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Disant ces mots, ses sanglots s'arrêtèrent. I

Elle se tut, mais ses larmes parlérent.
VOLT. Contes en vers.
Je n'admirai jamais la gloire de l'impie,
Tous ses jours paraissent charmants,

L'or éclate en ses vêtements....

RAC. Athal. 2, 9°

Par ma foi! ces gens-là sont vraiment malheureux.

Chaque fois qu'on leur parle, on a donc besoin d'eux! ETIENNE, les Deux Gendr.

Mais peut-être déjà cet article a trop d'étendue pour ceux-là même à qui il est adressé.

N° 5. Ce pris substantivement.

1066 On a déjà vu plusieurs exemples de ce employé sans substantif, c'est une femme, pour cet objet est une femme. C'est dans cet emploi que ce peut être regardé comme l'un des cinq ou six mots qui concourent le plus à caractériser le génie de notre langue. Nous allons le considérer uniquement sous ce point de vue.

PREMIERE ANALOGIE.

1067 C'est moi qui suis Guillot, berger de ce trou- | C'est nous, braves amis, que l'univers con

peau. LA F. 3, 3. Homme! ne cherche plus l'auteur du mal: cet auteur, c'est toi.

J.-J. R. Emil. 4. C'est Hector, disait-elle, en l'embrassant toujours;

C'est lui-même, c'est toi, cher époux, que
j'embrasse :

Voilà ses yeux, sa bouche, et déjà son audace.
RAC. Androm. 2,5.
Ce fut depuis chose à Rome ordinaire,
Que l'on baisat la mule du Saint-Pére.
VOLT. Mule du Pape.
C'était tous les jours de nouvelles ac-
cusations. VOLT. Zadig.

temple. VOLT. Mort de César.

C'est vous qui seriez trompé si je vouIlais suivre les conseils que me donne le | grand eunuque. MONTESQ. 65o Let. pers. Ce n'est pas les Troyens, c'est Hector qu'on poursuit. Rac. Andr. 1, 2.

Il faut toujours que la femme commande, C'est-là son goût; si j'ai tort, qu'on me pende. VOLT. Contes en vers.

C'est donc les dieux et non pas la mer qu'il faut craindre : fussiez-vous au fond des abîmes, la main de Jupiter pourrait vous en tirer. FÉNÉL. Télém. 6.

On voit que dans toutes ces phrases ce fait les fonctions du mot primordial ou sujet, et que c'est à lui que se rapporte le verbe est, était, fut;

Que moi, toi, lui, Hector, chose, nous, vous, eux, quoiqu'ils paraissent remplir le rôle principal, ne sont que des appositions. Car le verbe qui est à la troisième personne du singulier ne peut avoir pour sujet moi, toi, nous, vous, qui ne sont pas de la même personne; nous, vous, eux, qui ne sont pas du même nombre. Quant à lui, Hector, chose, ce sont bien des mots de la troisième personne du singulier; mais l'analogie porte à les regarder aussi comme apposés, et la construction le montre. Quand on dit: César fut un traître, ce fut un traitre, César et ce remplissent la même fonction et sont également le sujet du verbe.

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Anomalie.

Lorsque ce a pour apposés des substantifs pluriels de troisième personne, tantôt les auteurs l'emploient dans l'analogie précédente en le fesant suivre d'un verbe singulier; tantôt, et cet usage est le plus fréquent, ils s'écartent de cette analogie et mettent le verbe au pluriel.

Ah! ne nous formons point ces indignes obs-tiens? Sont-ce des Turcs? Sont-ce des hommes? Sont-ce des démons?

tacles,
L'honneur parle, il suffit, ce sont-là nos oracles.

RAC. Phedr.

Et ce ne sont point les louanges,
C'est la vertu que tu chéris.

J.-B. R. Ode au prince Eugène.

Tous les discours sont des sottises,
Partant d'un homme sans éclat :
Ce seraient paroles exquises
Si c'était un grand qui parlât.

MOL. Amph. 2, 1.
Sont-ce des religieux et des prêtres qui
parlent de cette sorte? Sont-ce des chré-

PASCAL; 14 Let. prov. Un lomme inégal, ce n'est pas un seul homme, ce sont plusieurs. LA BRUY. 11.

Ce ne sont point les médecins qu'il joue, c'est la médecine.

MOL. Malad. imag. 3, 3. Ce ne furent plus les soldats de la répupublique, mais de Sylla, de Marius, de Pompée, de César.

MONTESQ. Grand. et Décad. des Rom. 9.

Quoique le singulier fût davantage dans l'analogie, le pluriel n'est pas difficile à expliquer. Ce est considéré dans ces phrases comme un substantif collectif; alors il se fait une syllepse comme dans la plupart vont, etc.

Les auteurs se sont crus si peu obligés par la règle des grammairiens qui exigent dans cette dernière circonstance le verbe au pluriel, qu'ils fournissent un assez grand nombre de phrases où le verbe est employé dans les deux nombres.

D'ailleurs ce n'est pas eux qu'il faut | Dans cent ans le monde subsistera cnpunir, ce sont les barbares sédentaires core en son entier. Ce sera le même qui, du fond de leur cabinet, ordonnent théâtre et les mêmes décorations, ce ne dans le temps de leur digestion le mas- seront plus les mêmes acteurs. LA BRUY. 8. sacre d'un million d'hommes, et qui ensuite en font remercier Dieu solennellement. VOLT. Micromégas.

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L'énumération est à-peu-près complète. C'est le verbe aroir qui se reproduit le plus souvent : ç'a été, c'eût été, c'aurait été, si ç'avait été moi, etc. Mais le grand usage de ce pris substantivement, c'est d'être placé devant les temps personnels du verbe être.

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Cet emploi de ce est imité de la langue latine. Est-ce donc être père ? HOC EST ESSE PATREM (Térence, Adelphes). On en verra l'explication dans l'infinitif.

QUATRIÈME ANALOGIE.

1971 Ce, employé de diverses manières, propres à varier la construction des phrases et à donner à la pensée plus d'énergie.

On dit :

C'est souvent du hasard que nait l'opinion,
Et c'est l'opinion qui fait toujours la vogue.
LA F.

Quittez-moi la règle et le pinceau. Prenez un fiacre et courcz de porte en porte. C'est ainsi qu'on acquiert de la célébrité. J.-J. R. Emil. 3.

On pourrait dire : L'opinion naît du hasard, et l'opinion fait toujours la vogue.

Quittez la règle et le pinceau, prenez un fiacre et courez de porte en porte. On acquiert ainsi de la célébrité.

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Nous ne pousserons pas plus loin ces détails. Ce, pris substantivement, est d'un grand usage. Il est sur-tout merveilleux par les moyens qu'il fournit de mettre sur le devant du tableau ce qu'on veut faire le plus remarquer. Par ce seul mot, l'un des plus caractéristiques de notre langue, beaucoup de phrases peuvent être doublées et prendre un tour plus pittoresque et plus énergique.

CELUI, CELLE, CEUX, CELLES, sont des composés de CE et de LUI, etc.
Pluriel.

Singulier.

C'est un méchant métier que celui de médire.
BOIL. Sat.

Il n'y a peut-être jamais eu de réputation plus usurpée que celle de SaintEvremont. VOLT. sur Sophr. 1, 3.

C'est assez des défauts de l'ouvrage

sans que je présente encore à la critique ceux de ma personne. MONT. Préf. Let.pers.

Toute l'Egypte était noble, et d'ailleurs on n'y goûtait de louanges que celles qu'on s'attirait par son mérite. Boss. Hist. univ.

C'est-à-dire, c'est un méchant métier que le métier de médire, etc. On voit que celui, celle, etc. ont vraiment la force des deux mots composants, c'est-à-dire celle de l'adjectif ce ou le, et celle d'un substantif de troisième personne lui, elle, etc.

Il est à remarquer qu'il ne s'emploie jamais sans un complément, qui est ordinairement qui, que, ou dont.

Il n'y a que le masculin celui et ceux qui puisse être employé sans rapport à un substantif précédemment exprimé.

Celui-là fait le crime à qui le crime sert.

VOLT. Sur Médée, 3, 3. Ceux qui emploient mal leur temps sont les premiers à se plaindre de sa brièveté. LA BRUY. 12.

Et je porte à manger
A ceux qu'enclot la tombe noire.
Le mari repart sans songer:
Tu ne leur portes point à boire!

LA F. 1, 1.

C'est-à-dire cet homme-là fait le crime à qui le crime sert, ces hommes-là qui emploient mal leur temps, etc. C'est le substantif homme, hommes qu'on a dans l'esprit, lorsque celui et ceux sont ainsi employés sans substantif antécédent.

Et, si l'on dit en voulant désigner Dieu :

Celui qui met un frein à la fureur des flots

Sait aussi des méchants arrêter les complots. Rac. Ath. 1, 1.

c'est à défaut d'un mot plus propre. C'est ainsi qu'on dit ferrer un cheval d'argent, aller à cheval sur un bâton, en étendant la signification de ferrer, aller à cheval, à des actions qui ont avec ces deux-là de la ressemblance.

Emploi extraordinaire de CEUX.

1073 On trouve dans les historiens ceux de Veies, ceux de Cremone, ceux d'Antibes, etc., pour les habitants de Veïes, de Crémone, d'Antibes. Cet emploi est contre l'analogie de ce mot qui a coutume de n'être employé que pour rappeler l'idée d'un substantif précédemment exprimé. Encore faut-il ajouter que ce tour n'appartient qu'au style un peu familier.

Il n'est pas besoin de dire que celui-ci, celui-là, ne différant de celui que par ci et là, ils peuvent s'employer absolument, c'est-à-dire sans rapport à un substantif antécédent, comme dans celui-là fait le crime d qui le crime sert.

Quand ils sont mis en opposition, celui-ci, celle-ci, etc., indiquent les objets proches, celui-là, celle-là, etc., les objets éloignés.

Dans une ménagerie

De volatiles remplie

Vivaient le cygne et l'oison;

Celui-là destiné pour les regards du maître,
Celui-ci pour son goût...... LA F. 3, 12.

Ceci, cela, et
On doit écrire en un seul mot :
$75
C'était ceci, c'était cela. LA F. 7, 5.
Cela dit, maitre loup s'enfuit et court encor.
LA F. 1, 5.
LA F. 1, 8.

075

Ceci ne me plait pas, dit-elle aux oisillons.

Deux mulets cheminaient, l'un d'avoine chargé,

L'autre portant l'argent de la gabelle;
Celui-ci glorieux d'une charge si belle
N'eût voulu pour beaucoup en être soulage.

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On doit écrire en deux mots :
Ah! dit-il, qu'est-ce ci? Ma femme est-elle
veuve? LA F. 3,7.

Qu'est-ce là? lui dit-il. - Rien. Quoi ! rien
Peu de chose. La F. 1, 5.

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Les amateurs de règles en peuvent faire une à vue de ces exemples, au risque de trop généraliser selon leur coutume.

LE, LA, LES.

Vu l'importance et le nombre des observations que nous avons à faire sur ce déterminatif, nous diviserons ce sujet en numéros.

Exemples.

NUMÉRO 1°r.

1. D'où vient la faiblesse de l'homme? de l'inégalité qui se trouve entre sa force et ses désirs? J.-J. R. Emil. 3.

Observations.

Homme est ici pris pour toute l'espèce, comme si toute l'espèce ne fesait qu'un individu.

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