Ce n'est jamais par là que l'on en vient à bout ! Il y faut une autre manière : Servez-vous de vos rets; la puissance fait tout. FABLE XII. Les deux Perroquets, le Roi, et son Fils. Deux perroquets, l'un père et l'autre fils, Entre ces gens : les deux pères s'aimaient ; Le jeu devint une querelle. Le tout en vain, ses cris sont superflus; Le haut d'un pin: là, dans le sein des dieux, Que le tort vient de nous; mon fils fut l'agresseur; Mon fils! non; c'est le Sort qui du coup est l'auteur. La Parque avait écrit de tout temps en son livre Que l'un de nos enfants devait cesser de vivre,' 'VAR. Édit. de 1679: Fan. Cette leçon a été conservée dans quelques éditions; non pas que ce mot s'écrivit différemment du temps de la Fontaine qu'il ne s'écrit aujourd'hui, mais parce qu'il se prononce fan, et que les poëtes pouvaient alors alté rer l'orthographe des mots, pour rimer aux yeux comme aux oreilles. Le mot faon est ici inpropre; car, bien avant la Fonlaine, il ne s'employait que pour désigner le petit d'une biche, d'un chevreuil, ou d'un daim. « On ne peut dire faon d'une beste mordante, comme laye, ourse, lionne, éléphante, ains ⚫ont autres noms particuliers. » Nicot, Thrésor de la langue françoyse, 1606, in-folio, au mot faon. Cependant plus anciennement ce mot paraît avoir été employé pour désigner les petits de tous les animaux; du moins nous avons un exemple qui prouve que le mot faoner s'employait pour engendrer en général, quand il s'agissait des animaux. Les oisiaux, aussi les poissons, a Ayant au haut cet écriteau : Seigneur aventurier, s'il te prend quelque envie De voir ce que n'a vu nul chevalier errant, Tu n'as qu'à passer ce torrent ; Puis, prenant dans tes bras un éléphant de pierre « Que tu verras couché par terre, « Le porter, d'une haleine, au sommet de ce mont Quelle ridicule entreprise! 3 Le sage l'aura fait par tel art et de guise Qu'on le pourra porter peut-être quatre pas : 4 Mais jusqu'au haut du mont! d'une haleine! il n'est pas Ne purent l'arrêter; et, selon l'écriteau', Le peuple aussitôt sort en armes. Que d'être pape ou d'être roi ? ) On reconnut bientôt son peu de bonne foi. Fortune aveugle suit aveugle hardiesse. FABLE XV. Les Lapins. DISCOURS A M. LE DUC DE LA ROCHEFOUCAULD?. Je me suis souvent dit, voyant de quelle sorte En mille occasions comme les animaux : A mis dans chaque créature Quelque grain d'une masse où puisent les esprits: A l'heure de l'affût, soit lorsque la lumière 1 C'est-à-dire, où sera l'honneur. Ellipse. Sur M. le duc de la Rochefoucauld, voyez liv. 1, fab. x1, L'œil éveillé, l'oreille au guet, Tous les maîtres de l'art, et tiens qu'il faut laisser Dans les plus beaux sujets quelque chose à penser : Ainsi ce discours doit cesser. Vous qui m'avez donné ce qu'il a de solide, La plus juste et la mieux acquise; S'égayaient, et de thym parfumaient leur banquet. Vous enfin, dont à peine ai-je encore obtenu Le bruit du coup fait que la bande Dans la souterraine cité : Mais le danger s'oublie, et cette peur si grande Ne reconnait-on pas en cela les humains ? Sous les mains de la Fortune. Joignons à cet exemple une chose commune. [droit Quand des chiens étrangers passent par quelque en- Les chiens du lieu, n'ayant en tête Un intérêt de biens', de grandeur, et de gloire, Malheur à l'écrivain nouveau ! Que votre nom reçût ici quelques hommages, FABLE XVI. Le Marchand, le Gentilhomme, le Patre, et le Fils de Roi. Quatre chercheurs de nouveaux mondes, De raconter quel sort les avait assemblés, Ils s'assirent enfin au bord d'une fontaine : Chacun fit de son mieux, et s'appliquât au soin La plainte, ajouta-t-il, guérit-elle son homme? Le moins de gens qu'on peut à l'entour du gâteau, Travaillons : c'est de quoi nous mener jusqu'à Rome. C'est le droit du jeu, c'est l'affaire. Cent exemples pourraient appuyer mon discours; Mais les ouvrages les plus courts Un pâtre ainsi parler! Ainsi parler ? croit-on • Bélisaire était un grand capitaine, qui, ayant commandé les Sont toujours les meilleurs. En cela j'ai pour guides armées de l'empereur et perdu les bonnes grâces de son maître, • Indépendamment de sa signification ordinaire, le mot detroit désignait, du temps de la Fontaine, une étendue de pays soumise à une juridiction spirituelle ou temporelle. C'est dans ce sens qu'il est employé ici. On dit actuellement district. VAR. Dans les éditions modernes il y a bien au singulier; c'est à tort. Dans les éditions modernes il y a guide au singulier. La Fontaine a mis le pluriel, parce que ainsi l'exige la correction de la phrase; la rime demanderait le singulier. C'est une de ces négligences qui étonnent dans notre poëte. tomba dans un tel point de misère qu'il demandait l'aumône sur les grands chemins '. (Note de la Fontaine.) ⚫ Tous les arts semblent avoir conspiré contre l'histoire en consacrant le récit touchant, mais romanesque, des dernières années de Bélisaire, devenu aveugle et demandant l'aumône; il n'en est pas moins prouvè que ce récit est entièrement faux, et qu'il a été inventé longtemps après la mort de ce grand homme. Les faits rapportés par les histo riens les plus voisins de son temps y sont contraires : le porte Tzelzès. au douzième siècle, est le plus ancien auteur qui en fasse mention, et Jul-même le contredit dans un autre passage de son insipide puěme. Consultez à ce sujet Gibbon's Hist. of the deel, and fail of the rom empire, ch. XLIII, t. VII, p. 408, édit. ¡797, in-8°, London. Que le ciel n'ait donné qu'aux têtes couronnées De l'esprit et de la raison ; Et que de tout berger, comme de tout mouton, Les connaissances soient bornées? L'avis de celui-ci fut d'abord trouvé bon J'enseignerai la politique, Reprit le fils de roi. Le noble poursuivit : Le pâtre dit: Amis, vous parlez bien; mais quoi! Vous me donnez une espérance Ou plutôt sur quelle assurance Est courte là-dessus : ma main y suppléera. Dans un bois il y fit des fagots, dont la vente, Je conclus de cette aventure Vieux routier, et bon politique. Tu crains, ce lui dit-il, lionceau mon voisin; Il a chez lui plus d'une affaire, Et devra beaucoup au Destin S'il garde ce qu'il a, sans tenter de conquête. Ou s'efforcer de le détruire Avant que la griffe et la dent Lui soit crue, et qu'il soit en état de nous nuire. J'ai fait son horoscope : il croitra par la guerre; Pour ses amis, qui soit sur terre : Tâchez donc d'en être; sinon Tâchez de l'affaiblir. La harangue fut vaine.` : Qu'il ne faut pas tant d'art pour conserver ses jours; Le lion en a trois qui ne lui coûtent rien, Et, grâce aux dons de la nature, La main est le plus sûr et le plus prompt secours. LIVRE ONZIÈME. FABLE PREMIÈRE. Le Lion. Sultan léopard autrefois Eut, ce dit-on, par mainte aubaine', Force bœufs dans ses prés, force cerfs dans ses bois, Il naquit un lion dans la forêt prochaine. Comme entre grands il se pratique, Le sultan fit venir son vizir le renard, Par les successions des étrangers, confisquées à son profit en vertu du droit d'aubaine dont il jouissait comme sultan. Son courage, sa force, avec sa vigilance. Sauvez le reste ainsi. Ce conseil ne plut pas. Proposez-vous d'avoir le lion pour ami, Si vous voulez le laisser craître '. I VAR. Croître, dans toutes les éditions modernes. Mais la Fontaine a écrit craître pour la rime, en vertu de cette licence poétique dont nous avons déjà vu dans notre auteur plusieurs exemples. D'ailleurs on prononce encore craître dans plusieurs provinces, et peut-être était-ce la prononciation de ce mot la plus usitée à l'époque où notre poëte écrivait. Nous avons entendu, dans notre jeunesse, plusieurs vieillards prononcer ainsi ce mol. FABLE II. Les Dieux voulant instruire un fils de Jupiter. POUR MONSEIGNEUR LE DUC DU MAINE '. Jupiter eut un fils, qui, se sentant du lieu Avait l'âme toute divine. Des doux soins d'aimer et de plaire. Devancèrent le temps, dont les ailes légères Il semblait qu'il n'agit que par réminiscence Jupiter cependant voulut le faire instruire. Mais il est des emplois divers Il faut qu'il sache tout. Le maître du tonnerre Je veux, dit le dieu de la guerre, Aux honneurs de l'Olympe, et grossi cet empire. Dit le blond et docte Apollon. Et moi, reprit Hercule à la peau de lion', Son maitre à surmonter les vices, A dompter les transports, monstres empoisonneurs, Comme hydres renaissants' sans cesse dans les cœurs: 'Louis-Auguste de Bourbon, DUC DU MAINE, fils de Louis XIV et de madame de Montespan, et élève de madame de Maintenon. Il naquit à Versailles, le 30 mai 1670; et il n'avait que sept à huit ans lorsque la Fontaine lui adressa cette jolie allégorie, à laquelle il a donné le titre de fable. Le duc du Maine fut légitimé le 29 décembre 1673, et mourut le 14 mai 1756. VAR. Renaissant, dans toutes les éditions modernes, excepté celle de Montenault, in-folio (t. IV, p. 48), qui a conservé Ennemi des molles délices, Il apprendra de moi les sentiers peu battus Il dit qu'il lui montrerait tout. L'Amour avait raison. De quoi ne vient à bout L'esprit joint au désir de plaire! FABLE III. Le Fermier, le Chien, et le Renard. Le loup et le renard sont d'étranges voisins! Je vais, je viens, je me travaille, Il choisit une nuit libérale en pavots: Le voleur tourne tant qu'il entre au lieu guetté, Les marques de sa cruauté Ne rebroussat d'horreur vers le manoir liquide. avec raison la leçon des éditions originales, Voyez à ce sujet la note sur la fable xvi du livre VII. On dit un poulailler pour désigner celui qui fait métier de vendre de la volaille; mais je ne connais pas d'au ́orité plus ancienne que la Fontaine, relativement à l'emploi du mot poulaille. J. B. Rousseau s'en est servi d'après lui. * Agamemnon, l'aîné des Atrides ou des petits fils d'Atrée, ayant enlevé Chryséis à Chrysès son père, pontife d'Apollon, le |