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1 La Fontaine et Barbou, après çe pre

A ces mots, le corbeau ne se sent pas de joie; mier vers, mettent deux-points. Cepen

Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.

Le renard s'en saisit, et dit : mon bon

sieur,

Apprenez que tout flatteur

Vit aux dépens de celui qui l'écoute.

dant il n'y a dans la phrase que division et subdivision.

Ici les deux points sont employés extra. mon-ordinairement pour annoncer ce qui va

être dit.

Tous les mots des deux derniers vers sont invinciblement inséparables.

La Fontaine et Barbou n'ont mis que

Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute, le point, cependant sans doute est unc partie séparable.

Le corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait
plus.

La Fontaine et Barbou ont écrit le corbeau honteux et confus jura, cependant honteux et confus est une partie séparable. On aurait pu dire le corbeau jura.

S'il y avait eu dans l'avant-dernier vers le corbeau, honteux, confus, jura, etc., il y aurait eu une virgule entre ces deux mots, mais et étant ici comme la virgule un signe d'énumération, et a pu remplacer la virgule. Cependant lorsque la partie séparée a quelque étendue, on emploie simulta nément les deux signes et et la virgule. Le renard s'en saisit, et dit, etc. (Voir ci-dessus. )

Ce sont ces distinctions plus ou moins subtiles qui maintiendront l'anarchie dans la ponctuation. Heureusement que ces divergences ont peu d'importance pour le résultat.

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On a vu, dans la colonne observations, que la virgule aurait pu rempla cer la parenthèse. Il est évident aussi que si l'on retranchait de la phrase ce qui est contenu entre deux crochets, on aurait sans ponctuation inté

rieure :

Quelques-uns ont écrit que chacun d'eux devint statue, etc.

Mais un fripon d'enfant prit sa fronde, etc.

Que servirait donc, dans les passages cités, la virgule placée avant ou après la parenthèse? Serait-ce pour marquer qu'il y a dans la phrase quelque chose d'intercalé? Mais la parenthèse suffit pour cette indication. Elle n'y pourrait donc être qu'un contre-sens; elle annoncerait une coupe qui n'existe point.

Quelques-uns ont écrit (mais ce fait est peu sûr )

Que chacun d'eux devint statue.

Otez le contenu de la parenthèse, il restera quelques-uns ont écrit que chacun d'eux devint statue.

Lorsque, le contenu de la parenthèse étant ôté, la phrase est indivisible, Didot semble s'être fait un principe; il se contente de la parenthèse, et ne met avant ou après elle aucun signe de ponctuation.

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Mais lorsque, le contenu de la parenthèse étant ôté, ce qui la précéde, et ce qui la suit est divisible;

Faut-il se borner à la parenthèse ?

Ou faut-il mettre un signe de ponctuation devant la parenthèse?
Ou faut-il le mettre après ?

Ou le faut-il mettre avant et après ?

Ou le faut-il mettre dans la parenthèse?

RÉPONSE.

Il n'y a qu'un parti qui soit sûr; c'est d'être conséquent. Qu'est-ce que la parenthèse? c'est, dit l'Académic, une phrase formant un sens distinct et séparé de celui de la période où il est inséré.

Ainsi, lorsque, dans une phrase ou période, il y a une parenthèse, il

0

faut agir comme si le contenu de la parenthèse avait disparu, et ponctuer comme si de fait il n'y avait point de parenthèse.

On écrira donc :

AINSI

Avant midi, dans l'antre de Procope,
(C'était le jour où l'on donnait Mérope)
Je m'accostai d'un homme à lourde mine.
VOLT. Pauvre Diable.

Les reines des étangs, grenouilles je veux dire,
(Car que coûte-t-il d'appeler
Les choses par noms honorables?)
Contre leur bienfaiteur osèrent cabaler.

LA F. 12, 24.

Car la parenthèse étant retranchée, on
écrirait :

Avant midi, dans l'antre de Procope,
Je m'accostai d'un homme à lourde mine.

Les reines des étangs, grenouilles je veux dire,
Contre leur bienfaiteur oserent cabaler.

Au plus fort du combat le chapelain Caragne, Au plus fort du combat atteint d'un CharleVers le sommet du front atteint d'un Charle

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magne,

Tout prêt à s'endormir, bâille et ferme les yeux.

On voit, par les deux derniers exemples, que la parenthèse peut être terminée par le point interrogatif ou par le point exclamatif. La raison est facile à concevoir; c'est que ni l'un ni l'autre de ces points n'appartient à l'ordre graduel.

Dans toute autre circonstance, la fin de la parenthèse est assez marquée par le crochet qui la ferme.

D'OÙ CES DEUX CONSÉQUENCES:

1. Toute ponctuation graduelle ou non graduelle placée après la fermeture de la parenthèse est vicieuse;

2o. Jamais le contenu d'une parenthèse ne peut être terminé par un signe de la ponctuation graduelle.

Nous disons graduelle. On a vu que le point exclamatif et le point interrogatif peuvent terminer la parenthèse.

DIDOT

a donc péché contre la première règle en ponctuant ainsi les passages suivants : La peste (puisqu'il faut l'appeler de ce nom), | On conte qu'un serpent, voisin d'un horloger Capable d'enrichir en un jour l'Acheron, (C'était pour l'horloger un mauvais voisinage), Entra dans sa boutique... La F. 5, 16.

Fesait aux animaux la guerre.

LA F. 7, 1.

Mes chers enfants, dit-il (à ses fils il parlait),
Voyez si vous romprez ces dards liés ensem-

ble. LA F. 4, 18.

Mon but est seulement de dire, à ma manière,

Comment l'aveugle que voici. (C'est un dieu), comment, dis-je, il perdit la lumière. LA F, 12, 14.

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Dans toutes ces phrases, le texte de la parenthèse étant supprimé, il faudrait une virgule après peste, après horloger, après dit-il, après voici, après somme. Pourquoi donc ne la pas mettre immédiatement après ces mots? Pourquoi la transposer après la parenthèse, où elle n'est plus qu'une indication tardive?

On est d'autant plus étonné de voir Didot renvoyer ainsi la ponctuation que souvent il la place avant la parenthèse (*).

AINSI DIDOT

a péché contre la seconde règle, en ponctuant dans les passages suivants la fin de la parenthèse :

Mais si j'avise un visage sinistre,
Un œil de porc à la terre attaché,
Miroir d'une âme à ses remords en proie,
Toujours terni, (de peur qu'on ne la voie,)
Sans hésiter, je vous déclare net
Que ce magot est Tartuffe ou Vernet.

VOLT. L'Hyp.
Ainsi quand Richelieu, revenant de Mahon,
(Qu'il avait pris pourtant en dépit de l'envie:)
Partout sur son passage il eut la comédie.
On lui battit des mains encor plus qu'à Clairon.

VOLT. Contes en vers:

Notre aigle apperçut d'aventure,
Dans les coins d'une roche dure,
Ou dans les trous d'une mâsure,
(Je ne sais pas lequel des deux,)
De petits monstres fort hideux,
Rechignés, un air triste, une voix de mégere.
LA F.5, 18.

Le point (.), mis à la fin d'une parenthèse, ne dit pas plus que le crochet lui-même qui la termine: car une phrase ne peut pas être plus que finie. Les deux-points, ou tout autre signe subalterne, annoncent une suite qui n'existe point, puisque la phrase enclose finit avec la paren

thèse.

Il faut les ménager, ces rencontres sont rares.
(Ainsi s'excusent les avares. )

Voilà une ponctuation bien singulière! Elle est encore de Didot.

D'abord elle est close ou terminée deux fois, et par le crochet et par un point. Et puis ici le mot parenthèse est en défaut; car on a coutume d'entendre par-là une phrase enfermée, insérée dans une autre, et celle-ci est une phrase isolée, indépendante.

Après tout ce que nous avons dit, qu'est-il besoin de prouver l'utilité, la nécessité de la ponctuation?

(*) Aux exemples cités, où Didot place convenablement la virgule, nous ajouterons les sui

vants :

Les amants sont toujours de légère croyance ;

S'ils pouvaient conserver un rayon de prudence,

(Je demande un grand point, la prudence en amour)

Ils seraient aux rapports insensibles et sourds. La F. Les Filles de Mince.

N'est-il pas évident qu'elle conduit et soulage le lecteur? que, sans elle, il serait souvent impossible de distinguer les bornes du sens, et que le discours serait une espèce d'énigme toujours pénible, et quelquefois indéchiffrable? Quel brandon de discorde ne jeta pas, dans le monde chrétien, Pie V, en y fulminant une bulle non ponctuée, dont on expliquait un passage dans un sens hérétique, ou dans le sens orthodoxe, en le supposant avec ou sans virgule! On sait que le lâche Fairfax, l'un des juges de Charles II, avait eu soin de ne pas ponctuer son opinion, afin de pouvoir l'interpréter selon les circonstances. Ne sait-on pas qu'en général les oracles de l'antiquité n'étaient obscurs que par défaut de ponctuation? Si nous ne craignions qu'on n'abusât des lumières que nous pourrions donner ici, nous ferions voir combien, dans la vie civile, il est important de vérifier la ponctuation de tous les écrits qu'on signe.

CHAPITRE XI.

DES POINTS SUSPENSIFS, DES GUILLEMETS, DES SIGNES
D'INTERLOCUTION.

Points suspensifs, (...)
702 Nous usons ainsi des points suspensifs.
Montre-lui cet écrit, qu'elle tremble, et soudain |
De cent coups de poignard que l'infidèle meu-

re.

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Decent coups de poignard que l'infidèle meure. Mais avant de frapper... Ahl cher ami demeu- Mais avant de frapper... Ah! cher ami de

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chrétien

Demeure, il n'est pas temps. Je veux que ce Demeure, il n'est pas tems. Je veux que ce chrétien, Devant elle amené... Non, je ne veux plus Devant elle amené... Non... JE NE VEUX PLUS

RIEN...

rien. Je me meurs, je succombe à l'excès de ma ra- Je me meurs... Je succombe à l'excès de ma ge. rage.

Les points suspensifs servent pour marquer une interruption dans le sens. Tous leur accordent cet emploi, et la raison veut qu'il soit le seul. Autrement ce serait un signe équivoque, comme il est aisé de le voir par la ponctuation ci-dessus de Pierre Didot.

Ces points doivent toujours être en même nombre, car comment distinguer du plus ou du moins dans une interruption?

Ils doivent être trois, ni plus ni moins. Deux points seraient à peine perceptibles, trois le sont autant qu'il le faut.

Selon Domergue, « il est des morceaux de sentiment ou de force

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