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Ici c'est une grande thèse :

est

Si au lieu de construire ainsi : Jupiter (grand,

Où l'on voit le premier anneau, Jupiter recevant immédiatement deux

est

grand

anneaux latéraux, { } on croit faire la construction idéologique en écrivant ces trois mots en cet ordre. Jupiter est grand, Jupiter reste bien le premier anneau, est est bien encore comme auparavant, un anneau secondaire qui se rattache à Jupiter, mais grand ne tient plus à rien; car grand n'est pas au genre masculin à cause de 'est, qui n'est d'aucun genre, mais à cause de Jupiter, dont il est séparé comme par un espace immense. La filiation des idées n'est plus marquée, la chaîne est rompue, et l'on n'a point de construction idéologique (*).

Ainsi, dans la construction idéologique,

L'adjectif ne peut pas même être séparé de son substantif par le verbe est, et doit toujours le toucher immédiatement.

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De même que l'adjectif grand, de Jupiter est grand, est affirmé de Jupiter, et ne fait qu'un avec lui, Jupiter est affirmé de je, et s'identifie avec ce substantif relatif.

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(*) Que ceux qui croient que le verbe être est un lien, une copule, c'est-à-dire, un mot qui se place entre le substantif et l'adjectif pour les lier l'un à l'autre, contemplent cette construc

tion :

Jupiter grand.

(est

ils n'oseront pas l'attaquer. Elle est pour eux d'airain, de diamant.

Le principe qui exige que, dans l'ordre des idées, l'adjectif soit après le substantif, s'applique nécessairement à tous les adjectifs. C'est donc par inversion que le, la, les, un, une et autres adjectifs déterminatifs, sont toujours, dans la construction usuelle, placés avant le substantif (*).

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Pour quelle cause infiniment est-il employé dans la première phrase, et très dans la seconde ? C'est évidemment à cause de bon, que ces mots servent à compléter. Infiniment et très sont donc des effets ou des compléments de bon, et, dans l'ordre des idées, leur place est nécessairement après cet adjectif.

Ainsi, dans la construction idéologique,

Tout invariable dit adverbe doit être placé après le modificatif (adjectif ou verbe) dont il explique ou détermine l'idée.

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Les invariables, dits prépositions, supposent toujours un mot antécédent dont ils sont l'effet ou le complément. Ce mot est presque toujours de la classe des modificatifs.

NUMÉRO VI.

tonne

34 Jupiter tonne et frappe.

Jupiter

frappe et (c'est-à-dire additionnellement).

Voilà encore, dans le langage de l'école, une autre sorte de lien ou de copule; on l'appèle conjonction.

(*) Lorsque les grammairiens veulent enseigner le genre du substantif, ils mettent en avant cette régle : « Un nom est masculin ou féminin, selon qu'il peut être précédé de le ou de la : » comme si ce n'était pas, au contraire, parce que le substantif est masculin ou féminin que l'on emploie le ou la.

Essayons la construction des grammairiens, on aura :

Jupiter tonne et frappe.

Dès-lors où est la chaîne? J'y vois bien deux anneaux, Jupiter tonne; mais les deux autres ne tiennent à rien. Car on ne dira pas que et est un anneau qui se rattache à tonne Er n'a aucun contact avec ce premier verbe, cette action étant la première que fait Jupiter; on ne peut pas dire qu'il la fait additionnellement à une autre.

Et, placé devant frappe, n'est là que parce que l'usage l'a voulu; car qui osera dire qu'il est la canse de frappe? Ainsi placé entre deux verbes, il est entièrement isolé, et n'est ni l'effet ou complément du premier, ni la cause du second.

La construction idéologique fait donc pleinement justice de la doctrine monstrueuse des conjonctions.

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Jupiter tonne et frappe nous donne une chaîne brisée, un débris.

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Car il y a eu deux actions d'enlever. Or, c'est nécessairement la seconde qui est additionnée par et à la première.

Jupiter tonne et nous tremblons.

Jupiter tonne,
nous tremblons et.

Il y a là deux phrases, deux chaînes bien séparées Jupiter tonne, en voilà une; nous tremblons et, voilà l'autre. Et, qui dans la filiation des idées ne peut trouver de place qu'après le dernier mot de la dernière, ne lie donc rien (*).

(*) Jupiter tonne et nous tremblons! Et, dit-on, lie Jupiter tonne à nous tremblons! Mais comment s'opère cette jonction? Est-ce par les deux mots au milieu desquels et est place? Alors ce ne serait que deux mots qu'il joindrait. Tonne et nous, quelle addition! Ou bien dira-t-on que et lie les deux phrases en s'attachant lui-même à chacune d'elles? Mais comment

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Les Allemands et les Anglais disent, d'après l'ordre idéologique, savoir: les premiers, ich rühre mich nicht, les seconds, i stir not, plaçant toujours ainsi la négation nicht, not, après le verbe. Ce sont donc eux qui, dans leur construction usuelle, suivent l'ordre des idées; c'est de quoi ne se douteraient certainement pas nos grammairiens philosophes, qui croient que c'est nous seuls qui construisons nos phrases d'après l'ordre naturel, et que c'est là une des principales causes de l'universalité de notre langue. Avant de nier une action, il faut avoir conçu cette action. Les Allemands et les Anglais parlent donc comme ils ont pensé; ils commencent par dire je bouge. Ce n'est qu'après avoir affirmé cette action qu'ils ajoutent ne je bouge... ne, énonçant une idée positive, une affirmation, pour pouvoir ensuite la contredire.

Pas, comme on sait, n'est autre chose que le substantif pas, employé elliptiquement pour d'un pas ; lorsque j'ai dit je ne bouge, et que j'ajoute d'un pas ou pas, cela signifie que mon action de bouger est négative, ou à-peu-près car un pas dans l'espace n'est que très-peu de chose.

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Dans les langues qui, comme la nôtre, n'ont point de cas, l'accusatif est marqué par la place qu'occupe le substantif. M. Sicard trouve deux propositions dans je lis Homère.

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Bientôt le besoin d'abréger a fait supprimer le tableau passif. Cette application est ingénieuse; mais elle n'est fondée sur aucun fait. Notre lan

concevoir une telle liaison? les mots n'étant jamais que juxta-posés, et pourra bien toucher le mot dont il est l'effet ou le complément; mais comment touchera-t-il une phrase qui est composée de plusieurs mots placés dans un ordre successif ?

La doctrine des conjonctions est donc de toutes les doctrines grammaticales absurdes et très-absurdes la doctrine la plus absurde, nous ajoutons et la plus incroyable, la plus inconcevable.

gue ayant été copiée sur la latine, qui dit lego Homerum, ou Homerum lego, nous ne doutons point que, dans je lis Homère, nous n'ayons voulu traduire l'accusatif Homerum. Mais, comme nos substantifs ne sont point casués, nous avons été forcés de leur donner souvent une place fixe, obligation que n'ont point les Latins, la forme du mot Homerum, etc., servant par elle-même à montrer les fonctions qu'il remplit.

Il est impossible de lire sans lire quelque chose. Je lis a donc nécessairement un complément.

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:

Qui ou que, et tout autre mot corrélatif, annonce nécessairement deux phrases par conséquent deux nominatifs ou noms primordiaux, deux verbes à un mode personnel, etc. Cette doctrine fondamentale a reçu précédemment des développements nombreux.

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On sait que le corrélatif que peut toujours se résoudre par et et un adjectif déterminatif. On aura donc, en le décomposant, Dieu est bon, ET nous L'adorons, dont la construction idéologique est celle-ci :

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Quand signifie dans lequel temps. C'est un mot corrélatif qui présuppose un premier terme Je vous recevrai bien quand vous viendrez, c.-à-d. je vous recevrai dans le temps dans lequel vous viendrez.

Ainsi la construction idéologique pleine est celle-ci :

Je recevrai

VOUS bien

dans temps le = vous viendrez dans temps lequel.

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