1436 37 II. Pour construit avec un infinitif. Ils se persuadaient que les hommes avaient des jambes pour marcher, et ils marchaient. LA BRUY. 1. Il ne faut pas une longue expérience pour sentir combien il est agréable d'agir par les mains d'autrui, et de n'avoir besoin de remuer la langue pour faire que mouvoir l'univers. J.-J. R. Emil. 1. Vois-tu, il ne faut pas tant de beurre pour faire un quarteron. MOL. Georg. Dandin, 2, 1. Il n'est pas besoin de dire que, dans tous ces exemples, pour marque une idée de destination. Il paraît s'écarter de cette analogie dans les sui vants : Pour être plus qu'un roi, tu te crois quelque chose. CORN. Cinna. Notre avidité le trouble (l'ordre de nos intérêts) en nous fesant courir à tant Ma foi, pour cette nuit il faut que je m'en de choses à la fois, que, pour désirer les moins importantes, on manque les plus considérables. LA ROCHEF. Max. 66. donne, Pour dormir dans la rue on n'offense personne. RAC. Les Plaid. 1, 2. Car ce n'est point dans le dessein d'être plus qu'un roi; mais c'est parce que tu es plus qu'un roi, que tu te crois quelque chose : telle est l'idée de résultat. Phrase vicieuse 9 où l'infinitif est employé après pour, sans qu'il se rapporte au sujet de la préposition. Que t'ai-je fait, cruel, pour être ainsi traitée, Le premier infinitif est bien employé, parce qu'il se rapporte à moi, sujet de la préposition; d'où il suit que le second l'est mal. C'est moi qui ai fait, et c'est toi qui reproches. Voyez la grande règle que nous avons donnée (1244). Cette construction a vieilli, dit Voltaire. la cause, Une femme jalouse à cent mépris s'expose. Nous dirions: Quelque juste que puisse être, ou tout juste que peut être. Nous dirions aujourd'hui : Tout grands que sont les rois, ou quelque grands que soient les rois. 1438 IV. Pour construit elliptiquement avec que, quand, de, etc. 1. Pour que l'étude vous profite, FR. DE NEUF. Fables, 1. 7, 2. Mad. DE SEV. 25 fév. 1671. C.-à-d. pour fite. obtenir l'étude vous pro que Pour quand, c'est-à-dire, pour le temps quand, ou que, etc. 3. On se rirait de vous, Alceste, tout de bon; C.-à-d. tant pis pour l'homme qui rirait. Tant pis pour qui rirait. MOL. Misanthr. 1, 1. Pour qui venge son père il n'est rien d'im possible. Passage déjà citė. 4. Le czar s'obstina à peupler un pays des hommes. Mais, Sire, on voit souvent un malheureux chrétien, Pour de l'argent comptant qu'aux hommes Le monde n'est brouillé d'une manière étrange Que pour des disputes de mots. On donne à ces mots des sens doubles, Voyez, à l'occasion des trois derniers exemples, les prétendus régimes des verbes (1011). V. Pour pris substantivement. Certes, mon père, voici une rencontre où le pour et le contre sont bien 1439 probables. PASCAL, 10° Lettre prov. 1440 Rien n'est plus propre à faire pénétrer dans le sens des mots, que de les voir ainsi en opposition. EXEMPLES Où sont rassemblés sous 21 numéros les 21 sens attribués à pour, par 1. Je travaille pour le bien public. Je suis sorti pour ma santé. Je me donne peu poma forur tune. de mouvement 2. J'étudie pour mon plaisir. Dieu a tout fait pour sa gloire. Il y en a qui font l'aumône pour l'amour de Dieu. 8. Prenez mon cheval pour votre mu-16. Pour peu qu'on fasse du bruit, il Je ne mentirais pas pour un em- 18. Vous partez, pour moi, je reste. pire. Ce livre ne se trouve ni pour or ni pour argent. J'aurai cette toile pour le prix marchand. 9. Prison pour prison, je préfère celle-ci. Vaincu pour vaincu, j'aime mieux l'être par un Achille, que par un Thersite. Mourir pour mourir, il vaut mieux mourir en combattant qu'en fuyant. 10. Je paraîtrai pour vous, si vous ne pouvez sortir. Je ne dis jamais une chose pour une autre. Je tiens, je compte cela pour assuré, pour certain, pour douteux. Pour ce qui est des hypocrites, je les abhorre. 19. Vivons pour nous aimer...... Non, aimons-nous pour vivre. La langue est faite pour parler, les pieds pour marcher, etc. 20. Pour dire vrai, j'avoue que je suis un sot. Je trouve l'occasion trop belle, pour la laisser échapper. L'occasion est assez belle, pour qu'on la saisisse. 21. Il n'a pas (ce qu'il lui faut) pour vivre. On s'ennuie tant ici!..... c'est pour en mourir. 4!* 1441 1442 Cherchez et trouvez, si vous pouvez, les 21 sens de Régnier Desmarais. Dès sa source, teau. DÈS. la Durance porte ba- | Théramène, est-ce toi? Qu'as-tu fait de mon fils, Que je t'ai confié dès l'âge le plus tendre ? Dès que les chèvres ont brouté, Leur fait chercher fortune; elles vont en voyage Les moins fréquentés des humains. être suivi d'un substantif ou d'un que. SANS. LA F. 12, 4. Ils sont tous parmi nous ce qu'étaient les apô- quelquefois, mais, sans elles, il ne pour tres, De leur siècle profane, instructeurs généreux, J.-J. R. Emil. 1. Elle voit, quel objet pour les yeux d'une Hippolyte étendu sans forme et sans couleur. On parla des passions. Ah, qu'elles rait voguer. VOLT. Zadig. 1. 2. 3. J'étais sans biens, sans métier, sans génie, VOLT. Pauvre Diable. Je puis voir à-la-fois ma main entière sans faire le compte de mes doigts. J.-J. R. Emil. 4. Et bien souvent tout seul, si l'on l'eût voulu croire, Il y serait couché sans manger et sans boire. RAC. Les Plaideurs, 1, 1. Je reçus et je vois le jour que je respire, Sans que père ni mère ait daigné me sourire. Passage déjà cité. Voilà sans placé devant un substantif, devant un infinitif et devant un que, qui appèle après soi un subjontif. Dans le langage des grammairiens, sans se construit aussi de manière à former des expressions adverbiales. Telles sont, disent-ils, sans doute, sans raison, sans cesse......, etc. Mais où s'arrêteront-ils ? Sans crainte, par exemple, sera-t-il aussi un adverbe ? ou ne le sera-til pas ? 1443 444 Si l'on peut dire sans crainte ni pudeur? On a vu que Racine a dit : Sans que père ni mère ait daigné me sourire. Ces deux phrases sont l'une et l'autre dans la même analogie. Ni vient du latin neque, qui signifie et ne, et doit, lorsqu'il est bien employé, pouvoir toujours se résoudre par ces deux mots. Ni, étant décomposé, donne cette équation : Sans que père et mère n'ait daigné me sourire ; ce qui est évidemment contraire à l'usage: car après sans jamais on ne trouve ne. Cet homme avait marché de Cume à Béné- | La Castille du moins n'aura point la victoire, Sans que nous essayions d'en prolonger la gloire. MoL. Le prince jaloux, 2, 7. vent, Que le jour recommence, et que le jour finisse, RAC. Bérén. 4, 5. Si, comme on le croit, SANS est ellipse dans les passages suivants : Je ne saurais faire un pas seulement, LA F. Je ne saurais voir d'honnêtes pères chagrinés par leurs enfants, que cela ne m'émeuve. MOL. Fourb. de Scapin. 2, 8. Si sans était ellipsé, on aurait dans la construction pleine : Je ne saurais faire un pas, sans que je ne l'aie à mes trousses. Or on a vu que sans ne peut jamais être suivi de ne. Le que...... ne de cette phrase et autres semblables répond au quin des Latins, qui certainement n'est jamais construit avec sine. 445 Doit-on écrire Autre question. tout est sans dessus C.-à-d. tout est sans dessus et sans des Vaugelas est pour sans dessus dessous, et c'est encore aujourd'hui l'orthographe vulgaire. Mais il faut une grande imaginative pour se figurer un corps qui n'ait ni dessus ni dessous. Pour sortir de ce vague immease, prenons des exemples particuliers: Ilarenversé sa tabatière sans dessus dessous. On veut dire par-là que le dessus de la tabatière a été mis à la place où était le dessous; mais il ne s'ensuit point que, dans cette nouvelle position, elle soit sans dessus et sans dessous. |