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Sens divisé pour le sens composé.

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C.-à-d. toujours tendre pour ses enfants. Ce dernier est donc pris dans le sens divisé. Car, dans ce sens, père n'exprime qu'une qualité, qui n'est qu'une partie qui constitue l'idée de père.

C.-à-d. une partie d'Agamemnon vainquit l'autre. Le roi, qui ordinairement se prend dans le sens composé, pour désigner un homme tout entier avec ses diverses qualités, s'emploie ici dans un sens divisé, c.-à-d. pour une partie de ce qui constitue un homme.

C.-à-d. moi, devenu roi de France, je ne venge point les injures qu'on m'a faites lorsque j'étais duc d'Orléans. C'est encore le sens composé pour réveiller l'idée du sens divisé, c.-à-d. encore le TOUT pour la PARTIE.

G.-à-d., ceux qui étaient aveugles voient, etc. Ordinairement tous les noms s'emploient dans le sens composé, et les aveugles signifient ceux qui sont aveugles actuellement et tout ce qui compose leurs personnes.

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Mais quand Saint Matthieu dit : les aveugles voient, les aveugles sont divisés, séparés de leur aveuglement; car en tant qu'aveugles (ce qui serait le sens composé) ils ne voient pas.

Voilà deux moi, cependant je ne suis qu'an. Je me frappe signifie donc qu'une partie de noi-même en frappe une autre. Cependant moi, dans le sens composé, exprime l'idée d'un TOUT. Donc, lorsqu'on l'emploie comme dans je me frappe, pour désigner une partie de moi, on prend le rout pour la PARTIE.

C.-à-d. ce serait la fête de celui que nous appelons diable, mais qui dans cette supposition ne le serait plus. Ainsi dans le dernier vers, diable est pris d'une manière tout-à-fait nouvelle, comme divisé, séparé de sa diablerie, et c'est encore un syntrope.

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Dans le sens composé un mot conserve sa signification à tous égards, dit Dumarsais, au lieu que dans le sens divisé, ce n'est qu'avec restriction ou partiellement qu'il la conserve.

La récusation d'Apelle était plus pi. quante que raisonnable. Un cordonnier, en tant que cordonnier (ce qui est le sens composé) peut juger si un soulier est bien fait et bien peint, mais il peut avoir d'autres lumières. Dans ce cas, il

Apelle, ayant exposé un tableau à la critique du public, un cordonnier critiqua la chaussure d'une figure de ce tableau. Apelle profita de l'avis; mais le lendemain le cordonnier ayant trouvé à redire à une jambe, Apelle lui dit : Cordonnier, ne juge pas au-delà de la chaus-est aussi juge compétent sur d'autres sure; d'où le proverbe latin: Ne sutor ultrà crepidam, que nous traduisons par: Cordonnier, fais ton métier.

points. Il juge alors dans le sens divisé par rapport à son état de cordonnier. Apelle prend le mot cordonnier pour tout l'individu où cette qualité réside. Il prend donc, et à tort, le tour pour la

PARTIE.

$ 2.

DU SYNTROPE, DIT ANTONOMASE.

Antonomase d'anti et onomasis, nom; nom opposé, nom pour un autre, est aussi, comme on va voir, évidemment un syntrope.

Le nom propre pour le nom commun.

Jetez-moi dans les troupes comme un Qu'aucun Fréron n'entre jamais chez moi. VOLTAIRE. simple soldat, je suis Thersite, mettezSes flatteurs à dîner l'appèlent Cicéron, moi à la tête d'une armée dont j'aie à ré-Et Berthier au collège est surnommé Varron. pondre à toute l'Europe, je suis Achille.

LA BRUYÈRE.

Mais sans nn Mécénas à quoi sert un Auguste?
BOILEAU.

Aux temps les plus féconds en Phrynés, en

Laïs,

Plus d'une Pénélope honora son pays.

BOILEAU.

Autant les Aristarques sont utiles, au

C'est un Cicéron.

C'est un Néron.

VOLTAIRE.

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tant les Zoiles sont pernicieux.

C'est un Verrès.

C'est un Séjan.

Je suis Dave, seigneur, et ne suis point OEdi

pc.

Thersite était le plus lâche grec, comme Achille en était le plus brave; telle est du moins l'opinion que nous donne Homère; c'est d'après cela que le premier de ces deux noms propres sert à désigner quelqu'un de très-lâche et le second quelqu'un de très-brave.

L'idée de lâche est inséparablement connexe avec celle de Thersite; on ne peut prononcer ce dernier mot sans réveiller l'idée de lâche.

Appliquez le même raisonnement à tous les exemples semblables.

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Je vais à la ville, j'ai parlé au roi, parlez à monsieur.

Je fournis le maître du logis.

ve.

On peut analyser de même tous les exemples où le nom commun est employé pour le nom propre. Ce qui est toujours, comme on a vu, le TOUT pour la Partie.

CHAPITRE III.

DE L'ÉPITROPE.

On a vu (n° 1784) et l'étymologie et le fondement de ce trope, qui est 1811 toujours un rapport de l'effet à la cause ou de la cause à l'effet. Il comprend ce que les rhéteurs appèlent métonymie, métalepse et lithote. Nous en traiterons en autant de paragraphes.

1312

S1er.

de l'épitrope, DIT MÉTONYMIE.

Metonymie signifie mot au-delà, c'est-à-dire, mot pris au-delà de sa signification ordinaire, de meta au-delà et de onimos, nom

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Cause pour l'effet.

Je vis de mon travail, je vis de ma plume.

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C'est-à-dire je vis du fruit ou produit de mon travail. Or le travail est la cause de ce produit.

C.-à-d. elle portera la peine de son iniquité, ou la peine dont son iniquité est la cause.

la colère de Dieu est la cause.

C.-à-d. elle supportera les effets dont

C.-à-d. le produit, l'effet de mon ouvrage d'aujourd'hui.

est

Selon l'ancienne mythologie, qui nous presque aussi familière qu'aux Grecs et aux Romains, Bacchus est le dieu qui a trouvé l'usage du vin; Cérès est la déesse qui a fait sortir du blé de la terre. Ainsi, prenant la CAUSE pour l'EFFET, on dit BACCHUS pour le vin, CÉRÈS pour le blé. L'amour languit sans Bacchus et Cérés, c'est-à-dire sans vin et sans pain.

On dit, d'après la même analogie, TagMIS pour la justice, CLIO pour l'histoire, MARS la guerre, pour

fers.

PLUTON

pour

les en

C.-à-d. les écrits de Tacite, etc. C'est encore ici la CAUSE pour l'EFFET.

C.-à-d. les livres de Moise et ceux des

prophètes.

C.-à-d. drap de la manufacture de

On dit d'un drap que c'est un Van-Van-Robais, etc., etc.

bais, un Rousseau, un Pagnon.

Voilà un beau Rembrant ; j'ai un grand C-à-d. un beau tableau du peintre Rembrant, des estampes gravées par Calnombre de Callots. lot.

Cet auteur a un beau style.

On dit: Le style sublime, le style tempéré, le style simple, le style grave, le style poétique, le style personnel, le style des notaires, le style du palais, etc.

C.-à-d. une belle manière d'écrire. Les latins écrivaient sur des lames de plomb ou de cuivre, ou sur des tablettes de bois enduites de cire. Pour cela ils se servaient d'un poinçon pointu par un bout, et applati par l'autre. La pointe servait à graver, la tête à effacer. Ce poinçon s'appelait stylus, style; tel est le sens propre de ce mot. On l'a pris ensuite pour signifier la manière d'exprimer ses pensées. C'est la CAUSE instrumentale pour l'EFFET qu'elle produit.

1814

1815

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La Genèse dit de Rébecca que deux C.-à-d, Esau et Jacob, qui devaient être les pères des deux nations.

nations étaient en elle.

Les poètes disent les páles maladies, la pále mort, la triste vicillesse.

Les maladies ne sont point páles, mús elles rendent pâles ceux qui en sont * teints. Dire les pâles maladies, c'est donc attribuer à la cause ce qui ne convient qu'à l'effet. Le même raisonnement s'ap plique à pále mort, triste vieillesse, etc.

Le contenant pour le contenu.

Il aime la bouteille.
Il avala la coupe écumante: Hausit
pateram spumantem.

La terre se tut devant Alexandre.
Livre des Mach.

Toute l'Europe s'est réjouie à la naissance du Dauphin.

C.-à-d. ce qui est contenu dans la bouteille. Or le contenu est ordinairement du vin.

La terre contient, produit, engendre les hommes. La terre se tut devant Alexandre siguifie donc : les hommes de toute la terre se turent devant Alexandre. Et que pouvaient-ils dire à la vue de ce brigand écervelé qui courait luimême à sa ruine?

L'Europe est une partie de la terre qui, comme cette mère universelle, proPhrase citée par DOMARSAIS.duit des hommes, des hommes qui admi

rent, qui se réjouissent très-facilement.

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