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Dix-huit ans !... C'est l'âge d'or, l'âge du rêve, de l'illusion, de l'espoir ! Pourquoi pas aussi l'âge de la réflexion et du devoir ? La jeune Agnès meurt martyre à treize ans ! L'héroïque Venant à quinze, l'angélique Stanislas à dix-huit, ont déjà conquis la plus plus glorieuse des couronnes! Oh! Quelle carrière, si tôt enrichie, si tôt récompensée au sein de la gloire et de la béatitude! Sur terre, quel honneur aussi et quels exemples !

Dix-huit ans !... Alors la jeunesse est dans toute sa floraison. C'est le règne de la vie, de la beauté, de tous les dons, apanage d'un heureux printemps. Alors, tout sourit : le firmament est plus bleu et plus limpide; les arbres sont plus verts, le gazon est plus moëlleux; les fleurs plus odorantes semblent se revêtir d'une plus brillante parure, comme pour solliciter une caresse de la main, un baiser des lèvres ou des yeux. Les oiseaux gazouillent d'une voix si fraîche que l'on croirait entendre l'écho répéter dans les vallons et sur les côteaux: "Dix-huit ans ! Je te salue, beau printemps de la vie !”

Mais quelle magie évoque soudain le passé, comme s'il était d'hier! La mémoire et le cœur rappellent à la vie les fugitives. impressions et les sensations innocentes des années d'enfance. Tout renaît au foyer, et aux alentours. Voici les premières émotions c'est un jouet, une poupée, un berceau : quelle joie de faire la petite maman; comme on sait bien gronder alors ! C'est un livre à tranches dorées, le premier cadeau d'un papa soucieux de faire lire les premières pages bientôt délaissées, les ennuyeuses pages les images, oui! elles sont belles et ont un langage que l'on comprend mieux.

Puis arrive le souvenir des premières visites conscientes à l'église, la première épreuve des sept ans, la première confession. Que le cœur bat vite et fort...! C'est fini: la terreur s'est évanouie, ainsi que la curiosité naïve, devant les bonnes paroles du confesseur et des bonbons de la maman, en guise de pénitence.

Et tous les mille petits riens, qui composent la trame des jours et des semaines, semblent alors bien importants: une promenade, un voyage, un dîner, une contrariété, une blessure, une punition, quoi encore? tout prend la proportion d'un événement. Ces riens ne forment-ils pas, pour l'âme, la longue chaîne des souvenirs qui ressuscitent ce qui n'est plus ?

Avec l'adolescence vient le plus grand acte de la vie chrétienne,

la première communion. Comment retracer la physionomie de ce grand jour ? L'on est impuissant à ressaisir l'influence que l'on a subie: l'air sentait le ciel, les lumières enveloppaient de leur éclat, les cantiques de leurs échos, les fleurs de leur arome, la piété de ses exhalaisons parfumées. L'on revoit l'entourage, la place occupée, les vêtements que l'on portait. Oh! elle est bien enracinée dans le cœur, cette émotion divine qui jette un tel épanouissement à travers l'amas des sensations qu'entassent les années, sans le Alétrir !

C'est enfin la douce et simple succession des dimanches et des fêtes, ramenant les mêmes impressions de joie sereine, au pied des saints autels. Puis il a fallu prendre le vol vers le pensionnat. Quelle secrète angoisse, quelle agitation de terreur, en entrant dans les murs du vieux monastère ! Ces grands murs blanchis, ces vilaines grilles qui s'interposent entre l'enfant et les baisers maternels, ces religieuses à l'air austère, ces visages de compagnes inconnues, tout glace d'effroi, tout semble paralyser les battements du jeune petit cœur. Est-il étonnant que les premiers jours se passent à essuyer des larmes, à étouffer des sanglots! Peu à peu, le voile tombe, l'œil dilate sa pupille, les lèvres dessinent un sourire l'on s'apprivoise, l'on s'acclimate; la prière et l'étude rassérènent l'horizon, d'où s'effacent les nuages de l'ennui.

Le présent console ainsi du passé. Les semaines et les mois roulent comme les chars sur l'acier de la voie bien plane... L'esprit se nourrit de connaissances, la volonté se plie au niveau du règlement commun, le cœur vibre à l'unisson de cœurs amis, et bientôt l'année touche à sa fin: les vacances reconduisent au foyer !... Le désir du nouveau ramène au pensionnat, et les années ont poussé les années, comme les vagues se pressent vers le rivage, où elles

se meurent.

Arrivé au terme du cours d'études, il semble que l'on vient de l'inaugurer. Si "tout n'est pas rose," que tout a passé vite !... Après le présent l'avenir. Comme on hésite sur le seuil du monde, l'on a peur! Combien, à dix-huit ans, ont vu échouer leur esquif sur les écueils de cette mer inconnue ! La perspective, belle aux têtes légères et avides de plaisir, provoque le sourire impatient; moins riante aux esprits refléchis, elle suggère la défiance et la circonspection prudente. Tremblante, on voudrait se rattacher aut port, et c'est avec regret maintenant que l'on quitte ses môles et ses phares.

Dix-huit ans !... L'heure a donc sonné l'adieu aux Maîtresses, l'adieu aux compagnes plus jeunes. Les pleurs des premiers jours furent moins amers que les larmes de la suprême séparation; mais si le corps s'éloigne, le cœur emporte la précieuse liqueur des souvenirs, l'âme se sent retenue captive des biens de la gratitude, de l'affection, de l'amitié. En dépit des siècles qui rongent tout, la cire garde l'empreinte des effigies qu'elle sauve de l'oubli : malgré le temps et la distance, la vie entière conservera la mémoire embaumée du pensionnat dans un cœur de dix-huit ans ! (1) M. T. F.

BIBLIOGRAPHIE.

1. La Langue française au Canada, -conférence de J. P. TARdivel, à l'Union Catholique de Montréal, le 10 mars 1901.

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