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Ouais marque, comme on voit une double idée d'admiration et d'ironie (mépris, dédain ou bravade).

VI.

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HEM, HOM!

Hem, hem! venez ça. ACAD.
Cela ne vaut-il pas bien une prise de
casse?-Hom! de bonne casse est bonne.

Il m'a dit qu'il était son maître à dan-
ser. Hom, hom! voilà l'affaire.

C'est-à-dire, hé à moi, à moi! Hom! c'est-à-dire, quand à moi, je trouve que de bonne casse est bonne.

Hom: hom! c'est-à-dire, ho, ho, quant à moi, je crois que voilà l'affaire.

Hem et hom paraissent n'être que hé et ho nasalé. Le premier est un simple signe dont on se sert pour appeler; le second diffère de ho, parce qu'il est plus borné dans son emploi : il désigne quelqu'un qui s'arrête pour réfléchir sur ce qui vient d'être dit.

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saurais m'en souvenir, que je ne rie de

NOTA. C'est ici une servante qui, riant devant son maître et de son maître, ne peut rire qu'à mi-bouche.

....

Ici Scapin rit à pleine bouche,

tout mon cœur : ah, ah, ah, ah. Il est et, comme il dit, de tout son cœur.

allé trouver ce chien d'avare: ah, ah,
ah. Il lui a dit qu'en se promenant sur
le port avec son fils, hi, hi, hi, ils avaient
vu une galère turque. MOL.

.Ici Scapin, fatigué de ses éclats I de rire, baisse un peu le ton; hi, ki, hi.

Hi, hi, ah, ah, ne sont que de simples imitations du son qu'on produit naturellement en riant. Ce ne sont point des interjections; car celui qui laisse échapper l'un ou l'autre son n'a point l'intention de parler, c'està-dire, d'exprimer une pensée, un sentiment.

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Il ne faut pas confondre fi avec ma fi, qui est employé par les classes inférieures par ma foi.

«Ma fi, je me moque de ça, et je ne veux pas faire de mon corps une >> boutique d'apothicaire. » MoL. Med. malgr. lui, 1, 1.

VIII.

359

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OUF, POUF, PAF, FRAST, TRA, TRA, etc.

Bartholo pleurant, ouf, ouf! ne voilà t-il pas que je suis aussi bête que monsieur (Bride-Oison). Embrassez-moi, mes enfants. BEAUM. Mar. de Fig.

J'ai entendu pouf, c'était un matelas.
Quelque chose a fait paf.

Je reviens à la joie que j'eus de recevoir vos lettres dans le même paquet.

Je vis défaire la petite malle devant moi, et en même temps, frast, frast, je démêle le mien, et je trouve enfin que vous vous portez bien.

Mad. DE SÉV. 13 déc. 1671. Ils passaient au travers de Nanterre, tra, tra, trails rencontrent un homme à cheval, gare, gare! Mad. DE SÉV. 16 fév. 1674.

Tous ces cris sont des mimologismes, c'est-à-dire, des imitations du bruit que fait quelqu'un qui suffoque, une chose qui tombe, etc.

IX.

Si morbleu, parbleu, dame, diantre, etc., etc., etc., appartiennent à la classe des interjections.

Pour célébrer tant de hauts faits, Tant de vertus et tant de gloire, Mille écus, morbleu, mille écus, Ce n'est pas un sou par victoire. Morbleu ! dit un vieux seigneur, l'État n'est plus gouverné. Trouvez moi à présent un ministre comme M. Colbert.

MONTESQ. 59 Lettr. pers. Corbleu, cherchez des termes moins offensants. MONTESQ. 59° Let, pers.

dis donc ce que tu vois. Oh! dame, on ne prend pas deux lièvres à-lafois. Rac. Les Plaid. 3, 3.

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Par la sambleu! messieurs, je ne cro-Et qui diantre vous pousse à vous faire impriyais pas être si plaisant que je suis. MOL. mer? MoL. Misanth.

Avant de décider à quelle classe appartiennent morbleu, corbleu, et autres mots semblables qui figurent dans tous les comiques, il faudrait en connaître l'étymologie, si toutefois ils en ont une.

Nous croyons que ce sont là autant de phrases qui équivalent à celle-ci : J'en jure par.....

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Ma foi! est dans la même analogie.

Ma foi, sur l'avenir bien fou qui se fîra. Rac. Les Plaid.

C'est-à-dire, j'en jure par ma foi.

1361

CHAPITRE II.

DES INVARIABLES dits PRÉPOSITIONS.

Le plus érudit des grammairiens commence son traité des prépositions par établir en principe que les prépositions n'ont par elles-mêmes aucune signification, et n'ont d'autres fonctions que celles de marquer des rapports entre les mots. Puis, entrant dans les détails, il attribue à chaque préposition un plus ou moins grand nombre de valeurs; et ainsi, par exemple, selon lui et presque tous les grammairiens,

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Cette funeste idéologie, d'après laquelle un même mot ne signifie rien et signifie tant de choses, fut créée dans les temps de la barbarie

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la plus ténébreuse, et sera probablement continuée dans les collèges et dans les universités jusqu'à la fin des siècles. Cependant il se forme en Europe une classe d'hommes qui n'admettent point de mots sans idées; c'est pour eux que nous écrivons, et ce traité donnera de nouvelles preuves :

Que tout mot a nécessairement une signification,

Et qu'il n'en a et n'en peut jamais avoir qu'une.

C'est en suivant le cadre même des grammairiens que nous continuerons la démonstration de ce principe, sur lequel repose tout le langage. Ici, peut-être plus que nulle part, nous pratiquerons ce précepte de La Fontaine :

Je ne dis rien que je n'appuie
De quelque exemple.

Ainsi, tout en montrant les divers emplois des prépositions, nous apprendrons à diriger l'instrument intellectuel.

Exemples.

Or à Nevers arrive enfin l'épitre,
Grave sujet, on tient le grand chapitre.
GRESSET, Ver-Ver. 2.
A Nevers donc chez les visitandines
Vivait naguère un perroquet fameux.
GRESSET, Ver-Ver. 1.

Il donna à Nevers sa bibliothèque.

A.

Traduction.

C'est-à-dire, l'épître arrive possédant ou devant posséder Nevers.

un perroquet vivait possédant, ayant ou habitant Nevers.

il donna sa bibliothèque, ayant ou possédant Nevers.

d vient du latin ad, et marque toujours l'idée d'une possession, soit future, soit présente.

N'ayant pu transporter dans notre langue le datif des Latins, nous avons cherché à le traduire approximativement par une périphrase. Il était impossible de mieux approcher du sens de ce cas qu'en copiant les Latins eux-mêmes, qui souvent remplacent leur datif par l'accusatif avec ad.

L'emploi de la préposition à sera donc bien plus fréquent dans notre langue, que ne l'est celui de ad dans la langue latine, parce que nonseulement à sert à traduire ad, mais qu'il fait partie de la périphrase qui remplace le datif latin (1).

(1) Demander comment à et un substantif peuvent traduire le datif des Latins, c'est demander pourquoi les Latins emploient quelquefois la même périphrase pour arriver au même résultat que celui qu'ils obtiennent par le datif; par exemple, quand ils disent scribo ad patrem et scribo patri. Sans doute scribo patri et scribo ad patrem ont des différences, parce qu'ils renferment des motifs différents; mais le résultat est à-peu-près le même, et c'est tout ce qu'on veut.

TABLEAU

Des différentes circonstances où s'emploie à, sans cesser d'être ce qu'il est, c'est-à-dire un signe de possession, PRÉSENTE OU

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