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également bien se rapporter au temps et au lieu. On dit le commencement et la fin d'un champ, le commencement et la fin d'une année.

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Le vent soufflait du nord au SUD. VOLT. L'oubli des ennemis et l'oubli des malheurs.

VOLT. (*) On ne fait pas, seigneur, tout ce qui se propose, Les empires, les arts naissent, brillent, Et le chemin est long du projet à LA CHOSE.

MOL.

Quand nous arrivâmes á Trn, je suivis le conseil de Narbal. FÉN. Télém.

Il arriva en un quart d'heure à L'autre
BORD. VOLT. (*)

s'étendent,

S'élèvent à LEUR COMBLE, et bientôt redescen-
dent. MARMONTEL. (*)

Le casque, le mortier, la barette, la mître,
A LA FÉLICITÉ n'apportent aucun titre.

VOLT. (*)

Déjà Valois touchait à SON HEURE dernière.

VOLT. (*)

Pourquoi a-t-il plu à M. Maugard, à qui nous devons ces belles citations, de regarder le sud, Tyr, le fond des cœurs, etc., comme des termes, et non comme des lieux, et heure aussi, comme un terme, plutôt que comme un temps? Et puis, qui ne voit que ce n'est point à, mais ces divers substantifs qui marqueraient des idées de terme?

IV.

A, prétendue préposition qui marque l'état.

1368 Peut-être avant la nuit l'heureuse Bérénice Ne perdez point de vue, au FORT de la tempête,
Change le nom de reine au Nom d'impératrice. Ce panache éclatant qui flotte sur ma tête.
RAC. Bér. (*) Vous le verrez toujours au CHEMIN de l'honneur.
Le jeune prince passait son temps à LA
VOLT. (")
CHASSE. VOLT. (*)

Ce qui marque l'état où peut-être, avant la nuit, va entrer l'heureuse Bérénice, c'est tout le vers, change le nom de reine au nom d'impératrice, ce n'est point tel ou tel mot de ce vers. D'ailleurs si on pouvait dire que d marque l'état, ce serait ici une préposition qui marquerait le mariage. Dans le second exemple, il marquerait la tempête ; dans le troisième, ce serait une préposition de chasse. Et pourquoi à, au, dans fort de la tempête, passer son temps à la chasse, n'est-il pas aussi bien une préposition de temps ou de lieu, qu'une préposition d'état? Il est impossible de ne pas sentir le vide de semblables classifications.

(*) Cité par Maugard.

V.

A, prétendue préposition qui marque la cause.

A ces Moтs, l'Amour irrité s'envola.

1369

Au seul NOм de Henri, les français se rallient. FENEL. Télém. (*) VOLT. (*) à ce SPECTACLE horrible Moscou fut dans l'épouvante et dans la Je crois voir de ta main tomber l'urne terrible. désolation à la NOUVELLE de cette défaite. RAC. Phedre. (*) VOLT. (*)

1370

Si, franchissant plus ou moins d'intermédiaires, on trouve dans ces phrases une idée de cause, ce ne peut être que dans ces mots, ce spectacle, le nom de Henri, la nouvelle; ce n'est point d. Quel serait ce langage? A est la cause que l'amour s'envola, que l'urne terrible tombe de ta main, que les Français se rallient, que Moscou fut dans l'épouvante ? C'est pourtant celui des grammairiens qui disent que a marque la cause.

VI.

A, prétendue préposition qui marque le motif.

Au nom des dieux ne m'abandonnez pas. Th. CORN.

A cette occasion, j'entends des voix qui me crient: Au nom des dieux, abandonnez cette vieille grammaire ! Nous céderions à ce MOTIF, si, tout en parcourant ce cadre fantastique, nous ne marchions vers le but réel que nous nous sommes proposé, qui est de montrer l'usage des prépositions dans des exemples instructifs, et de continuer à exercer l'entendement.

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Si, dans ces passages, il y avait un mot qui marquât le moyen, ce serait le parjure, les coups de canon, les discours, les mots, la force, le froid, la chaleur, ce n'est pas à : encore le parjure, les coups de canon, etc. même lors

(*) Cité par Maugard.

1372

1373

qu'ils sont précédés de d, n'exprimeraient-ils point eux seuls cette idée. Car si je dis, par exemple, je ne puis résister ni au froid ni à la chaleur, cette idée de moyen disparaît: elle n'était donc ni dans à, ni dans le mot suivant, ni dans tous les deux ; c'était la phrase qui la fesait naître. A dire vrai, nous ne voyons nulle part, ni dans les mots, ni dans la phrase, cette prétendue idée; elle n'est que dans le mot même qui l'exprime immédiatement, et ce mot est moyen.

VIII.

A, prétendue préposition qui marque la manière.

Les gens qui n'ont point de principes dans les affaires vont toujours comme à TATONS. FEN. Télém. (*)

A PEINE des vertus l'apparence nous reste.

GILBERT. (*)

Je ne conçois qu'une manière de voyager plus agréable que d'aller à CHEVAL: c'est d'aller à PIED. J.-J. R. Emil. 5.

Un peuple obéissant vous attend à GENOUX.
RAC. (*)

A tâtons, à reculons, sont le reste de longues phrases ; ils vont à tâtons, à reculons, c'est-à-dire, à la manière des gens qui disent: TATONS, RECULONS; car personne ne dira que tâtons, reculons, soient des substantifs. Ce n'est donc pas à qui, dans ces phrases, exprime l'idée de manière. Le mot qui en effet l'exprime, c'est manière, et ce mot est sous-entendu comme dans ces phrases, à l'anglaise, à l'étourdie, etc.

Quant aux exemples qui suivent, c'est bien du plein gré des grammairiens qu'ils sont réputés exprimer une idée de manière. Pourquoi, dans les deux dernières, n'a-t-il pas été une préposition qui marque le lieu, la situation, la posture? Après le défaut qu'ont de telles classifications, d'être sans fondement, vient immédiatement celui d'être inapplicables.

IX.

A, prétendue préposition qui marque l'union.

J'ai JOINT mes vœux aux vôtres.
CORN. (*)
Ses mains JOIGNENT l'olive aux lauriers triom-
phants. VOLT. (*)

... à vos douleurs je viens JOINDRE mes larmes.

RAG (*)

L'Hébreu JOINT cependant la prière au blas-
phême. VOLT. (*)

Leurs sacrilèges mains ont MÊLÉ sur l'autel
A des noms infernaux le nom de l'éternel.
VOLT. (*)

Comment celui qui a rassemblé ces exemples a-t-il pu n'être pas frappé d'un trait de lumière, et voir que ce n'est pas à mais joindre, mêler, qui exprime une idée d'union; et, une fois cette remarque étant faite, ne pas

(*) Cité par Maugard.

= 1374

abandonner une malheureuse classification qui attribue à un mot la signification des autres ?

X.

A, prétendue préposition qui marque l'opposition.

Il fallait disputer le passage à Charles. Il OPPOSE à l'amour un cœur inaccessible.

VOLT. (*)

Suis comme moi les méchants à la piste,
CRIE à l'impic, à l'athée, au déiste,

Au géomètre, et sur-tout prouve bien
Qu'un bel esprit ne peut être chrétien.
Du rigorisme embouche la trompette,
Sois hypocrite et ta fortune est faite.

VOLTAIRE, Pauvre Diable.

RAC. Phedre. 3, 1. Rien n'est plus utile que de comparer. OPPOSONS à ces vers ceux que Junie dit à Britannicus. VOLT. sur Corn. ( Androm. )

Né malheureux, de la crasse tiré,

Et dans la crasse en un moment rentré,
A tous emplois on me FERME la porte.
VOLT. Pauvre Diable.

C'est ici un autre trait de lumière qui devait montrer aux grammairiens que à ne pouvait avoir des sens contradictoires; que, dans ces exemples et autres semblables, ce n'est pas d, mais disputer, opposer, fermer, qui marquent l'opposition; que, dans crie à l'impie, l'idée d'opposition n'est qu'une idée de résultat qui ne peut s'élever dans l'esprit que par la phrase elle-même.

XI.

A, prétendue préposition qui marque l'ordre. 1375 Ce morne et froid accueil me surprend à mon

1376

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Ils avaient à leur tête le maréchal Sténau, qui fesait les fonctions de général. VOLT. (*)

Mes pareils, à deux fois, ne se font pas connaître,

Et pour leurs coups d'essai veulent des coups de maître. CORN. Le Cid.

Si, dans ces phrases, il y a quelque chose qui marque l'ordre, c'est la phrase elle-même, ou le mot tour, fois, etc.

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Aurez-vous le cœur assez dur pour être On dit qu'ici à est pour envers : mais nexorable à votre roi et à tous vos PLUS pourquoi un mot serait-il employé pour TENDRES AMIS? FÉNÉL. Télém. (*)

un autre?

(*) Cité par Maugard.

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J'ai envie de vous mander
que votre
fille est devenue blonde; quoi qu'il en
soit, il y a toujours à vos ENFANTS la mar-
que de l'ouvrier. Mad. DE SEV.

Faut-il qu'à vos YEUX seuls un nuage odieux
Dérobe sa vertu qui brille à tous LES YEUX?
RAC. Phedre..(*)
L'homme est de glace aux VÉRITÉS,
Il est de feu pour les mensonges.
LA F. 9, 6.
Que mon mariage est une leçon bien
parlante à TOUS LES PAYSANS qui veulent
s'élever au-dessus de leur condition!

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Observations.

Ici, dit-on, à est pour dans : mais si ces deux mots n'expriment pas la même idée, comment l'un pourrait-il remplacer l'autre ?

Encore dirait-on d pour dans. Voyez l'observation précédente.

Ici, dit-on, à est pour devant. Cependant comment se fait-il que, dans cette circonstance, devant serait une faute?

Ici, dit-on, à signifie pour. C'est comme si l'on disait que à cesse d'être lui pour devenir un autre mot.

Ici sans doute par pourrait remplacer à, sans que la pensée fût changée; mais on ne peut pas en conclure que à signifie

par.

On prétend que, dans de telles phrases, à est pour avec.

Ici l'on croit que à est pour en, et que l'infinitif est pour l'adjectif actif; de sorte que à raconter, etc., signifie en racontant.

Je terminerai ce tableau des prétendues significations attribuées à un seul mot, par ce passage de Molière :

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« Je regarde les choses du côté qu'on me les montre, et ne les tourne point pour y chercher ce qu'il ne faut pas y voir. »>

Et comment pourrais-je voir dans à cinquante à soixante mots différents? Et si une fois j'ai reconnu quelle est l'idée qu'il exprime, pourquoi m'occuperais-je à le tourner pour y voir des idées qui n'y sont pas ?

(*) Cité par Maugard.

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