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LA GRÈCE.

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I

·Coup d'œil sur la littérature grecque depuis les poésies orphiques jusqu'à la conquête macédonienne.

La poésie s'est d'abord développée dans l'Orient; et ce vaste monde, que la science de nos jours commence à entrevoir, n'a encore révélé à nos regards avides qu'une partie de ses mystérieuses richesses. Toutefois il est permis d'écrire, d'après les livres connus jusqu'à ce jour, que la poésie y a le caractère grandiose et solennel des paysages de l'Asie. Comme nous l'avons dit, l'idée de l'infini plane sur toutes ces magnifiques inspirations; et le plus gigantesque monument oriental, la Bible, n'est qu'un hymne à Dieu, un grand cri d'amour et de douleur jeté vers le ciel par l'homme courbé sous l'esclavage de la terre. Il était dans les desseins providen

tiels que peu à peu la civilisation se retirât du berceau de l'humanité; la poésie devait la précéder sur la nouvelle terre bénie qui allait à son tour porter les fruits du génie et faire progresser le genre humain. La civilisation a marché comme le soleil, de l'Orient à l'Occident; mais Dieu a marqué des terres saintes qui lui ont servi d'asile sur sa route glorieuse. La Grèce fut, sans contredit, une des plus privilégiées. «Séparée de l'Asie par l'Hellespont et la longue avenue de la Thrace, couverte au nord par cette haute chaîne de montagnes qui la sépare ainsi que l'Italie des plaines ouvertes de l'Europe septentrionale, environnée de tous les autres côtés par les flots, la Grèce, à toutes ces fortifications extérieures, joint l'avantage d'être construite au dedans comme un château du moyen âge. Une muraille y succède à une muraille, une porte à une porte; c'est un labyrinthe inextricable qui garde toujours une issue et un asile pour ses défenseurs après chaque défaite, un piége et un péril pour ses ennemis après chaque victoire. Sur cette terre, éclairée par un beau soleil, baignée par des mers pittoresques, parée jusqu'à la profusion des sauvages ornements d'une végétation vigoureuse, la Providence avait jeté, pour l'élever au profit de l'humanité, une race d'hommes non moins admirablement organisée; race active, brave, d'une imagination audacieuse et poétique, amie de l'eau et des montagnes, et par conséquent de l'indépen

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