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imagination, ils voient leur chef-d'œuvre, un magifique bonhomme de neige, avec de gros yeux rouges, un nez formé d'un morceau de charbon, ayant une pipe au bec et pour mains, une paire de gants qu'ils auront probablement dérobés à leur papa, afin de donner à monsieur "snowman" l'apparence d'un homme vivant et pouvoir ainsi effrayer quelques peureux qui passeront ce soir, lorsqu'il commencera à faire noir. Oh! que ces enfants sont heureux! qu'ils sont joyeux! Il fut un temps où je lui ressemblais à cette troupe joyeuse, et maintenant encore je trouverais quelque plaisir à m'amuser à faire des "bonhommes de neige."

N° IV.

L'HIVER EN VILLE.

(Devoir d'écolier)

L'hiver est la plus triste des saisons: plus de feuilles, plus de verdure, plus de fleurs ! C'est à peine si quelque vigoureux chênes ont tenté de soustraire à la gelée leur parure jaunissante d'automne; seuls, les sapins hérissent leurs aiguilles sombres, qui frémissent et sifflent sous les rafales de la tourmente. Plus d'hirondelles légères "caracolant dans les airs," plus d'oiseaux chanteurs : tous excepté l'audacieux et agaçant moineau ont pris leur vol vers

des climats plus cléments.

Le firmament voile d'ordinaire sa robe d'azur qui disparaît sous les tentures grises des nuages et des brouillards; les jours

Voici un essai modeste sur un sujet actuel : il aidera à concevoir d'autres du même genre. Il eût été facile de lui donner plus de développement, mais la place nous force à le restreindre.

Plan: I. Début: Aspect triste de la nature... sur terre... dans l'atmosphère... apparition de l'hiver: frimas, bise, neige, glace...

II. Milieu: Agréments de l'hiver... pour l'enfance... la jeunesse... tous les âges... - Sorties en traîneau... Les personnes dans les rues... dans les demeures: leurs divertissements.

vres...

- Contraste entre les riches et les pau

III. Conclusion: Raisons morales... pensées surnaturelles...

On remarquera que l'on s'est efforcé de rédiger ce devoir dans un style personnel, et d'en bannir les tours de phrases surannés, les expressions générales, les alliances de terme toutes faites,

sont courts et froids, les nuits longues et glaciales. La nature entière s'ensevelit dans un sommeil obstiné, dont elle ne doit sortir qu'à l'aube tiède du printemps. L'hiver sans pitié ramène les frimas, la bise glacée qui entre par les interstices et les fissures avec un gémissement si lugubre et si mélancolique; il étend de blancs linceuls sur les coteaux, les montagnes, les vallées, les plaines, et jette un solide manteau de glace sur les rivières et les fleuves.

Adieu, désormais, les longues promenades dans les bois ou sur les grèves; adieu, les courses folles dans les prairies et à l'air pur des campagnes !

* *

Mais l'hiver n'est pas sans offrir des agréments de sa façon. L'enfant salue son apparition par des tressaillements et des transports: armé de pied en cap par la main maternelle, il brave ses rigueurs et dompte son courroux. La neige il en rit, la piétine,

la transporte, l'entasse, se roule dessus, se cache dessous; ces cristaux amoncelés lui servent de matériaux pour son art à lui, et on le voit aussitôt s'improviser maçon, modeleur, sculpteur, architecte. La glace! il la plie à ses caprices, à ses jeux, à ses amusements; voyez comme il sillonne en gambadant ce miroir large, uni, étincelant. Quel entrain pendant de longues heures toujours trop courtes, et quelle émulation! Le patinage est de mode, et la jeunesse ruisselle des sueurs d'hiver autant et plus que sous les ardeurs de juillet !...

Marchands des villes, dans vos vitrines étalez les fourrures et les "capots"! Les achats sont faits, et vite, en traîneau! Quelle file interminable, le dimanche surtout! c'est une promenade sans poussière aveuglante et salissante, c'est une course au clocher, c'est un pari ou un défi : les pauvres bêtes allongent le pas et s'entraînent à l'envi, jalouses elles-mêmes de la victoire finale, comme si elles avaient conscience de l'orgueil de leurs maîtres.

Sortez le matin, sortez le soir dans les rues-mais gare les avalanches qui tombent des toitures! que peut la dent et la morsure de la bise contre les pelleteries transformées en “casques," en cuirasses, en brassards, en jambières? Cette pacifique chevalerie du nord serait-elle une armée de fauves qui a quitté les forêts et les steppes pour se bâtir des villes, ouvrir des magasins et des bureaux, élaborer des lois et jouir des splendeurs de la civilisation!

De la rue entrez dans les habitations si expérimentalement

aménagées contre les âpres menaces de l'hiver. Ici, nouveaux attraits et plaisirs variés. Quel bien-être n'éprouve-t-on pas, lorsque le vent fait rage au dehors, et que le grésil ou la neige fouettent les vitres, à se gaudir auprès d'un feu pétillant et clair, à se bercer autour d'une table, couverte de pots de verdure ou de fleurs, éclairée d'une lumière tamisée par de fragiles dentelles ! C'est au coin du feu ou dans un salon à température d'été, que l'on se délasse entre parents et amis. L'un raconte ses souvenirs personnels, l'autre fait revivre ses ancêtres et leurs prouesses. L'on rit, l'on cause, l'on joue. Une jeune fille fait applaudir ses talents d'artiste ou de chanteuse, une autre manie l'aiguille, et une troisième feuillette un livre ou en donne lecture à haute voix...

Ce qui fait la joie des riches fait le malheur des pauvres. En effet, tandis que les familles à l'aise s'amusent et folâtrent dans leurs chaudes demeures, d'autres, à leur porte, grelottent sous de pauvres habits dans une masure sans feu et sans lumière. La main de la charité restera-t-elle fermée sans adoucir leur souffrance?

Donnez, riches, l'aumône est sœur de la prière !

Laissez tomber à pleines mains vos offrandes. Donnez au moins un peu à ceux dont la bonne volonté ne peut trouver du travail, aux infirmes et aux vieillards qui se voient impuissants même à déblayer les neiges de la rue, pour qu'un jour Dieu vous assiste et vous protège!

O Dieu! toutes les saisons chantent votre nom et proclament votre puissance miséricordieuse! Le péché a rompu l'harmonie de la nature à son premier matin de l'Eden, et l'hiver, parcelle de son châtiment, est devenu pour tous une pénitence réparatrice. Si le froid glace nos traits et engourdit nos membres, préservez notre âme des rigueurs qui lui donneraient la mort; inondez des flots de votre lumière la blanche tunique qui la revêt; qu'un perpétuel printemps lui fasse ignorer les frimas des hivers et jouir d'un avantgoût des éternelles splendeurs de la patrie!

N° V.

NEIGE ET PETIT OISEAU.

I

Pauvre petit oiseau que le printemps vit naître,
Que son souffle a bercé sous le feuillage vert,
Petit oiseau frileux qui viens à ma fenêtre,
Oh! ne va pas mourir dans la neige d'hiver !...
On dit, petit oiseau, que ton plaintif murmure
Fait hâter le soleil qui nous donne les fleurs,
Que le sol prend plus tôt son manteau de verdure,
Et que le ciel touché nous fait des jours meilleurs.

II

Eh bien! vole toujours, vole malgré la bise, Vole en criant: pitié! parmi les flocons blancs; Celui que dit ta voix, des hommes incomprise, Pour finir tes douleurs, enverra son printemps. Puis reviens sur nos toits, tremblante sentinelle, Passer les longs instants de tes jours ennuyés ; Enfle bien ton duvet, et baisse bien ton aile, Lorsque le vent si froid glace tes petits pieds.

III

Mais lorsque le zéphir eut caressé la plaine,
Quand Avril eut rendu la verdure aux buissons,
L'oiseau reprit son vol et sous la tiède haleine
Il retrouva son nid, l'azur et les chansons.—
Ainsi joyeux enfants, vous dont la jeune flamme
Etincelle en rayons sur votre front vermeil,
De la neige d'hiver, ah! gardez bien votre âme
Et laissez dans vos cœurs resplendir le soleil.

S. N.

N° VI.

I.

LECTURE EXPLIQUÉE.

Il y a deux méthodes d'enseignement du français - c'est la seule langue qui nous intéresse pour le moment dans les écoles primaires, secondaires, supérieures. L'une consiste à étudier la "grammaire française" par petites doses et à calquer des "exercices" en rapport avec les préceptes et les exceptions: ces deux procédés pédagogiques sont accompagnés de "dictées" et de "récapitulations," conformes aux parties étudiées de la grammaire. - Ainsi procèdent les Frères, les R. P. Jésuites... et l'enseignement traditionnel.

L'autre méthode, inaugurée il y a une vingtaine d'années, consiste à prendre un livre de "morceaux choisis," adapté au degré d'intelligence des enfants, et à remonter de la pratique à la théorie grammaticale; l'on fait trouver aux élèves les règles et les exceptions, en les leur faisant, pour ainsi dire, toucher du doigt dans les textes c'est ce que l'on appelle lecture expliquée.

L'alternance des deux méthodes serait-elle inacceptable, et n'est-elle pas assurée de produire des fruits?

2.

-

En ce qui concerne l'enseignement secondaire, les deux méthodes sont encore identiques; seulement elles ont pour objet, non la grammaire-qu'il n'est jamais permis de perdre de vue néanmoins mais les principes de littérature et de rhétorique.

Avec les dix numéros de notre REVUE-année 1900-on peut se rendre compte de la façon d'enseigner la littérature aux élèves ou aux personnes qui veulent bien s'élever au-dessus du niveau ordinaire de l'enseignement primaire.

Il est loisible à chacun de choisir entre les deux manières : ou bien apprendre les "principes de littérature" et en essayer l'application;―ou bien étudier des auteurs ou passages d'auteurs, en remontant ensuite aux préceptes" dont on aura pris cependant une rapide connaissance.

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3. Nous pourrions appliquer la même marche des deux méthodes à l'enseignement supérieur: rhétorique, philosophie, questions de cours.

5. Quoi qu'il en soit du procédé adopté, il est à remarquer

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