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Peut-on dire également bien?

Il viendra de sept à huit heures.

Ce bataillon est composé de trois à qua

tre cents hommes.

Il y avait sept à huit femmes dans cette assemblée. ACAD.

De sept à huit heures, il y a une heure divisible en d'autres unités moindres, demi-heures, quarts d'heure ou minutes.

De trois à quatre cents, il y a une centaine qui se subdivise en individus. Il viendra de sept à huit heures, c'est-à-dire, en comptant depuis sept heures, pour avoir ou devant avoir ou atteindre la huitième heure. Ce bataillon est de trois à quatre cents hommes, c'est-à-dire, de trois pour avoir, pour atteindre quatre cents hommes. Il y a comme on dit, de la latitude. A est donc bien employé dans les exemples de la première colonne.

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Mais une femme n'est pas divisible en plusieurs parties, s'il est permis de le dire, aliquotes. On conçoit bien qu'il puisse y avoir dans une assemblée sept ou huit femmes; ce n'est jamais là qu'on puisera l'idée de sept à huit femmes.

AINSI

La Bruyère a pu dire: 7 Si les ennemis viennent de perdre une bataille où il soit demeuré sur la place quelque neuf à dix mille hommes des leurs, il en compte jusqu'à trente mille, ni plus ni moins. LA BRUY. 9.

Voltaire n'a pas dû dire : Nous avons déjà dit que, dans la mort de Pompée, il y a trois à quatre actions, trois à quatre espèces d'intrigues mal réunies. VOLT. Sur Corn.

Dans le second exemple il fallait ou, car il n'y a aucune unité intermédiaire entre trois et quatre actions, trois et quatre espèces.

Vous parlez magnifiquement De cinq ou six contes d'enfant. FA F. 2, 1. Que dirai-je d'un homme dont nous ne voyons dans les historiens que quatre ou cinq mots? BOSSUET, Hist. univ. 3o part.

J'ai su encore, par d'autres voies, que vous avez eu trois ou quatre démélés à votre avénement.

Mad. DE SÉV. 1 mars 1571. Maître Abraham, après cinq ou six mots De compliment, me tint ce beau propos. VOLT. Pauvre Diable.

:

Dans ces exemples et autres semblables à serait une faute il n'en seraitpas uncdans lessuivants :

Une sœur qu'au couvent j'avais fait élever

Je fus, il y a cinq ou six mois, dans un

Depuisquatre ou cinq jours s'est laissée enlever.café; j'y remarquai un gentilhomme : CORN. Fest. de Pierre. 3, 6. assez bien mis, qui se fesait écouter. MONTESQ. 132 Lettr. pers.

NOTA. Il fallait s'est laissé enlever.

Locutions qu'il ne faut pas confondre.

Un homme en manteau court.

1°. Un homme à manteau court,

1378

à perruque.

1379

2° Être à la campagne;

en perruque.

Être en campagne;

Être en ville;

3o. Être à la ville.

Être dans la ville.

Un homme à manteau court, à perruque, est, d'après la valeur même de à, un homme ayant et devant avoir le manteau court, la perruque ; c'est-à-dire, un homme qui a l'habitude de porter la manteau court, etc. Un homme en manteau court, etc., est celui qui est actuellement dans

ce costume.

Etre à la campagne, à la ville, signifie, d'après la valeur de à, avoir la campagne, la ville pour séjour.

Etre en campagne, se dit des troupes qui ont quitté leurs cantonnements et qui sont en mouvement. On dit aussi, par analogie, quelques amis sont en campagne, pour signifier qu'ils sont en mouvement pour telle ou telle affaire.

On dit d'un homme qu'il est à la ville, pour dire qu'il a la ville pour habitation, plutôt que la campagne; qu'il est en ville, pour dire qu'il n'est pas actuellement chez lui; qu'il est dans la ville, plutôt, par exemple, que dans les faubourgs. C'est d'après la même analogie qu'on dit : Il est à Paris, il est dans Paris.

A, exprimant une idée de possession, est plus propre à désigner quelque chose d'habi'uel, que le mot dans qui ne réveille qu'une simple idée de localité.

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Supposons que le carré p. p. p. p. soit un lieu quelconque, par exemple Paris;

2,

Que H1, н2, н3 soit un homme placé à différentes distances de nous, qui sommes au point N.

H', ou l'homme n° 1, va à Paris; la ligne ponctuée indique sa route. н2, ou l'homme n° 2, touche Paris ou est à ses portes.

н3, ou l'homme n° 3, est dans Paris même.

L'homme n° 1 tend à arriver à Paris; il doit avoir ou posséder Paris. L'homme n° 2 est près d'avoir ou de posséder Paris, puisqu'il est auprès, ce qui est un signe de possession.

L'homme n° 3 a ou possède Paris, c'est-à-dire il l'occupe, il y habite : car telle est ici la manière d'avoir ou de posséder que nous voulons désigner.

Or cet homme triple, ou plutôt cet homme unique, considéré dans les trois positions, n'a pas dépassé Paris : il est en-deçà ou dans Paris même.

Au contraire.... 1 ou.......... h2 tourne le dos à Paris, et ne peut faire un pas sans s'éloigner toujours davantage. Il a eu ou possédé Paris, soit qu'il vienne de dedans ou seulement d'auprès de cette ville.

La préposition à exprime les trois positions de l'homme H1, н2, ou

H3.

La préposition de représente celles de l'homme... h1 ou....... h2, qui a laissé Paris derrière lui.

Il est impossible de mieux figurer la valeur de ces deux invariables.

Ainsi l'on peut dire :

1380 Que si a marque une idée de possession future, ou d'une possession présente qui doit se prolonger dans le futur, de peut être regardé comme exprimant une idée de possession passée.

Mais l'idée de possession passée est très-propre à réveiller une idée de séparation, d'éloignement, d'origine, de cause. Car si on a eu Paris, on en est sorti, ou l'on s'en est séparé, ou plus ou moins éloigné. Si Énée a eu Vénus pour mère, il tire donc son origine de cette déesse.

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De l'intérêt naissent toutes les discor- C.-à-d. toutes les discordes naissent ayant

des.

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Traduction.

C.-à-d. ce pont est fait ayant eu les
pierres, comme cause matérielle.
ce pont est fait de pierres. Voyez
l'exemple précédent.

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cet homme est plein; cette plénitude a eu l'honneur comme origine ou

cause.

c'est un homme plein d'honneur. Voyez l'exemple précédent.

je parle, et ma parole a eu Rome comme sujet, comme origine, comme

cause.

je vis ayant eu le régime comme cause que je vis.

je travaille; mon travail a eu la tête comme origine ou cause.

cela se pratique ayant eu un temps immémorial comme origine.

l'affaire a passé ayant eu un commun avis.

Énée était fils, ayant eu Anchise comme origine ou cause.

voilà le livre qui a eu Pierre comme origine ou cause, soit qu'il ait eu Pierre comme auteur ou comme acquéreur.

ce voile est long, cette longueur ayant eu comme cause trois aunes.

Il est facile de rattacher à ces analogies toutes les prétendues sortes de de, si péniblement classées par les grammairiens.

TABLEAU COMPARATIF

Des prétendues sortes de sens vulgairement attribués à à et à de.

de

1381 Est, dit-on, une préposition qui marque Est, dit-on, une préposition qui marque

le lieu,

le lieu,

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C'est dans le Cours de M. Maugard, ouvrage d'ailleurs extrêmement estimable par une belle autant que vaste érudition, que nous copions les différents sens attribués à ces deux invariables. On voit jusqu'à présent comme ils sont bien différenciés. Nous allons prendre dans la même source les autres sens, dont on a encore enrichi la préposition de.

La proximité,
L'éloignement,

DE marque encore de plus

Le passage d'un lieu à un autre,
Le terme qu'on quitte.

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L'approximation des nombres,

La matière dont une chose est faite, etc., etc.

A tout cela on ne manque pas d'ajouter que « de peut marquer divers >> autres rapports, selon les phrases où il se trouve. »

Qu'on parcoure les nombreux exemples cités par Maugard, pour établir cette multitude de sens, souvent si divergents, quelquefois contradictoires; on restera convaincu que ce n'est pas de, mais un autre mot de la phrase ou la phrase elle-même, qui exprime le sens dont on la gratifie. Arrêtons-nous à ces exemples de M. Maugard :

De marbre blanc était bâti le mur. VOLT.

D'étrilles d'or mon maître m'étrillait. VOLT.

Ici les Parques me filaient des jours Un jour seul ne fait point d'un mortel vertueux
Un perfide assassin, un lâche incestueux.
RAC. Phèdre, 4, 2.

d'or et de soie. FEN. Télém.

Otez marbre, or, soie, mortel vertueux, qu'est-ce qui restera pour marquer la matière dont le mur, les jours, les étrilles, le perfide assassin, sont faits? Otez les modificatifs bâti, filaient, fait, où est le mot qui peut faire naître l'idée qu'une chose pourra être faite d'une matière quelconque ?

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