L'analyse montre trois valeurs dans eh, savoir: 1° une idée d'apostrophe; 2° une idée de conséquence; 3° une idée d'interrogation (1). Hé n'a que les deux premières valeurs; par lui j'apostrophe en conséquence d'une cause quelconque (2). On pourrait donc définir ainsi eh et hé. Eh exprime une idée d'apostrophe illative, interrogative; hé, une idée d'apostrophe illative. EH est-il bien employé dans les passages suivants? si je règne, j'espère De tous mes ennemis désarmer la colère. Tu crois que vainement je serais généreux. Eh bien! qu'ils soient ingrats, pourvu qu'ils soient heureux. Tu crois, etc., c'est-à-dire, à propos de cette croyance, je vous dis.... qu'ils soient heureux. Le sens appelait donc hé? RAYNOUARD, États de Blois, 3, 1. Joins ta main à la sienne, et rends grâce à son) père. Sois mon fils - Eh! Seigneur ! voyez son front Et ses genoux trembler! et son corps s'affaiblir. Dans les deux exemples cités, l'idée d'interrogation manque évidemment. Il serait impossible d'y traduire l'interjection par à propos de cela, dites-moi donc, ov je vous demande. Eh, au contraire, est bien employé dans les passages suivants des mêmes auteurs. C'est cesser de souffrir que sortir de la vie - C'est-à-dire, à propos de ce que vous Eh! pourrez-vous si jeune, aigri par vos mal-dites, je vous demande, pourrez-vous, etc. heurs... Ducis, Othello. On dirait qu'avec nous il craint de s'engager; geance. Eh! s'agit-il de Guise? Il s'agit de la France. Mais Othello l'ignore, il ne faut pas l'instruire. C'est-à-dire, à propos de cela, je vous (le demande, s'agit-il de Guise? C'est-à-dire, à propos de cela, je vous le demande, pourquoi se cacher? (1) L'avare dit qu'on lui a pris son trésor tout joignant cette pierre, et je m'écrie : Eh! sommes-nous en temps de guerre pour l'apporter si loin? Par cet ch j'apostrophe l'avare en conséquence de ce qu'il dit qu'on lui a pris son trésor tout joignant cette pierre, et je l'interroge ou je lui demande pourquoi il a fait cela, et j'ajoute sommes-nous donc en temps de guerre ? (2) Hé! bonjour, monsieur du corbeau. J'apostrophe monsieur du corbeau en conséquence ou à propos de ce que je le vois. Je ne l'interroge pas. Il y a des auteurs, ou plutôt peut-être des imprimeurs, qui n'adoptent que l'une des deux interjections, et la font servir dans les deux emplois. Hélas! hé, là! 1352 Du genre humain connais quelle est la trempe.' rampe. Hélas! monsieur, déjà je rampe assez. VOLT. Pauvre Diable." Que cela est malhonnête de refuser les personnes!... Hé, là!-Je te donnerai sur le nez... Tu t'émancipes trop. MOL. George Dandin, 2, 1. dis. Hé, là tout doucement. MOL. C'est-à-dire, à propos de cela, je vous dis que j'ai été bien las, bien ennuyé. C'est-à-dire, à propos de ce que vous voulez que je rampe, je vous dis que las ou malheureusement je rampe déjà assez. Hé, là! c'est-à-dire, hé! reste là. Hélas! on voit que de tout temps C'est-à-dire, à propos de cela, je vous Les petits ont pâti des sottises des grands. LA F. 2, 4. Il suffit de se comprendre pour ne jamais pouvoir confondre hé, là! et hélas. O mon fils, ma joie, ô l'honneur de mes O passion du jeu! hé quoi ! l'homme en délire Même avec des hochets se blesse et se déchire. Il en coûte à qui vous réclame, Oh! Oh, oh ! je n'y prenais pas garde; Tandis que sans songer à mal je vous regarde, Votre œil en tapinois me dérobe mon cœur. -- Avez-vous remarqué ce commencement, oh, oh! voilà, voilà qui est extraordinaire, oh, oh! comme un homme qui s'avise tout d'un coup, oh, oh! la surprise oh, oh! MOL. Femmes sav. Tout doux, oh! tout doux (Géronte Tout le monde se fait payer. LA F. 12, 6. frappé par Lucas ). Mol. Méd, malg, lui, O le plaisant projet d'un poète ignorant (1) Voltaire a péché contre le nombre en disant tu n'as point d'aile; il fallait tu n'as point d'ailes, car avoir de l'aile ne se dit point. O marque une simple apostrophe, mais qui tient à un sentiment plus ou moins profond. Molière, à la suite du fameux sonnet, on, on! je n'y prenais pas garde, nous fait expliquer, par une des femmes savantes, la valeur de oh. Tout doux, oh, tout doux, c'est-à-dire tout doux, arrêtez. On peut toujours le traduire par vous me surprenez, arrêtez. Oh, oh! c'est d'Aube. C'est-à-dire . vous nous surprenez, arrêtez, c'est d'Aube. Écrivez d'après les éditions autographes, Avec ô. O que si cet hiver un rhume salutaire, Avec oh. Impromptu à madame la princesse de Guérissait de tous maux mon avare beau-père ! Wirtemberg, qui avait appelé le vieillard BOIL. O combien le péril enrichirait les dieux, O l'étrange chose que d'avoir affaire à O que les grands parleurs sont par moi détestés! PAPA dans un souper. Oh! le beau titre que voilà! Je serais le père des Grâces. VOLT. Poésies mêlées. Oh! qu'ils ne seront pas si méchants qu'ils le disent. MOL. MOL. Oh! dit-il, qu'est ceci? Ma femme est-elle veuve? La F. 3,7. O qui m'arrêtera sous vos sombres asiles! Quand pourront les neufs Sœurs, loin des cours et des villes, M'occuper tout entier, et m'apprendre des Les divers mouvements inconnus à nos yeux ! Ce n'est pas mon compte, et les Dandins ne sont pas accoutumés à cette modelà. Oh! les Dandins s'y accoutumeront, s'ils veulent. MOL. Georg. Dand. 2, 4. Oh, oh! c'est là ce mal que vous me prêchez tant. LA F. 8, 13. Dans la première colonne, l'interjection ở était nécessaire; car il s'agissait tout à-la-fois d'exprimer une idée d'apostrophe et d'un sentiment profond. O combien le péril enrichirait les dieux! c'est comme si l'on disait : Vous qui m'écoutez, je vous dis que je sens vivement combien le péril enrichirait les dieux, si, etc. L'oh des éditions stéréotypes est un contre-sens; car La Fontaine ne nous invite point à nous arrêter pour mieux considérer ce qu'il va nous dire, c'est un sentiment profond qu'il exprime. Dans l'impromptu de la seconde colonne, Voltaire pouvait dire ô ou oh! selon la manière dont il était affecté. O le beau titre que voilà! marquerait que le papa prend les choses au sérieux, et qu'il est vivement émú; oh sent plus l'homme qui sait sa cour : il indique lasurprise, et par conséquent est plus modeste. Dans le premier cas, l'interjection fut détachée : Oh! le beau titre que 1353 voilà! Dans le second, l'exclamation eût été liée avec les mots suivants, et prononcée avec un accent intérieur. Ho, qui se trouve dans hold, est d'un emploi beaucoup plus rare que oh tous les deux, ils marquent non-seulement une idée d'apostrophe, mais encore un ordre, une invitation de s'arrêter, de se retenir. C'est comme si l'on disait arrêtez, écoutez. Ho paraît plus particulièrement consacré pour appeler : ho! venez ici. Hold, ho, là on oh, là! Hola! ne pressez pas tant la cadence, je ne fais que sortir de maladie. MOL. Hola, porteur, holà, là, là, là, là, Holà, Lucile, un mot, qui va là? Ho, la! monsieur Bobinet, monsieur Bobinet, approchez-vous du monde. MOL. Comt. d'Escardaguas. Le plus vieux au garçon s'écria tant qu'il put : Ho, là, ho descendez, que l'on ne vous le dise, Jeune homme qui menez laquais à barbe grise. LA F. 3, 1. NOTA. Les éditions modernes portent : Oh, là, oh, descendez, etc. Hola est la réunion de ho et de là, et il a la force des deux mots. Hola! porteurs; c'est-à-dire, arrêtez là, porteurs. Ho, la signifie aussi arrêtez là; mais l'interjection doit être détachée dans la prononciation: ho, ld, ho. Elle doit être séparée de la, lorsqu'elle est le mot principal. Elle y doit être réunie, quand elle est le mot accessoire, et que c'est sur la que l'idée s'appuie. Hold, porteurs, hold, là, là, là, là. Hold s'emploie aussi substantivement; on dit mettre le holà. Un clerc, pour quinze sous, sans craindre le holà, 1355 IV. ACAD. Ahi! ahi! à l'aide, au meurtre, au secours, on m'assomme! Explications. Voyez ahi, qui nous paraît être la véritable orthographe de cette interjection. Ahi! c'est-à-dire, je souffre, on me fait Ainsi l'on voit que aie, ou plutôt ahi, marque un simple sentiment de douleur, hai un sentiment de surprise, mêlée d'impatience ou d'une peine quelconque. V. OUAIS, ou l'interjection dite Franc-Comtoise. Au lieu de aie, ahi, pour exprimer un sentiment arraché par la douleur, les habitants de l'Est ne manquent jamais de laisser échapper le cri ouais, ouais! On va voir, par des exemples qui attestent le bon usage, que tel n'est jamais le sens de cette interjection. Ouais! notre servante Nicole, vous Ouais! c'est-à-dire, je m'étonne, mais avez le caquet bien affilé pour une pay-avec pitié, que vous ayez le caquet si bien sanne. MOL. Bourg. gentilh. M. Jourdain appercevant Nicole qui écoute, et lui donnant un soufflet: Ouais! vous êtes bien impertinente. MOL. Bourg. Gentilh. Mon choix sera suivi, c'est un point résolu. -Ouais! vous le prenez là d'un ton bien absolu. MOL. Fem. sav. 5,3. affilé. Ouais! c'est-à-dire, j'admire en vérité, mais avec pitié, combien vous êtes imper. tinente. Quais ! c'est-à-dire j'admire, mais avec pitié (car je connais bien votre faiblesse ), que vous le preniez d'un ton si résolu. |