cohésion des parties. Enfin, cette volonté conservatrice ne peut émaner de la matière, puisque la matière est un être purement passif et sans volonté.

I. Abbadie.

2. Descartes.

Concluons que l'être primitif, indépendant et immuable, ne peut être la matière.

QUATRIÈME PROPOSITION. 1. Quelque chose a existé de toute éternité. 2. Cet étre existant est indépendant et immuable; 3. il ne peut étre la matière; 4. IL EST NÉCESSAIREMENT UNIQUE.

Première preuve. Si deux principes indépendants existent ensemble, on concevra que l'un peut également exister seul, puisqu'il n'est pas de la même nature que l'autre; d'où il résulte que ni l'un ni l'autre de ces principes n'existe nécessairement. Que devient donc la matière et l'être quelconque, démontré existant de toute éternité, par la seule raison que quelque chose existe à présent?

Seconde preuve. Si deux principes existent ensemble, qui est-ce qui a arrangé la matière?

Ce ne peut être Dieu, parce qu'il ne connaît point l'autre principe, et n'a aucun droit sur lui ".

Si la matière est incréée, Dieu ne peut la mouvoir, ni en former aucune chose; car Dieu ne peut l'arranger sagement sans la connaître ; il ne peut la connaître s'il ne l'a pas créée, puisque étant un principe indépendant par lui-même, il ne

1. Bayle, article ANAXAGORAS.

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