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PRONONCIATION.

Je puis faire rimer un paon
Avec le dieu connu que nous appelons Pan.

Je puis aussi, changeant de rime,
Roucouler sur le même ton

Les douleurs d'un sérénissime

Récemment piqué par un taon.

Que veut en effet celui qui étudie la prononciation? Il voit le mot paon, le mot taon, etc. Les caractères lui sont connus, mais il ne sait quels sons leur attribuer. Faudra-t-il qu'il cherche dans le son an pour y trouver paon, et dans le son on pour y trouver taon? Ce serait supposer qu'il sait ce qu'il ignore.

:

Nous dirons donc Fesons d'abord la recherche exacte des signes écrits ; les signes parlės viendront se présenter comme d'eux-mêmes, et pourront être facilement et sûrement énumérés.

Les signes écrits, au nombre de près de trois cents, ne donnent à la prononciation que trente-quatre différences élémentaires, néccessaires à noter, que nous appèlerons éléments phoniques, les unes voyelles, les autres consonnes; c'est par ce tableau que nous commencerons ce traité.

CHAPITRE I

OU TABLEAU PHONOMÉTRIQUE.

ÉLÉMENTS-VOYELLES.

1 a grave, comme dans â-me, a-ffres, br-as.

2 a aigu, comme dans a-c-aci-a.

3 ê grave, comme dans f-e-te, pal-ais, ils lis-aient, etc.
4 e moyen, comme dans fl-e-che, e-sprit, il lis-ait.

5 é aigu, comme dans é-pi, sé-ré-nité, je lir-ai.

6 i, comme dans i-d-i-ot, i-d-y-lle, glac-is, rec-it.

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grave, comme dans 6-ter, o-ser, au-teur.

8 o aigu, comme dans o-pter, rab-ot.

9 u, comme dans b-u-lle, h-u-rl-u-berl-u, ab-us, reb-ut, etc.

10 an, comme dans An-dre, am-poule, en-d-en-té, trid-ent, ete.
11 in, comme dans in-grat, im-pie, m-ain, la f-aim, eto.

12 on, comme dans on-cle, om-bre, c-on-c-om-bre, front, etc.
13 un, comme dans al-un, parf-um, déf-unt, etc.

14 ou, comme dans ou-til, v-ous, etc.

15 eu, comme dans f-eu, affr-eux, etc.

16 e muet, comme dans fé-e, li-e, nu- e, parl-e.

NOTA. Il y a aussi le schéva, ou e muet faible non écrit. (*).

SUITE DU TABLEAU PHONOMÉTRIQUE.

ÉLÉMENTS-CONSONNES.

17 k, q, c, comme dansk-an, c-o-q, c-o-que-li-c-ot.
18 g, comme dans g-ant, g-osier, ambi-g-u, g-uttural.

19 ch, comme dans ch-ant.

20 j, comme dans J-ean.

21 f, comme dans f-an.
22, v, comme dans v-an.
23 m, comme dans m-ain.
24 n, comme dans n-ain.

25 p, comme dans p-ain.
26 b, comme dans b-ain.

(*) NOTA. Un rob et une robe diffèrent par l'orthographe, en ce que dans rob, b est écrit sans voyelle; mais il ne peut se prononcer qu'à l'aide d'un e muet que la voix supplée. C'est cet e muet non écrit qu'on a appelé schéva. On sait aussi que toute syllabe commence essentiellement par une consonne. Ainsi, dans ami, il faut suppléer l'héva ou l'h, signe de l'aspiration faible.

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27 r, comme dans rh-in, r-eins, ca-rr-é.
28 1, comme dans l-in, ma-l-in, Marce-ll-in.

29 s, comme dans s-ein, c-in-tre.

30 z, comme dans z-in-z-olin, ro-s-e, etc.

31 t, comme dans t-eint, th-ym.

32 d, comme dans d-inde.

33 ill, il, comme dans mou-ill-er, il mou-ille, a-il.

(34 gn, comme dans a-gn-eau, cy-gne. Voir la note, Page suivante.

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CHAPITRE II.

Distinction de quelques voyelles en longues et en brèves.

Les expirations ou voyelles e, i, u, eu et ou, sont plus ou moins longues, sclon les mots où elles se trouvent, mais cet accident no change point la nature de cette circonstance du son.

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C'est toujours la même action de l'instrument vocal, mais prolongée. Il n'en est pas ainsi des deux a, des deux premiers e et des deux o. Pour prononcer l'a d'âme, il ne suffirait pas de prolonger indéfiniment l'action de l'instrument vocal, en cette sorte: a-a-me; car la longueur ou le prolongement ne change point l'a aigu en a grave.

Il en est de même des numéros 3 et 4, c'est-à-dire de l'e très grave et de l'e grave moyen. Ce sont des valeurs phoniques essentiellement différentes, et qui ont dû être notées.

Il y a une partie de la prononciation qu'on appèle prosodie. D'après la nouvelle analyse du son, ses attributions deviennent très-bornées. Les longues et les brèves, prises dans ce sens restreint, sont seules de son ressort. Nous en traiterons dans le chapitre VI.

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CHAPITRE III.

LES CHIFFRES

Sont le meilleur moyen de noter la prononciation.

Prendre les 300 caractères graphiques, et, parmi eux, en choisir 34 pour représenter d'une manière constante et incommunicable nos 34 éléments phoniques, c'est se jeter dans l'arbitraire; car pourquoi privilégier ces 34 caractères aux dépens des autres? (1).

Et puis, lorsque, d'après cette adoption, on figurera, par exemple, Adam, à mon dam, un trident, par Adan, à mon dan, un tridan, il arrivera toujours deux choses; la vue sera trompée et choquée. Il faut donc renoncer à noter la prononciation par des signes écrits pris dans la langue qu'on

note.

Ce moyen, vraiment cacographique, serait encore plus inadmissible, s'il s'agissait d'un alphabet phonométrique qui dût servir à comparer plusieurs langues..

Il faut donc renoncer à noter la prononciation par des lettres quelconques. Quels que fussent d'ailleurs les caractères qu'on pourrait créer, ils auraient le défaut d'être créés, d'exiger par cela même de nouvelles fontes, et de n'offrir presque aucun espoir d'être adoptés. Les chiffres satisfont à tout, applanissent tous les obstacles. Nous disons plus. Les chiffres seuls peuvent noter la prononciation; car les valeurs phoniques ne peuvent jamais être nommées, parce que, comme on l'a vu, elles n'expriment qu'une circonstance du son, et qu'il n'y a point de son qui ne réunisse les deux circonstances; elles ne peuvent donc être que numérotées.

Le tableau phonométrique une fois établi, nous allons en faire l'appli cation à tous les mots de notre langue. D'un côté nous réunirons, par ordre alphabétique, tous les mots isolés qui ne peuvent se rapporter à aucune analogie, et, de l'autre, le nombre nécessaire de mots-règles, d'après lesquels devront être jugés tous les autres mots. Ces deux dictionnaires feront le sujet du chapitre IV et du chapitre V.

NOTA.

Pour n'avoir qu'un seul chiffre à chaque élément phonique, nous avons pris les neuf chiffres, chacun quatre fois, savoir:

(1) Rigoureusement on pourrait inscrire parmi les éléments-consonnes les trois sortes d' comme dans haine, habit, ami, ou l'h aspirée, l'h nulle, et l'h non écrite.

Le scheva ou e muet non écrit est aussi un élément phonique, mais on verra qu'il serait inn» tile de figurer ces 4 éléments dans la prononciation.

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