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CHAPITRE III.

ORGANISATION DES ANIMAUX ET DES

PLANTES.

DESCENDONS, de ces notions générales, à des idées particulières; voyons si nous pouvons découvrir, dans les parties de l'ouvrage, cette même sagesse si bien exprimée dans le tout. Nous nous servirons d'abord du témoignage d'une classe d'hommes que les sciences et l'humanité réclament également; nous voulons parler des méde

cins.

Le docteur Nieuwentyt, dans son Traité de l'Existence de Dieu, s'est attaché à dé

1. Dans tout ce que nous citons ici du Traité de Nieuwentyt, nous avons pris la liberté de refondre et d'animer un peu son sujet. Le docteur est savant, sage, judicieux, mais sec. Nous avons aussi mêlé quelques observations aux siennes.

montrer la réalité des causes finales. Sans le suivre dans toutes ses observations, nous nous contenterons d'en rapporter quelques

unes.

En parlant des quatre éléments qu'il considère dans leurs harmonies avec l'homme et la création en général, il fait voir, par rapport à l'air, comment nos corps sont miraculeusement conservés sous une colonne atmosphérique, égale dans sa pression à un poids de vingt mille livres. Il prouve qu'une seule qualité changée, soit en raréfaction, soit en densité, dans l'élément qu'on respire, suffirait pour détruire les êtres vivants. C'est l'air qui fait monter les fumées, c'est l'air qui retient les liquides dans les vaisseaux; par ses mouvements il épure les cieux, et porte aux continents les nuages de la mer.

Nieuwentyt démontre ensuite la nécessité de l'eau par une foule d'expériences. Qui n'admirerait le prodige de cet élément, en ascension, contre les lois de la pesanteur, dans un élément plus léger que lui,

afin de nous donner les pluies et les rosées? La disposition des montagnes pour faire circuler les fleuves, la topographie de ces montagnes dans les îles et sur les continents, les ouvertures des golfes, des baies, des méditerranées, les innombrables utilités des mers, rien n'échappe à la sagacité de ce bon et savant homme. C'est de la même manière qu'il découvre l'excellence de la terre comme élément, et ses belles lois comme planète. Il décrit les avantages du feu, et les secours qu'en a su tirer l'industrie humaine..

Quand il passe aux animaux, il observe que ceux que nous appelons domestiques naissent précisément avec le degré d'instinct nécessaire pour s'apprivoiser, tandis que les animaux inutiles à l'homme retiennent toujours leur naturel sauvage. Est-ce donc le hasard qui inspire aux bêtes douces

1. La physique moderne pourra relever ici quelques erreurs; mais les progrès de cette science, loin de renverser les causes finales, fournissent de nouvelles preuves de la bonté de la Providence.

et utiles la résolution de vivre en société au milieu de nos champs, et aux bêtes malfaisantes celle d'errer solitaires dans les lieux infréquentés? Pourquoi ne voit-on pas des troupeaux de tigres conduits au son d'une musette par un pasteur? Et pourquoi les lions ne se jouent-ils pas dans nos parcs parmi le thym et la rosée, comme ces légers animaux chantés par Jean La Fontaine? Ces animaux féroces n'ont jamais pu servir qu'à traîner le char de quelque triomphateur aussi cruel qu'eux, ou à dévorer des chrétiens dans un amphithéâtre les tigres ne se civilisent pas à l'école des hommes, mais les hommes se font quelquefois sauvages à l'école des tigres.

Les oiseaux ne présentent pas à notre naturaliste un sujet d'observation moins intéressant. Leurs ailes, convexes en dessus et creusées én dessous, sont des rames par

1. On connaît ce fameux cri de la populace romaine : Les chrétiens aux lions! Voyez Tert. Apolog.

faitement taillées pour l'élément qu'elles doivent fendre. Le roitelet qui se plaît dans dans ces haies de ronces et d'arbousiers. qui sont pour lui de grandes solitudes, est pourvu d'une double paupière, afin de préserver ses yeux de tout accident. Mais, admirables fins de la nature! cette paupière est transparente, et le chantre des chaumières peut abaisser ce voile diaphane, sans être privé de la vue. La Providence n'a pas voulu qu'il s'égarât en portant la goutte d'eau ou le grain de miel à son nid, et qu'il y eût sous le buisson une petite famille qui se plaignît d'elle.

Et quels ingénieux ressorts font mouvoir les pieds de l'oiseau! Ce n'est point par un jeu de muscles que détermine sa volonté, qu'ils se tient ferme sur la branche: son pied est construit de sorte que, lorsqu'il vient à être pressé dans le centre ou le talon, les doigts se referment naturellement sur le corps qui les presse'. Il résulte

1. On en peut faire l'essai sur un oiseau mort.

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