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1657

Cette dernière phrase, qui est de Voltaire, n'est pas heureuse. L'idéologie en est mauvaise, et la construction pleine de défauts. Si en effet, de toutes les expositions, celle d'Othon peut passer pour la plus belle, comment celle de Bajazet lui serait-elle supérieure? Cette pensée est dans le goût de ces vers de la Joconde du duc de Bouillon:

Sire, je crois que le soleil

Ne voit rien qui lui soit pareil,
Excepté mon frère Joconde,

Qui n'a point de pareil au monde.

Il y a peu de pièces qui commencent plus heureusement que CELLE-CI : Je crois même que de toutes les expositions, celle d'Othon....

Sans le titre du commentaire, Remarque sur Othon, on croirait qu'Othon est une autre pièce que celle dont l'auteur vient de dire: Il y a peu de pièces qui commencent plus heureusement que celle-ci.

D'un autre côté, voilà un celle (celle-ci) qui se rapporte à pièce, et un celle qui se rapporte à exposition.

Je ne connais que l'exposition de Bajazet présente une répétition qui est aussi extrêmement pénible. Cette phrase de Voltaire est donc tout à refaire.

Voyez, n° 1602, l'immense différence qu'il y a entre les répétitions de différents degrés, qui comme la précédente, sont toutes plus ou moins vicieuses, et les répétitions dans le même degré, dont les auteurs font un si bel usage, soit pour l'harmonie, soit pour l'énergie.

C'est Dieu, c'est Médicis; c'est le roi qui l'or-, Pour punir le coupable a-t-il besoin de vous?
donne. VOLT. Henr. 2.
Laissez-lui, laissez-lui le soin de sa vengeance.
MOL. Tartuffe. 4, 1.
Je sais ce que c'est, je sais ce que c'est.
MOL. Pourc. 1, 7-

Songe aux cris des vainqueurs, songe aux
cris des mourants. RAC. Andr. 2, 1'

Recurrence des sons similaires.

Observation.

Exemple.

et quoique j'en soupire,

Ces deux mots soupire et soupir fontun

Jusqu'au dernier soupir je veux bien te le dire. effet presque insupportable.

CORN. Cid. 5,4.

Récurrence des mêmes sons dans les repos.

Cette faute est une des plus difficiles à éviter.

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38 De ce SOURCILLEUX roc l'INÉBRANLABLE cime.

CHAPELAIN.

Observations.

Un petit mot ainsi perché sur un D'INSUPPORTABLES maux une suite enchainée grand, c'est, dit Boileau, comme un nain De SOURCILLEUSES tours sappe les fondements. (monté sur des échasses.

CHAPELAIN.

CHAPELAIN.

De mon flamboyant cœur l'âpre état vous savez.
BOLL. parodiant le style de Chapelain.

Ce seul vers parodie plusieurs défauts.

59

HIATUS.

Hiatus est emprunté au latin, et signifie ouverture, bâillement.

Ya à A exige que la bouche s'ouvre Il y a à Avranche une sous-préfecture. coup sur coup, et il y a dans cette phrase

plusieurs hiatus.

1660

L'effet ordinaire des colonies est d'af

Les pays d'où l'on les tire, ceux où l'on

faiblir les pays d'où on les tire, sans peu-les envoie, serait une autre sorte de faute
pler ceux où on les envoie.
pire que l'hiatus auquel on aurai téchappé.

A mesure qu'il comprend moins, il admire davantage. Il n'a pas le temps de respirer; il a à peine celui de se récrier et d'applaudir.

Il a à peine ne peut, tout au plus, être regardé que comme une négligence légère.

Boileau a dit :

Gardez qu'une voyelle à courir trop hâtée,

Ne soit d'une voyelle en son chemin heurtée. BOIL. Art. poét.

Ce précepte n'est rigoureux que pour les vers. Jamais une voyelle finale, excepté l'e muet, n'y peut être suivie d'une autre voyelle. Et, se prononçant toujours sans faire sonner le t final, n'y peut non plus souffrir une voyelle après lui.

La Fontaine a donc fait une faute quand il a dit :

Le juge prétendait qu'à tort et à travers

On ne pouvait manquer condamnant un pervers. La F. 2, 3.

Les hiatus, pourvu qu'ils ne soient pas accumulés, comme, par exemple dans il y a à Avranches, sont tolérés dans la prose. Il y en a un grand nombre qu'on ne peut presque pas éviter; ceux-là paraissent moins durs, par l'effet seul de l'habitude.

Les adjectifs ma, ta, sa,

placés devant un mot féminin commençant par une voyelle, occasionneraient un hiatus désagréable. On a vu le moyen qu'on a pris pour l'évi

ter.

L'adjectif la,

lorsqu'il rencontre une voyelle ou une h dite aspirée, perd sa finale, et la remplace par une espèce de virgule, à laquelle on a donné le nom d'apostrophe. On dit l'ambition, l'harmonie ; au lieu de la ambition, la harmonie (*).

Pour que la puisse recevoir l'apostrophe ou souffrir l'élision, il faut qu'il soit employé comme adjectif, et non pas comme relatif. On dira donc : L'occasion est prompte à s'échapper, saisissez-là aux cheveux.

(*) Nous avons donné, dans la lexigraphie, tous les mots qui commencent par une h aspirée, et devant lesquels l'hiatus est nécessaire. On dit la haine, la haire, la kure du sanglier, ma haine, etc Ces mots sont marqués par un guillemet.

661

S'il, s'ils, pour si il, si ils.

L'i de si s'élide et se remplace par l'apostrophe devant il et ils. Cette élision n'a lieu que devant ces deux seuls mots.

E dit muet,

élidé et remplacé par l'apostrophe dans quelques monosyllabes.

Nous avons dit que l'hiatus résultait de la rencontre de deux voyelles sonores; d'où il suit que l'e muet final ne peut contribuer à l'hiatus.

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placés devant une voyelle, perdent la voyelle et la remplacent par l'apostrophe. C'est qu'en effet l'e n'est point muet dans ces monosyllabes; et pour peu qu'on y fasse attention, on verra que l'e s'y prononce d'une manière sensiblement sonore, à-peu-près comme eu. Il a donc fallu, pour éviter l'hiatus, effacer cette voyelle.

Lorsque, presque, quoique, étant évidemment des composés de que, et l'e de la dernière syllabe conservant à-peu-près le son qu'ils avaient dans le primitif, ont dû suivre la même analogie (*).

(*) Lorsque, devant une voyelle, paraît paisible possesseur de l'apostrophe, en quelque circonstance qu'il se trouve.

Mais il n'en est pas de même de puisque, quoique, dont l'e, selon quelques grammairiens, ne s'élide que devant il, ils, elle, elles, on, un, une, ou devant un mot avec lequel ces conjonctions sont immédiatement liées.

Quelque, selon le plus grand nombre, ne perd l'e que devant un, uno; il le perd encore devant autre, selon M. Letellier.

On dit sans e jusqu'à, jusqu'ici, selon tout le monde.

Nous avouons que nous avons peu de vocation pour traiter un sujet aussi important. Nous renvoyons les amateurs d'aussi intéressants détails à M. Girault-Duvivier, que nous appèlerons le héros et presque le martyr de l'apostrophe. On trouvera dans la Grammaire des grammaires que presque n'exerce son privilège que dans presqu'ile, et que hors de là il est réduit à la condition commune; que par conséquent on dit: un habit presque usé, etc.

On y trouvera quelles ont été les vicissitudes de entre, dont Demandre élide l'e dans entr'eux, et même entr'elles, et que les éditions stéréotypes, Maugard, l'Académie, écrivent en toutes lettres.

C'est aussi là qu'on trouvera grand'mère, grand'tante, grand'croix, grand'chère, grand'rue et pas grand chose.

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