Page images
PDF
EPUB

ART ÉTYMOLOGIQUE.

87

C'est par l'art étymologique

Que, par exemple, on nous explique
Comment au même tronc on rattache fragment,
Frange, fracas, frayer, défrayer, réfringent ;
Comment fragile a pu devenir frêle,

Si c'est par ce chemin que gracilis fit grêle.

Soit la liste alphabétique suivante :

anfractueux, fracas,

fracturer, franger, infractear, refrangibilité, fragile, frangible, infraction, réfringent.

fragilement, fraque, réfractaire,

[blocks in formation]

fractionuaire, fragilité,

fraxinelle, réfracter,

diffraction,

fractionner, fragment,

frayer, réfraction,

fracture, frange,

frêle

effraction,

réfrangible,

Il est impossible de ne pas voir, dans tous les mots de cette liste, une idée principale, comme celle d'une frac-ture quelconque, exprimée par frag, frac, frang, fring; ensuite des idées accessoires dans la partie finale, comme eux, ité, ile, dans anfractueux, anfractuosité, fragile, etc.; ou, dans la partie initiale, comme in, re, dans infraction, réfraction, etc. La partie principale et commune est vulgairement appelée racine ou le radical. A la partie initiale, nous donnerons le nom d'INITIATIF, et à la partie finale, celui de TERMINATIF.

Fracas, fracasser, fragile, etc., manquent d'initiatif. Ces mots commencent par la partie radicale. Mais jamais un mot ne peut être conçu sans finale ou terminatif. Aucun mot ne peut exister à moins de ces deux parties. Lisez les racines latines ou les racines grecques, vous n'y trouverez pas un seul radical employé sans finale. Ce ne sont donc pas des racines proprement dites, mais des mots aussi simples que possibles, c'est-à-dire qui n'ont que le radical et la finale.

Toute liste de mots où règne la même idée principale, comme ceux de la liste anfractueux, forme ce qu'on appèle une famille. Il y a autant de familles que de radicaux.

Pour classer les mots par familles, il faut donc connaître tous les mots, et mettre ensemble tous ceux qui ont un même radical. Un semblable

1888

travail ne peut être ni fait ni jugé que par l'art étymologique, ainsi nommé d'etymon, vrai, et de logein, dire, dire ce qui est vrai.

Mais pour dire de quels mots se compose chaque famille et quelle est la valeur de chaque mot, il faut savoir reconnaître et le radical et les idées accessoires qui servent à l'organiser, c.-à-d. à faire tel ou tel mot. Mais ces parties, tant accessoires que principales, subissent plus ou moins d'altérations qui les rendent plus ou moins difficiles à juger, par exemple dans la famille citée, le radical frag devient frac, frang, fring ou fr.

D'OU 4 SECTIONS :

La première classera les lettres par ordre de ressemblance et de diffé

rence;

La deuxième traitera des altérations des mots;

La troisième des initiatifs;

Et la quatrième des terminatifs.

Aucune table de racines isolées ne peut être donnée. On saura combien il y a de racines ou de radicaux, quand on saura combien il y a de familles, ce qui ne peut être connu qu'après le dépouillement général.

89

Ire SECTION.

DES LETTRES ET DE LEUR CLASSIFICATION.

A l'œuvre on connaît l'artisan. LA F.

D'après la manière ordinaire de compter les syllabes, on en trouve 9 dans ce vers de La Fontaine :

1 2 3 4 5 6 7 8 9

A l'œu-vre on co-nnait l'ar-ti-san.

Dans le fait, le poète n'en compte que huit, à cause de la troisième élidée.

[blocks in formation]

sont visiblement composées de deux éléments, dont le premier, l, c, n, t, s, porte le nom de consonne, et le second (au, o, ait, i, an) celui de voyelle simple, composée ou nasalée.

Mais d et on paraissent sans être précédés d'une consonne et forment pourtant, dit-on, chacun une syllabe. Cette doctrine, quoique presque universelle, a pour premier défaut d'être en contradiction avec l'étymologie; car syllabe, du grec syn et labanein, signifie prendre ensemble. Or comment prendre ensemble une seule chose, la voyelle seule?

Si l'on compare attentivement le premier a (à l'œuvre) avec l'a entendu dans l'artisan, on trouvera qu'il est plus profond et que à est pour hd, h non écrit, représentant la consonne, une consonne du même genre que g ou k, comme on verra plus tard. La voyelle d vient ensuite pour compléter la syllabe ha ou » a; mais dans l'artisan la dernière partie de la syllabe l'a, c'est la consonnel.

Son et syllabe, voilà pour nous deux mots synonymes. Pour faire une syllabe, il faut consonne et voyelle; pour faire un son il faut également consonne et voyelle et dans le même ordre. Par la consonne on aspire l'air, par la voyelle on l'expire; le tout, c'est une syllabe ou un son.

Il n'y a donc point de sons-consonnes ni de sons-voyelles, pas plus qu'il n'y a de ligne sans étendue, sans commencement ou sans fin.

M. Destutt-Tracy, l'un des plus grands penseurs de notre siècle, a démontré jusqu'à l'évidence cette importante vérité, savoir que « toute syllabe ou tout son se compose essentiellement de deux éléments, le premier consonne, le second voyelle.

[ocr errors]

Il y a donc onze syllabes naturelles, onze sons dans le vers: à l'œuvre

1890

on connait l'artisan. Dans la notation, le guillemet figurera la voyelle ou la consonne ellipsée.

Dans la

Dans la 3.

Et la 7°

et la 4 syllabe, c'est la consonne (h) qui est supprimée;

} c'est la voyelle en effet.

[blocks in formation]

ne peuvent sonner qu'autant qu'à leur suite on ajoute une muet faible.

On a coutume de donner le nom de schéva à l'e muet non écrit, tel qu'il se fait entendre 4 fois dans S-t-ra-s-bou-r-g, comme si l'on écrivait Se-te-ra-ce-bou-re. Par analogie, nous donnons un nom à la consoune nou écrite qui sonne dans toutes les syllabes où ne figure que le premier élément, et ce nom est heva. Ainsi il y a un héva dans » â.me, deux dans » adieu, trois dans » a» éri» en, comme s'il y avait hâme, hadiheu, haherihen.

TABLEAU DES CONSONNES.

La consonne, quelle qu'elle soit, ne pouvant se faire entendre sans voyelle, nous la montrerons dans la syllabe. Si par la pensée on en retranche le second élément, il ne restera que le signe pur de la consonne.

[merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors]

(1) m et n sont aussi des lettres nasales; gn, comme comme dans a-gn-eau, est appelé a mouillé.

(2) Il y a un , comme dans per-il, a-il, qui prend le nom de / mouillé.

« PreviousContinue »