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que

Il faut les enfants obéissent tout de suite. ACAD.

J'ai

reçu une lettre, franche de port.

C.-à-d. il faut que les enfants obéissent sur-le-champ, ou aussitôt.

franche ayant eu le port, ou quoiqu'elle ait eu ou supposé le port.

Dans notre première édition nous condamnions ces expressions, comme contraires non point à l'usage, mais à l'idéologie. Cependant, après un plus mûr examen, nous croyons que l'idéologie peut les expliquer.

Faites-les marcher de suite, c'est-à-dire, faites-les marcher ayant eu la suite, c'est-à-dire, l'un ayant été placé après l'autre. Car remarquez que cet état doit précéder l'action de marcher : ils ne peuvent marcher de suite, qu'autant qu'avant de marcher, ils ont été rangés dans cet ordre.

Tout de suite ne diffère de la locution précédente que par tout; il a couru trois postes tout de suite, c'est-à-dire, il a couru trois postes ayant eu en tièrement la suite, c'est-à-dire, sans aucune interruption.

J'ai reçu une lettre franche de port, c'est-à-dire, franche ayant eu le port, ayant supporté le port, c'est-à-dire franche, quoiqu'elle ait supporté le port. NUMÉRO IX.

Mieux

que de, plutôt que de, avant que de, et avant de.

Avec de.

392 Si je devais un jour, pour de viles richesses, Vendre ma liberté, descendre à des bassesses; Si mon cœur, par mes sens, devait être amolli; Je te dirais, ô temps! sonne ma dernière heure,

Hâte-toi, que je meure, J'aime mieux n'être plus que de vivre avili. THOMAS, Ode au Temps. Cléopâtre préféra de se faire piquer par un aspic, plutôt que de se voir attachée à un char de triomphe.

Des multitudes de peuples lavent leurs enfants dans les rivières, ou à la mer, sans autre façon; mais les nôtres sont amollis avant que de naître....

J.-J. R. Emil. 1. Abandonné à lui-même, il mourrait avant d'avoir connu ses besoins.

Sans de.

La plupart des lecteurs aiment mieux s'amuser que s'instruire. De là vient que cent femmes lisent les Mille et une nuits, pour une qui lit deux chapitres de Locke. VOLT. l'Homme aux 40 écus.

Plutôt souffrir que mourir,

C'est la devise des hommes. LA F. 1, 16.

NOTA. Il n'y a que avant diner, avant souper, avant goûter, avant déjeûner, où avant puisse être suivi immédiatement d'un infinitif: c'est que avant diner est pour avant le diner, etc.

NOTA. On voit par cette phrase de Rousseau et par la précédente, qu'on dit J.-J. R. Emil. 1. indifféremment avant que de et avant de.

Le de des phrases de la première colonne a étonné les grammairiens, qui, pour la plupart, ont cru l'expliquer en l'appelant explétif, c'est-àdire, superflu ou inutile.

39*

1393

J'aime mieux n'être plus que de vivre avili, c'est-à-dire, que je n'aime la condition de vivre avili.

Les autres amollis avant que de naître, c'est-à-dire, avant le moment de

naître.

Il mourrait avant d'avoir connu ses besoins (J.-J. R. Emil.); c'est-à-dire avant le moment d'avoir connu ses besoins.

Il faut rapporter à la même analogie le DE suivant :

C'est une lâcheté que d'abandonner | C.-à-d. c'est une lâcheté que celle d'aun ami dans le malheur. MARMONTEL. bandonner, etc.

Boileau a dit avec la construction pleine :

C'est un méchant métier que celui de médire.

au lieu de c'est un méchant métier que de médire.

NUMÉRO X.

Il importe, il est bon de.

Il n'est pas toujours bon d'avoir un haut em- Qu'il est beau de périr dans des desseins si

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Quand, après un verbe ou un adjectif qui a pour sujet il absolu, on veut employer l'infinitif, l'usage exige de devant cet infinitif.

Nous croyons qu'il n'y a que d'excepté que il vaut mieux, il faut, qui se font suivre immédiatement de l'infinitif.

Faut-il toujours combattre ou tromper les humains? VOLT. Mahomet.

« Il vaut mieux vivre seul que dans la société des méchants.

NUMÉRO XI.

On dirait d'un démoniaque, etc.

Quand Santeuil me récitait ses vers, C.-à-d. on eût dit que c'était l'action

1394 on eût dit d'un démoniaque.

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d'un démoniaque.

on dirait que c'est l'action, le jeu

d'un ressort, etc.

NUMÉRO XII.

Si j'étais que de vous.

395 Je ne souffrirais pas, si j'étais que de vous,

396

597

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Si j'étais que des médecins, je me vengerais de ses impertinences; et quand il sera malade, je le laisserais mourir sans secours. MOL. Mal. imag. 3, 3.

Si j'étais que de vous, c'est-à-dire, si j'étais en la place qui est celle de vous, etc.; si j'étais que des médecins, c'est-à-dire, si j'étais à la place qui est celle des médecins.

La tournure la plus naturelle est de dirc : Si j'étais à votre place.
Je vous proposerais, si j'étais en leur place... CORN. Oth. 1, 2.

NUMÉRO XIII.

Plus d'à demi, d'à moitié.

Son apprentissage est plus d'à moitié fait, par les exercices dont nous l'avons occupé jusqu'à présent. J.-J. R. Emil. 3.

Ge progrès était plus d'à moitié fait dans
le cœur du libertin. J.-J. R. Emil. 5.

Mais un fripon d'enfant (cet âge est sans pitié)
Prit sa fronde et du coup tua plus d'à moitié

Je sais déjà jeûner plus d'à demi.

LA F.
Elle tomba plus d'à demi pâméc. LA F.
Je me suis dit seulement votre ami,
De ceux qui sont amants plus d'à demi.
CHAMMELAY.

La dame ouvrit, dormant plus d'à demi.
LA F.

La volatile malheureuse. LA F. 9, 2. On dit plus de la moitié. « La barbe fait plus de la moitié d'un médecin. » (Mol. Malade imag., 3, 22). On dit aussi son apprentissage est à moitié fait. On peut donc expliquer ainsi plus d'à moitié, plus d'à demi. Son apprentissage est plus d'd moitié fait, c'est-à-dire est fait à moitié et plus ayant eu la moitié, c'est-à-dire, et plus étant parti de la moitié. Cependant, quoique l'usage ait prévalu en faveur de plus d'à demi, plus d'à moitié, cette tournure, extrêmement elliptique, est plus difficile à expliquer que plus qu'à demi, qui a été tant critiqué dans ce vers de Racan :

La trame de mes jours est plus qu'à demi faite.

C'est-à-dire est faite à demi et plus que cela.

NUMÉRO XIV.

De ou par après les adjectifs passifs.

Adjectif passif suivi de de.

Un jeune homme vertueux et appliqué est ESTIMÉ de tout le monde. WAILLY.

Adjectif passif suivi de par.

Rome fut BATTE par Romulus, WAILLY.

Un jeune homme ignorant et orgueilleux est MEPRISE de tous ceux qui le connaissent. WAILLY.

Les Gaules furent CONQUISES par César.
WAILLY.

D'OÙ CETTE PREMIÈRE RÈGLE de Wailly:

« On emploie de quand le verbe exprime une action à laquelle le corps » n'a point de part, comme dans les premiers exemples; et par quand le >> verbe exprime une action du corps, ou à laquelle le corps et l'âme ont » part. »>

Il faudrait donc diviser nos six mille verbes.

En trois classes, savoir.

Verbes qui expriment une action de
l'âme ;

Verbes qui expriment une actiondu corps:
Et verbes où l'âme et le corps ont part.

Qui est-ce qui fera ces trois listes? Il faudrait des anges pour faire la première; il faudrait des corps qui eussent le don de penser pour former la seconde. Quant à la troisième, il n'y a que des êtres mixtes qui puissent l'établir encore faudrait-il qu'ils fussent doués d'une sagacité que nous croyons impossible, pour ne jamais confondre ce qui est à l'un avec ce qui appartient à l'autre.

Bourbon, de son parti perdant la confiance,
Abandonné des uns, des autres rejeté,
Serait suspect à tous et l'aurait mérité.

RAYNOUARD, Eats de Blois, 1, 1.

Afflige, tourmenté de pieuse's terreurs,
Je ferais humblement l'aveu de mes erreurs...
RAYNOUARD, Etats de Blois, 4, 4.

D'un succès aussi juste excitès contre moi,
Ils suscitent alors un fantôme de roi.

RAYNOUARD, Etats de Blois, 2.

Tantôt, devant l'autel humblement prosterné,
Du peuple qui priait j'étais environné,

Est-il bien certain que l'action d'abandonner et celle de rejeter, qui, d'après ses deux éléments re et jeter, signifie jeter en arrière, n'aient rien de corporel?

Affliger qui vient du latinfligere, planter, clouer, et d'ad, dessus, et tourmenter, de tormen, tordere, tordre, sont-ils de pures actions de l'esprit ?

Un prêtre, environné d'une foule cruelle,
Portera sur ma fille une main criminelle,
Déchirera son sein, et d'un œil curieux
Dans son cœur palpitant consultera les dieux!
RAC. Iphig. 4, 4.

RAYNOUARD, Etats de Blois, 4, 5. Voilà la part de la préposition de à la suite d'un adjectif passif, quoiqu'il s'agisse d'actions auxquelles le corps a plus ou moins participé. Voici, entre mille, un exemple remarquable où il est question d'une action à laquelle l'âme n'est sûrement point étrangère, et où cependant par vient à la suite d'un adjectif passif.

Quand FLÉTRIS par des maux trop long-temps endurés,

Les états ont besoin d'être régénérés,

Un heureux changement de gloire et de personnes

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Rajeunit à-la-fois les peuples et les trônes. RAYN. Et, de Blois, 3, 3,

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Voltaire n'a-t-il pas dit?

L'opprobre avilit l'âme et flétrit le courage.

Et que répondraient ceux qui croient que la règle de Wailly est fondée sur les faits, si nous multiplions les exemples qui prouveraient, comme les suivants, que les mêmes verbes sont suivis tantôt de de de?

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par,

tantôt

Votre conduite sera approuvée d'une commune voix par des personnes sages et éclairées. WAILLY.

NUMÉRO XV.

Prier de diner, et prier à diner, etc.

Je vous prie de diner de bonne heure, afin qu'il nous reste assez de temps pour la promenade.

J'ai manqué de dîner hier chez Véry; c'est-à-dire, peu s'en est fallu que je ne dinasse, etc.

Je vous prie d diner pour jeudi pro

chain.

J'ai manqué hier à dîner, tant j'étais occupé, c'est-à-dire, je n'ai pas dîné

hier.

Il ne peut y avoir de différence dans ces phrases que celle qu'y mettent de et à; cette seule différence des deux mots suffit pour en établir une dans le sens.

Je te prie de diner; c'est-à-dire, je te prie, ma prière ayant eu le dîner pour objet, pour cause. Je te prie à dîner, c'est-à-dire, je te prie comme devant avoir le dîner, ou comme devant dîner.

NUMÉRO XVI.

Commencer de, et commencer à, etc.

Commencer de.

Commencer d.

1399 Puisque j'ai commencé de rompre le silence, J'adore le Seigneur, on m'explique sa loi, Madame, il faut poursuivre.

RAC. Phèdre, 2, 2,

Dès que l'orateur commença de parler, on fit silence. Manм. Gr. posth.

Quand le tonnerre commence de gronder, l'orage n'est pas loin.

MARM. Gr. posth. Ses transports, dès long-temps, commencent d'éclater. RAC.

Dans son livre divin on m'apprend à la lire,
Et déjà de ma main je commence à l'écrire.
Passage déjà citė.

Cet enfant commence à parler.

MARM. Gr. posth.

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