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Je crois que ce qu'ils font a de bonnes raisons,

Et que tous leurs Patrons font bien leurs guerisons,
Qu'on guerit de tous maux en leur offrant un cierge,
Qu'on en guerit plûtôt s'il eft de cire vierge:
Que qui ne guerit pas n'a pas affés de foi,
Et je croi tout cela parce que je le doi ;

Pour moi, je ne veux pas penetrer le mistere,
Mon Pasteur me l'a dit, c'eft à moi de me taire.

Je crois tout ce qu'il dit, s'il fait mal à fon dan;
Mais je fouffre à regret que l'on achete un ban,
Et que les Ornemens qui fervent à l'Eglise
Soient de different prix, comme la marchandise,
Si vous voulez les beaux à vôtre enterrement,
Il faut tant vous dit-on, pour un tel parement,
Et pour l'argenterie, un Crieur vous demande
Si vous voulez avoir la petite ou la grande,
Le prix eft different, il vous coûtera tant.
Et fi, l'on ne fait rien, fi l'argent n'eft comptant,
Jamais aucun credit ne fe fait à l'Eglife :
N'avez-vous point d'argent, la croix de bois est mise.

Taifons-nous toutefois, car il eft dangereux

De parler des Pasteurs, & de mal parler d'eux.
Telles gens ne font pas des fujets de Satire :
Muse, va prendre ailleurs quelque fujet pour rire.
*Va t'en au Chatelet pour voir deux Conseillers
Ils étoient l'an paffé chez Monfieur Duperiers.

Et comme de feconde on monte en Rethorique,
Ils furent Confeillers fortant de la Logique.
Une explication fur une fimple Loi,

Les abattit tous deux, mais ma Mufe tais toi
J'ai beaucoup de procés s'y tu dis quelque chofe
Tu me met en danger de voir perdre ma cause.
Ha! cette liberté trop grande que tu prens,
Me feroit condamner pour le moins aux dépens.
Trop heureux feulement fi ces pauvres Novices,
Se vouloient moderer en taxant leurs efpices.
Je fçai qu'en fait de taxe ils valent bien les vieux
Qu'ils la font auffi bien, pour ne pas dire mieux.
Mais brisons là deffus ne faifons pas querelle
Conter les taxes-là ne font que bagatelle,

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Les Greffiers aujourd'hui font des plus grands abus Et ce font ces gens-là qui friponnent le plus.

Je voudrois bien pouvoir les paffer fous filence,

་།,

Mais quoi pour quatre mots que porte une fentence,
Pour dire un défendeur payera cent écus,
Ils font en parchemin quatre Rôles & plus;
Enfin ils font fi bien que de quatre paroles
Que prononce le Juge, ils compofent des rőlles.
En petits parchemins plus courts de quatre doigts,
Qu'il ne leur eft permis par l'ordre de leurs Loix.

*Ceci est augmenté.

**

PREFACE.

Je

E petit Traité, dont donne la traduction au public, eft une piece échapée du naufra

ge de plufieurs autres Livres que Longin avoit composé. Encore n'eft-elle pas venue à nous toute entiere. Car bien que le vohumo ne foit pas gros, il y a plufieurs endroits defectueux, & nous avons perdu le Traité des Paffions, dont l'Auteur avoit fait un Livre à pare qui étoit comme une fuite naturelle de celui-ci. Neanmoins tout défiguré qu'il eft, il nous en refte encore allez, pour nous faire concevoir une fort grande idée de fon Auteur,

*

& pour nous donner un veritable regret de la perte de fes autres Ouvrages. Le nombre n'en étoit pas mediocre. Suidas en compte jufqu'à neuf, dont il ne nous refte plus que des titres affez confus. C'étoient tous Ouvrages de Critique. Et certainement on ne fçauroit affez plaindre la perte de ces excellens Originaux, qui à en juger par celuici, doivent être autant de chefd'œuvres de bon fens, d'érudition, & d'éloquence. Je dis d'éloquence, parce que Longin ne s'eft pas contenté, comme Ariftote & Hermogene, de nous donner des preceptes tous fecs & dépouillez d'ornemens, il n'a pas voulu tomber dans le défaut, qu'il reproche à Cecilius, qui avoit, dit-il, écrit du Sublime en bas. En traitant des beautez de l'Elocution, ila employé toutes les fineffes de l'Elocution.

Souvent il fait la figure qu'il enfeigne,& en parlant du Sublime, il eft lui-même tres- fublime. Cependant il fait cela fi à propos & avec tant d'art, qu'on ne fçauroit l'accufer en pas un endroit de fortir du ftile didactique. C'eft ce qui a donné à fon Livre cette haute reputation qu'il s'eft acquife parmi les Sçavans, qui l'ont tous regardé comme un des plus precieux restes de l'Antiquité fur les matieres de Rhetorique. Cafaubon l'appelle un Livre d'or, voulant marquer par là le poids de ce petit Ouvrage, qui malgré fa petiteffe peut être mis en balance avec les plus gros volumes.

Auffi jamais homme, de fon tems même, n'a été plus eftimé que Longin. Le Philofophe Porphire qui avoit été fon difciple, parle de lui comme d'un prodige. Si on l'en croît, fon jugement étoit la regle du bon fens, fes de

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