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forment une dernière section. Le traité d'Aristote sur la rhétorique est en trois livres; mais on y réunit un autre ouvrage intitulé Rhétorique d'Alexandre, qui n'est pas d'Aristote, et que l'on croit appartenir à Anaximène de Lampsaque, qui accompagna Alexandre dans son expédition. L'ouvrage sur la poétique, tel que nous le possédons, est seulement ou une ébauche, ou un extrait incomplet d'un ouvrage plus considérable. »

Les disciples de Platon s'appelèrent longtemps académiciens, ceux d'Aristote péripatéticiens.

Après Aristote, la philosophie grecque avait fini. Tous les systèmes avaient été essayés, discutés compris. Jusqu'au christianisme, il n'y avait plus qu'à attendre. L'épicuréisme n'est autre chose que le sensualisme poussé à l'extrême, quoique l'intention de son fondateur n'ait pas été telle. Le stoïcisme de Zénon a sa source dans le spiritualisme. Son austérité est une affaire de pure morale; c'est le christianisme moins l'amour, c'est-àdire moins ce qu'il y a de plus divin et de plus exquis dans cette religion sublime. Pendant deux mille ans, Platon et Aristote n'ont cessé de présider aux travaux philosophiques dans le monde; ils en ont été l'âme. On s'est servi de leurs noms pour combattre le christianisme, que Platon avait si magnifiquement préparé. Dans la ville savante de l'Égypte qui porte encore le nom d'Alexandre, dans les cloîtres silencieux de l'Europe au moyen âge,

on s'est passionné pour et contre ces deux grands hommes; on a reproduit sous d'autres formules leurs idées et leurs systèmes. Nous n'avons pas assez pratiqué encore les travaux psychologiques de l'Allemagne moderne; mais nous n'osons pas assurer qu'elle ait trouvé autre chose que de nouveaux termes pour rendre des idées déjà émises par la philosophie grecque.

Nous ne terminerons pas ce chapitre sans dire quelques mots de la Poétique d'Aristote. La critique ne peut rédiger ses codes que d'après les chefsd'œuvre qu'ella a étudiés. Les véritables créateurs de la Poétique d'Aristote sont Homère, Eschyle, Sophocle, Ménandre, Pindare, Aristophane. Il a enseigné à ses compatriotes quelles règles s'étaient imposées à eux-mêmes ces génies immortels. Oh! avec quels sarcasmes cet homme si judicieux, si spirituel, accueillerait-il les pédants aveugles qui ont imaginé que les mêmes lois devaient éternellement régir tous les peuples et tous les siècles! J'ai recueilli, dirait-il, les préceptes qui convenaient aux artistes dans la civilisation grecque; mais loin de moi l'idée d'entraver jamais la marche ardente et libre de l'humanité, au milieu de laquelle ma glorieuse patrie a joué un rôle si brillant, a déployé un génie si créateur! A d'autres peuples, à d'autres temps, de nouveaux développements dans la pensée et dans l'art, de nouveaux chefs-d'œuvre qui enfanteront d'autres lois.

Il n'existe pas en Grèce de livres sacrés comme chez les peuples orientaux. C'est dans les poètes, dans les débris orphiques, dans Homère, dans Hésiode, qu'il faut étudier cette brillante mythologie. Plusieurs de ces divinités sont d'origine grecque; quelques-unes avaient été l'objet d'un culte chez les Indous et les Égyptiens.

Le paganisme est un progrès si on le compare au panthéisme indien, que l'on peut appeler la religion de la nature. Ce culte rendu aux personnes des dieux est certainement plus près de la notion véritable de la personnalité divine. Le Dieu souverain apparaît d'ailleurs souvent dans les livres des poètes avec des attributs d'une telle puissance qu'on peut prendre les autres divinités pour des intelligences supérieures à l'homme et servant d'intermédiaires entre la terre et le ciel.

Mais, dans les détails, dans l'application, la religion des Grecs ne semble plus qu'une suite de fables éblouissantes de poésie et souvent scandaleuses comme un récit de l'Arioste. Ces dieux font sourire les hommes de pitié.

Les théories cosmogoniques puisées dans les poètes ne sont qu'une répétition des rêves gigantesques de l'Inde. La plus sérieuse religion de la Grèce est sa philosophie, et cela vient encore démontrer ce que nous avons dit tant de fois, c'est que ce peuple a surtout développé dans le monde l'élément humain; il a laissé le ciel à l'Orient et il s'est emparé de la terre.

ROME.

COMMENCEMENTS DE LA LITTÉRATURE

ROMAINE.

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