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s'emploient comme les datifs mihi, tibi, sibi. Et puis on peut croire que ces mots ne sont que de simples altérations de moi, toi, soi; altérations nécessitées par la rapidité de la prononciation, lorsque ces mots se trouvent affrontés contre un verbe; car on dit avec altération et sans altération, me et moi, te et toi, se et soi, pour exprimer les mêmes idées.

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Leur est de tous ces relatifs celui qui ressemble le plus à un cas. Il n'est jamais employé comme substantif, qu'il ne produise l'effet d'un datif. Cependant il vient de l'italien loro, venu lui-même du génitif latin illorum; et lorsqu'il est employé comme adjectif, il se joint à des substantifs remplissant toutes sortes de fonctions.

Comment jugeront-ils de nos opinions? Comment jugerons-nous des leurs? J.-J. R. Emil. 4.

leurs grandes richesses. Il les ont à titre onéreux, et qui ne nous accommoderait point. Ils ont mis leur repos, leur santé, leur honneur et leur conscience pour les avoir; cela est trop cher, et il n'y a rien à gagner à un tel marché. LA BRUY. ch. 6.

Voilà des raisons, cher Emile; pesez les leurs, s'ils en ont. J.-J. R. Emile, 4. N'envions point à une sorte de gens Au reste, voilà les choses; donnez-leur ou ne leur donnez pas des noms. On trouvera dans les adjectifs déterminatifs la comparaison de leur, substantif relatif, et de leur, leurs, adjectifs.

Des régimes vulgairement appelés GÉNITIF et ABLATIF.

Prétendu génitif.

Prétendu ablatif.

1015 Rot de Rome et du monde, est-ce à toi de te Souvenez-vous de Rome, et songez à Tarquin.

plaindre ? VOLT. Mort de César, 1, 1. Qu'aux tyrans désormais il ne reste, en ces lieux, Que la HAINE de Rome et le COURROUX des Dieux, VOLT. Mort de César, 1,3. Le SORT de l'homme est de souffrir dans tous les temps. J.-J. R. Emil. 1.

VOLT. Brutus, 5, 6.

Qu'ils soient naïs et de Rome et des Dieux,
Et qu'il leur soit fermé tout accès en ces lieux.

VOLT. Brutus, 3, 6. PARLONS de l'homme, de l'homme naturel et de l'homme civil.

Parce que les Latins disent avec le génitif rex Romæ, sors hominis, que nous traduisons par roi de Rome, sort de l'homme, le commun des grammairiens a cru que de Rome, que de l'homme ainsi précédés d'un substantif, sont aussi des génitifs; mais puisqu'on veut comparer les deux langues, comment ne voit-on pas que le de français n'est pas un autre mot que le de latin, et que si de Rome dans roi de Rome pouvait être regardé comme un

cas, ce serait nécessairement un ablatif, cet invariable n'étant jamais en latin suivi d'un autre cas ? Et puis quelle idéologie que celle qui prend plusieurs mots pour un seul mot, pour une variation d'un seul mot! Car les cas ne sont autre chose que les diverses formes d'un seul et

même mot.

De n'est donc pas un cas; Rome n'est pas un des cas. Pour donner à de Rome, le nom de cas, il faudrait dire que de est une forme, une variation de Rome, ou que Rome est une forme, une variation du mot

de.

Nous allons donner encore quelques exemples de ces deux prétendus

cas:

Prétendu génitif.

Suite.

Prétendu ablatif.

tage;

La gourmandise est la passion de l'en-Je vis de bonne soupe et non de beau langage; fance..... La gourmandise est le vice des Vaugelas n'apprend point à bien faire un pocœurs qui n'ont point d'étoffe. J.-J. R. Emil. 2. Dès qu'on est dans le fil de l'eau, il n'y a qu'à se laisser aller; on fait sans peine

une fortune immense. VOLT. Jeannot.

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MOL. Fem. sav. 2, 7.

Et Malherbe et Balzac, si savants en beaux mots,
En cuisine peut-être auraient été des sots.
Je me range toujours du parti qu'on opprime.
RAYNOUARD, Templ.
Le soin que j'aurai pris de soins m'exemptera.
LA F. 4, 3.
Tous deux débrouillant mal une pénible intri-
gue,

D'un divertissement me FONT une fatigue.
BOILEAU, Art poétique.

Comme nous traiterons encore de l'emploi de de dans la section des invariables, nous terminerons par les citations suivantes :

Il y a des âmes sales, pétries de boue et d'ordure, éprises du gain et de l'intérêt, comme les belles âmes le sont de la gloire et de la vertu, capables d'une seule volupté, qui est celle d'acquérir ou de ne pas perdre. LA BRuy. 6.

Peu de livres, point d'ennuycux,
Un ami dans la solitude;

Voilà mon sort, il est heureux.

VOLT. à Mad. du Châtelet.
Ma triste voix chantait d'un gosier sec,
Le vin mousseux, le frontignan, le grec,
Buvant de l'eau dans un vieux pot à bière.
VOLT. Pauvre Diable.

Sont-ce des hommes que de jeunes blondins? Du genre humain apprends quelle est la

MOL. Avare, 2, 5.

La nature féconde en bizarres portraits,
Dans chaque âme est marquée à de différents
traits. BOIL. Art. Poċt. 3.

Du repos, des riens, de l'étude,

trempe,

Avec de l'or je te fais président,
Fermier du roi, conseiller, intendant.
Tun'as point d'aile et tu veux voler! rampe.
VOLT. Pauvre Diable.

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Les grammairiens retrouvent dans ces différens régimes de l'invariable de tous les cas des Latins. Pour eux des âmes sales, du repos, etc. sont des nominatifs; de l'eau, dans buvant de l'eau, est un accusatif; du genre humain est un génitif; à de différents traits est un datif ou un ablatif; de boue, de l'or, etc. sont des ablatifs. Cependant, dans le fait, tous ces substantifs sont des régimes du mot de avec ou sans ellipse.

Régime des invariables DANS, CONTRE, SUR et autres.
Mais que diable allait-il faire dans cette
galère? MoL. Fourb. de Scap. 2, 11.

Connaissez mieux l'oisiveté,
Elle est ou folie ou sagesse.
Elle est vertu dans la richesse,
Et vice dans la pauvreté.

le mensonge, c'était de vivre d'emprunt.
BOSSUET, Hist. univ. 1.

La parole suffit entre les grands courages.
CORN. Sert. 1, 1.

FENEL. Télém. 8.

Les hommes peuvent conserver leur santé et leurs forces sans vin. Avec le vin ils courent risque de ruiner leur santé et VOLT. à M. Linant.de perdre les bonnes mœurs. Ce qu'ils trouvaient le plus lâche après | Pourquoi n'a-t-on pas dit que dans cette galère, entre les grands courages, après le mensonge, avec le vin, sans le vin, etc., sont des cas? Comme les différents emplois de tous les invariables à, de, , par, dans, sans, etc., seront traités dans une section à part, nous n'en avons parlé que pour montrer comment ils régissent les substantifs qui en dépendent.

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On a vu dans l'idéologie (54 etc.) que les adjectifs se subdivisent en deux classes, savoir en énonciatifs, voir ceux de la première colonne, et

en affirmatifs ou verbes, voir ceux de la seconde, d'où deux sous-chapitres.

Parlant, parlante, parlants, parlantes, etc. sont rapportés à tableau, peinture, faits, creatures, mais ils sont énoncés sans exprimer aucune idée de personne. Parle, parlent, parlèrent, réveillent l'idée d'une troisième personne; je partai, je parle, celle de première.

Comme cette différence d'idées accessoires en entraîne de grandes dans les formes des mots, et que c'est à la syntaxe à déterminer le choix de ces formes, nous traiterons des adjectifs en deux sous-chapitres.

SOUS-CHAPITRE I.

Des Adjectifs énonciatifs.

1018 On a vu dans l'idéologie qu'ils se divisent en quatre sortes, et qu'ils sont qualificatifs comme blanc, actifs comme blanchissant, passifs comme blanchi, et déterminatifs comme le, ce, un, deux, trois, etc.

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Mais avant d'entrer dans le détail des difficultés particulières à chaque sorte, nous considérerons l'adjectif énonciatif sans subdivision; d'où cinq paragraphes.

SI De l'adjectif énonciatif considéré sans distinction des sortes.
SII. De l'adjectif qualificatif.

SIII. De l'adjectif actif.

SIV. De l'adjectif passif, vulgairement dit participe passé, etc.
SV. De l'adjectif déterminatif, vulgairement dit article, etc.

S Ier.

De l'adjectif énonciatif considéré sans distinction des sortes.

On a vu dans l'idéologie qu'outre l'idée fondamentale, l'adjectif peut exprimer diverses idées accessoires, savoir, celles de degré, de genre et de nombre. Dans un premier article nous parlerons du degré, et dans un second du nombre et du genre, ces deux sortes d'idées étant inséparables dans nos adjectifs.

ARTICLE I.

Du degré.

1020 On a vu dans l'idéologie (104 etc.) que les adjectifs susceptibles d'être gradués peuvent être au positif, au comparatif ou supérioritif, et au superlatif; qu'il n'y a dans notre langue que trois comparatifs, meilleur, pire et moindre, et de superlatifs, qu'extrême, suprême, et quelques mots en issime.

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ARTICLE II.

Du genre et du nombre de l'adjectif.

Dès qu'une langue a donné à ses adjectifs des formes particulières pour distinguer le genre et le nombre, il faut nécessairement rechercher à quels substantifs ils se rapportent, et les faire accorder de ces deux manières avec leurs substantifs. Or, notre lexigraphic varie nos adjectifs selon le genre et le nombre, la syntaxe doit donc régler ce double choix.

Singulier.

Ce qui rend l'homme essentiellement

Pluriel.

Soyons bons, premièrement, et puis bon, est d'avoir peu de besoins, et de peu nous serons heureux. J.-J. R. Emil. 4. se comparer aux autres. Ce qui le rend essentiellement méchant, est d'avoir beaucoup de besoins et de tenir beaucoup à l'opinion. J.-J. R. Emil. 4.

N'ayant besoin de rien, pourquoi seraient-ils méchants? J-.J. R. Emil. 2.

Donnez matière à de bonnes histoires,

Je vis de bonne soupe, et non de beau lan-et les bons historiens se trouveront.

gage. MOL. Femm. sav.

Un homme vit une couleuvre.
Ah! méchante, dit-il, je m'en vais faire une

œuvre

Agréable à tout l'univers. LA F. 10, 2. Une femme parfaite et un homme parfait ne doivent pas plus se ressembler d'esprit que de visage. J.-J. R. Emil. 5.

J.-J. R. Nouv. Hél. 1.
Dieu ne créa que pour les sots
Les méchants diseurs de bons mots.

LA F, 8, S. De tristes leçons ne sont bonnes qu'à faire prendre en haine ceux qui les donnent, et tout ce qu'ils disent.

J.-J. R. Emil. 5. Le singe et le pédant sont deux méchantes

bêtes. La F.

Apprends que la seule sagesse
Peut faire les héros parfaits.

J.-B. R. Ode à la Fort.
On dirait des héroïnes PARFAites.

Voilà bon, bonne, bons, bonnes; méchant, méchante, méchants, méchantes; parfait, etc., employés avec des substantifs de même nombre et de même genre. Or, cet accord est toujours inévitable. La suite prouvera qu'il n'est aucune circonstance où l'adjectif ne s'accorde de cette double manière avec son substantif.

PRINCIPE.

L'adjectif, quel qu'il soit, s'accorde toujours en genre et en nombre avec un seul et unique substantif.

Dans les phrases citées, bon ne se rapporte qu'au seul substantif homme, BONNE qu'à soupe, bons qu'aux historiens et à nous; BONNES qu'à histoires ou à leçons. Nous verrons bientôt qu'il est impossible qu'un adjectif puisse se rapporter à plusieurs substantifs.

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