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1699

On a vu, dans la colonne observations, que la virgule aurait pu remplacer la parenthèse. Il est évident aussi que si l'on retranchait de la phrase ce qui est contenu entre deux crochets, on aurait sans ponctuation intérieure :

Quelques-uns ont écrit que chacun d'eux devint statue, etc.

Mais un fripon d'enfant prit sa fronde, etc.

Que servirait donc, dans les passages cités, la virgule placée avant ou après la parenthèse? Serait-ce pour marquer qu'il y a dans la phrase quelque chose d'intercalé? Mais la parenthèse suffit pour cette indication. Elle n'y pourrait donc être qu'un contre-sens; elle annoncerait une coupe qui n'existe point.

Quelques-uns ont écrit (mais ce fait est peu sûr)

Que chacun d'eux devint statue.

Otez le contenu de la parenthèse, il restera quelques-uns ont écrit que chacun d'eux devint statue.

Lorsque, le contenu de la parenthèse étant ôté, la phrase est indivisible, Didot semble s'être fait un principe; il se contente de la parenthèse, et ne met avant ou après elle aucun signe de ponctuation.

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Mais lorsque, le contenu de la parenthèse étant ôté, ce qui la précéde, et ce qui la suit est divisible;

Faut-il se borner à la parenthèse ?

Ou faut-il mettre un signe de ponctuation devant la parenthèse?
Ou faut-il le mettre après ?

Ou le faut-il mettre avant et après ?

Ou le faut-il mettre dans la parenthèse ?

RÉPONSE.

Il n'y a qu'un parti qui soit sûr; c'est d'être conséquent. Qu'est-ce que la parenthèse? c'est, dit l'Académie, une phrase formant un sens distinct et séparé de celui de la période où il est inséré.

Ainsi, lorsque, dans une phrase ou période, il y a une parenthèse, il

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faut agir comme si le contenu de la parenthèse avait disparu, et ponctuer comme si de fait il n'y avait point de parenthèse.

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Au plus fort du combat le chapelain Caragne, Au plus fort du combat atteint d'un CharleVers le sommet du front atteint d'un Charle

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magne,

Tout prêt à s'endormir, bâille et ferme les yeux.

On voit, par les deux derniers exemples, que la parenthèse peut être terminée par le point interrogatif ou par le point exclamatif. La raison est facile à concevoir; c'est que ni l'un ni l'autre de ces points n'appartient à l'ordre graduel..

Dans toute autre circonstance, la fin de la parenthèse est assez marquée par le crochet qui la ferme.

D'OÙ CES DEUX CONSÉQUENCES:

1. Toute ponctuation graduelle ou non graduelle placée après la fermeture de la parenthèse est vicieuse;

2o. Jamais le contenu d'une parenthèse ne peut être terminé par un signe de la ponctuation graduelle.

Nous disons graduelle. On a vu que le point exclamatif et le point interrogatif peuvent terminer la parenthèse.

DIDOT

On conte qu'un serpent, voisin d'un horloger (C'était pour l'horloger un mauvais voisinage),

Entra dans sa boutique... La F. 5, 16.

a donc péché contre la première règle en ponctuant ainsi les passages suivants : La peste (puisqu'il faut l'appeler de ce nom), Capable d'enrichir en un jour l'Acheron, Fesait aux animaux la guerre. Mes chers enfants, dit-il (à ses fils il parlait), Voyez si vous romprez ces dards liés ensemble. LA F. 4, 18.

LA F. 7, 1.

Mon but est seulement de dire, à ma manière,
Comment l'aveugle que voici.
(C'est un dieu), comment, dis-je, il perdit la
lumière. LA F. 12, 14.

Bien affligé de manquer cette somme
(Car les trois fois l'empêchaient d'espérer
Que Belphegor se laissât conjurer),
Il la refuse.

LA F. Belph.

1703

» qu'on veut faire remarquer; l'écriture les désigne par trois, quatre, > cinq ou six points, selon le degré d'emphase que ces morceaux exigent.»

Ainsi, voilà un nouveau procédé pour quintessencier, pour graduer le sentiment. Chaque auteur, selon qu'il est affecté, ou qu'il veut qu'on le soit, pourra noter trois ou quatre, ou même dix à vingt degrés d'emphase. Cette nouvelle langue était complètement ignorée de Boileau, de Racine, de Bossuet, qui ne savaient marquer la force des idées que par celle du style et des expressions.

Guillemets (« »).

Ce signe, qui paraît assez ressembler à des guillochis, sert à distinguer du récit ordinaire un discours cité. On met un guillemet ouvrant devant le premier mot, et un guillemet fermant au commencement de chaque ligne, et après le dernier mot.

Flechier peint ainsi Louis XI:

e prince, toujours soupçonneux» de tout le monde, il craignit tout le et toujours inquiet, traînait dans une ⚫ monde aussi. Il avait la mort sans cesse triste retraite les misérables restes devant les yeux; quelque habile qu'il ■ d'une vie qu'il avait passée à troubler » fût en l'art de feindre, il ne put dissi

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» les autres et à s'inquiéter lui-même. » muler sa faiblesse. »

D

Dieu permit qu'après s'être fait craindre

M. ROYER-COLLARD, dans une de ses opinions:

Il s'agit véritablement de savoir si la société appartient aux fonction» naires, ou si les fonctionnaires appartiennent à la société... Si vous » décidiez qu'il n'est point permis de dire la vérité sur les actes de la puis»sance publique, de dire qu'elle a fait ce qu'elle a fait, qu'elle a dit ce » qu'elle a dit, par cela même vous décideriez que la société ne s'appar» tient point à elle-même, qu'elle est possédée par les fonctionnaires, et » qu'elle est inféodée comme un territoire. »

On lit dans le traité de l'économie politique, par M. SAY, le passage suivant:

Si les apprentissages étaient un moyen d'obtenir des produits plus » parfaits, les produits de l'Espagne vaudraient ceux de l'Angleterre. » N'est-ce pas depuis l'abolition des maîtrises et des apprentissages forcés que la France a réussi à atteindre des perfectionnements dont elle » était bien loin avant cette époque?

"

Les vers cités dans la prose en sont assez distingués par eux-mêmes, et ne se font point précéder par des guillemets. Si donc nous voulons orner notre livre en y consignant un fragment de l'immortel dithyrambe de M. Nodier (*), il nous suffira de le transcrire en cette sorte :

(*) La Napoléone.

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Qu'une foule pusillanime

Brûle aux pieds des tyrans son encens odieux;
Exempt de la faveur du crime,

Je marche sans contrainte et ne crains que les dieux.
On ne me verra point mendier l'esclavage,

Et payer d'un coupable hommage

Une infâme célébrité.

Quand le peuple gémit sous sa chaîne nouvelle,

Je m'indigne d'un maître, et mon âme fidèle
Respire encor la liberté.

Mais si les vers cités étaient encadrés dans d'autres

redeviendraient récessaires.

vers, les guillemets

M. RAYNOUARD, dans les états de Blois, fait parler ainsi le fougueux Bussy:

Je m'écriais, et tous répétaient à la fois :

Le ciel éteigne ainsi la race des Valois!»
Que j'aime à contempler l'approche de l'orage!
Je sens, à son murmure, agrandir mon courage.

Signes d'interlocution, (=), ( || ).

L'homme sourd à ma voix, comme à celle du

sage,

Ne dira-t-il jamais? C'est assez, jouissons.
Hâle-toi, mon ami, tu n'as pas tant à vivre.
Je te rebats ce mot, car il vaut tout un livre.
Jouis. Je le ferai.
=
Mais quand donc ?=
Dès demain.

=

Si tant de mères se sont tues,

Que ne vous taisiez-vous aussi !=
Moi, me taire! moi, malheureuse!
Ah! j'ai perdu mon fils! Il me faudra traîner
Une vieillesse douloureuse!
Dites-moi, qui vous force à vous y condam

=

ner?=

Hé! mon ami, la mort te peut prendre en che-Hélas! c'est le destin qui me hait. || Ces pa

min. =

roles

Jouis dès aujourd'hui, LA F. 8, 17. Ont été de tout temps dans la bouche de tous.
LAF. 10, 11.

Nous distinguons deux sortes de traits d'interlocution, l'horizontal et le vertical : c'est la même figure tournée différemment. Le premier s'emploie dans le dialogue, à la place des dit-il, reprit-il, etc., pour annoncer un changement d'interlocuteur. Le second annonce que le dialogue est fini, et que c'est l'auteur qui reprend la parole. Ces deux signes sont de la plus grande utilité, soit pour la brièveté, soit pour la clarté du dis.cours. Combien ils faciliteraient l'intelligence de plusieurs ouvrages anciens, notamment des satires et des épîtres d'Horace!

Voyez, surtout dans l'édition stéréotype de La Fontaine, le bon effet qu'ils produisent. Nous regretons qu'on y ait quelquefois oublié le trait

vertical.

Il n'est pas difficile de comprendre pourquoi il convient de former l'un et l'autre signe par un double trait plutôt que par un trait simple.

1705

CHAPITRE XII.

DES LETTRES CAPITALES ou MAJUSCULES.

Un astrologue un jour se laissa choir
Au fond d'un puits. On lui dit : Pauvre bête,
Tandis qu'à peine à tes pieds tu peux voir
Penses-tu lire au-dessus de ta tête? LA F.

On pourra voir la Seine à la saint Jean glacée.
Arnaud à Charenton devenir huguenot,
Saint-Sorlin janséniste, et Saint Pavin bigot.

On voit une capitale :

1o, Au commencement de chaque vers, 2° Après le point graduel, c'est-à-dire au commencement d'une phrase,

3o. Après les deux points employés pour annoncer un discours.

4° Au commencement d'un nom propre.

Mais, dira-t-on, comment ce chapitre se rapporte-t-il à la ponctuation? Qu'est-ce que ponctuer? C'est séparer par des signes. La capitale dans ses différents cas est aussi un signe de séparation, des vers d'avec la prose, d'une phrase d'avec une autre, du nom propre d'avec le nom commun. Les trois premiers emplois sont toujours sans difficulté; il n'en est pas de même du quatrième.

Ecrivez avec la capitale:

Le lendemain Thisbé sort et prévient
Pyrame.

Louis Philippe voyage.

Un envoyé de Sélim préférait un jour chez Joseph Sicard....

Je vais à Saint Germain, je demeure faubourg Saint-Germain.

Ecrivez sans capitales:
La bergère sort et prévient le berger,

Le roi voyage.

Un envoyé du grand seigneur Préférait, dit l'histoire, un jour chez l'empe reur,

Les forces de son maître à celles de l'empire.
LA F. 1, 12.
Vous savez que saint Germain est notre
patron.

Les chiens de Saint-Médard s'élancent sur Sans doute il aura lu dans son saint Augustia:
Qu'autrefois saint Louis érigea le lutrin. ·
BOILEAU, Lutr. §.

leur proie. VOLT.

Il faut remarquer que dans la première colonne le tiret assemble les deux mots pour en faire un nom propre, et que dans la seconde coloune saint reste isolé et ne fait point partie du nom propre.

LA CIGALE ET LA FOURMI.

La cigale ayant chanté...

La foarmi n'est point prêteuse.

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