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1841 Elle est identique dans les vers sui- Elle n'est qu'équivalente dans les

1842

vants :

Une grenouille vit un bou-f

Qui lui sembla de belle ta-ille.

Elle qui n'était pas grosse en tout comme un

œu-f,
Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se trava-ille
Pour égaler l'animal en grosseur;

Disant: Regardez bien, ma sœur...

vers suivants :
Autrefois le rat de vi-lle
Invita le rat des cham-ps,
D'une façon fort civi-le

A des reliefs d'ortolan-s. LA F.
La louange chatouille et gagne les espri-ts,
Les faveurs d'une belle en sont souvent le pri-r.
Le pauvre Trufaldin l'a retenue, et tro-is,
Quand nous serons à dix, nous ferons une
croix,

Et quand un homme voit d'autres hommes
parfoi-s

Qui veulent dans sa soupe aller tremper leurs doi-gts....

Il y a identité de son, et son unique dans amps, ans, de champs et d'or. tolans, dans its, ix, d'esprits et de prix; mais avec am, an, on a déjà le son an, avec i seul, le son i. Les consonnes ajoutées sont donc placées à la suite de la dominante et peuvent être appelées subdominantes.

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On voit que la prédominante peut être une voyelle ou une consonne. On sait qu'il n'en est point ainsi de la dominante, qui est toujours un son voyelle.

Nous allons examiner quelles sont les dominantes qui exigent ou qui n'exigent pas l'appui de la prédominante.

MONOSYLLABES.

1843 Rappèlerai-je encor le souvenir affr-eux

Et que peut-il penser, lorsque dans une rue, Du jour qui dans les fers nous jeta tous les Au milieu de Paris, il promène sa v-ue! d-eux? RAC. Iph. 2, 1.

cr-i

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Qui tous deux pleins de joie, en jetant un grand | Partez, séparez-vous de la triste Aric-ie,
Mais du moins en partant assurez votre vie.
RAC. Phedre, 5, 1.
Et pour surcroit de maux un sort malencon- Souffrez que loin du camp et loin de votre

Avec un rouge bord acceptent le déf-i. Bor.

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Conduit en cet endroit un grand troupeau de Toujours infortunée et toujours inconn-se.

b-œufs. BOIL.

RAC. Iphig. 3,4

RÈGLE GÉNÉRALE. Les monosyllabes ont toujours le privilége de rimer sans prédominante; on voit que sans ce privilège les rimes ci-dessus seraient défectueuses.

Maintenant nous allons examiner par ordre alphabétique les dominantes, qui ont besoin de l'appui de la prédominante. C'est la prédominante que nous affecterons du caractère italique.

844 C'était, mes chers amis, le superbe Abda-l-a, Pour corriger l'église envoyé par A-ll-a.

VOLT.

A.

Aussitôt fait, l'animal rima-ill-a
Monta sa vielle et Rabelai pi-ll-a.

Dans la seconde colonne, lest mouillé, et c'est ill, et ll dans la seconde. La rime suivante manque donc de prédominante.

Les lâches sont cruels, le moine conse-ill-a
De faire au pied du mur empaler Abda--a.

Car il est mouillé dans conseilla, เ d'Abdal d'Abdala, ne l'est point.

Cette rime est donc sans prédominante; les poètes se contentent souvent de la dominante a, quand dans les deux vers ou dans l'un des deux, le mot est un nom propre. Mais si les deux vers finissent par des verbes, ils s'affranchissent rarement de la prédominante.

Bénignement elle vous recev-r-a

Et sans délai justice se fe-r-a. VOLT.

En reproches elle écla-t-a,
Macare en riant la qui-tt-a. VOLT.

AB, AC, AD, AF, AG.

1845

Ces rimes sont peu nombreuses et n'exigent pas la prédominante.

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1847

1848

1849

1850

n-ail,

Le héros des nochers divisa le trav-ail.

Du nom de dictateur, du nom de génér-al,
Qu'importe si des deux le pouvoir est ég-al?

AL.

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(dominante a, subdominante il) rime suffisamment sans prédominante.

Al rime bien sans prédominante, a est
la dominante, I la subdominante.
AM prononcé AM comme dans Bala-a-m.

Cette finale est très-rare, et rime bien sans prédominante.
AP sans prédominante.

Auriez-vous quitté le nect-ar
D'Ai, d'Arbois et de Pom-ar? GRESSET.

AR.

Cette finale n'a guères que des noms propres, Amilc-ar, Escob-ar, etc. et rime très bien sans prédominante.

1851

ARD, ART.

Tout dépend du destin qui, sans avoir ég-ard, } Cette finale est assez sonore pour rimer
Les faveurs et les biens en ce monde dép-art. sans prédominaute. La subdominante
REGNIER. est rd et rt, c'est-à-dire équivalente.

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1852 Je sais qu'ils ont brillé dans le fameux com

1853

b-at,

Où sous l'un des Valois, Enghien sauva l'ét-at.

AS.

AT.

Les poètes sont en possession de faire rimer le son as pr-á avec a s, où le s est

sonore.

Dans attent-ats et clim-ats, il y a identité, avec frim-as il y aurait homonymie ou équivalence.

Combats et états rimeraient également. Ils rimeraient avec frimas, trépas, etc.

É..... és.

Tout poème est brillant de sa propre beau-t-é, | Ses ouvrages, tout pleins d'affreuses véri-t‐és,
Le rondeau né gaulois a la naïve-t-é. BOIL. Etincelent partout de sublimes beau-t-és.

Ée, é-es.

Et j'aime mieux le voir sous un autre hymé- | Je suis jeune, il est vrai, mais aux âmes bien

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Que si contre son vœu sa foi m'était do-nn-ée. La vertu n'attend pas le nombre des a-nn-ées. Dans n-ées et a-nn-ées, la dominante est é, la subdominante es, et la prédominante n. Nées n'étant compté que comme monosyllabe, n'avait pas besoin de la subdominante et aurait pu rimer avec poupées, veillées, etc.

Er, ers prononcé é.

N'allez pas sur des vers sans fruit vous consu

m-er,.

1854
Ni prendre pour génie une ardeur de ri-m-er.

1855

BOIL.

Villon sut le premier dans les siècles gros

s-i-ers

Débrouiller l'art confus de nos vieux romanc-i-ers. Boд.

Dans les deux derniers vers la rime est riche, car elle a non-seulement la prédominante i, mais encore ss et c, consonnes homonymiques.

È, ès.

Le vieillard de ses soins bénit l'heureux succès,
Et sur un bois détruit bâtit mille procès.

Le son é seul n'est jamais final.
Ès est un son trop plein pour

BOIL.) besoin de prédominante.

avoir

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858.

859

Que fesais-tu dans le jardin d'Eden?
Cultivais-tu les doux fruits de l'hymen?

Le croirez-vous? ce jeune asmon-é-en
Sait le latin, l'hébreu, le chald-é en?

El, els.

En.

VOLT.

Les Cromwells et criminels rimeraient également bien sans prédominante.

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É-en.

É-en ne rime bien qu'avec éen, é y fait fonction de prédominante.

I-en.

Ennemi des talents, des arts, des gens de Ien, même dans les monosyllabes, ne
Ils se sont faits dévots de peur de n'être r-i-en. (rime bien qu'avec lui-même.

b-i-en,

Er, pron. e-r.

Le ciel échut à Jupiter,
A Neptune la mer, et Pluton eut l'enfer.

Et l'autre, l'appuyant de son aigre fausset,
Semble un violon faux qui jure sous l'archet.
BOILEAU.

ET.

Er ouvert rime sans prédominante. Il est bien entendu qu'il rime aussi de même avec ses homonymes air, etc.

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Racine, Boileau, Molière, ne font rimer eur qu'avec la prédominante, consonne ou voyelle.

La Fontaine, Delille, etc., ont souvent négligé de vaincre cette difficulté.

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Cette rime est si abondante que les auteurs les plus libres l'appuient presque toujours sur la prédominante.

I, is, ie.

1861 Ils rentrent, l'oiseau sort; l'escadron affer-m-i, | Alidor, dit un fourbe, il est de mes a-m-is; Rit du honteux départ d'un si faible enne-m-i. Je l'ai connu laquais avant qu'il fut co-mm-is.

BOIL.

BOIL.

On trouve très peu d'exemples de rimes en i, is, sans prédominante.

O vieillesse enne-m-ie,

La rime féminine ie est soumise à la

N'ai-je donc tant vécu que pour cette infa- Smême loi que la dominante i.

m-ie?

Cependant il ne manque pas d'exemples de 1E, rimant plus faible

ment.

La Fontaine et Voltaire, etc., se sont souvent dans cette rime affranchis de la prédominante.

Le cheval s'apperçut qu'il avait fait fol-ie,
Mais il n'était plus temps, déjà son écur-ie
Etait prête et toute bât-ie. LA F.

Les petites-maisons, où toujours j'étud-is,
Valent bien la Sorbonne et la théolog-ie.
VOLT. Les deux Siècles.

IB, IC, ID.

Ces finales sont si rares qu'elles riment sans prédominante.

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