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enfants devenus orphelins sont bien à plaindre! Pour moi je sens mon bonheur de vous posséder encore.

Le nouvel an ! Quelle occasion pour tout le monde d'offrir et d'échanger des vœux et des étrennes! On dit que les compliments ne sont pas toujours sincères et qu'il y a des enfants qui mêlent à leurs souhaits d'affreux petits mensonges: ils ne parleraient si bien qu'en vue de belles étrennes. Ma joie n'est point si intéressée.

Aussi, il me semble, Chers Parents, qu'en vous souhaitant santé, bonheur, longue vie, je ne fais qu'exprimer de vrais sentiments dont mon cœur est plein et qui n'en sortiront jamais. Pourrais-je être heureuse, si vous ne l'étiez pas

Pour assurer votre bonheur, je vous promets de mieux m'ap pliquer au devoir l'an prochain que durant l'année qui s'achève : ne serai-je pas plus vieille d'un an !... Oh! le temps passe si vite et la fin de mon cours d'études court vers son déclin.

Chers Parents, que Jésus et Marie comblent vos vœux et exaucent mes désirs, mes prières, en vous gardant de longues années à l'amour de toute la famille, en me rendant de plus en plus sage, studieuse, reconnaissante!

Je vous embrasse, Cher Parents, comme je vous aime, et c'est de toute mon âme, qui voudrait vous payer ainsi votre amour de toute une année.

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- des soins qu'elle

de sa sollicitude pour

Canevas :-Parlez des occupations de votre mère; prend de votre nourriture, de votre habillement ; votre santé, votre éducation, votre instruction; de sa mort !

Développement.

(par antithèse.)

de son amour dévoué;

Ma Mère ! C'est le premier nom que j'ai bégayé dans mon berceau. Ma mère ! C'est le premier visage qui a souri à mon regard innocent et naïf. Ma mère ! la première elle a déposé un croquant baiser sur mon front si pur; la première caresse reçue me venait de la douce main de ma mère !

Elle était si bonne, ma mère, qu'à mes pleurs elle donnait un sourire, à mes nuits ses veilles, à mon inconsciente plainte sa

patience incessante: elle ne semblait respirer que pour me rendre heureux !

Quand j'eus grandi, je la vis, le matin, rôder à pas étouffés autour de mon petit lit: elle craignait de me réveiller trop tôt, travaillant pour moi qui dormais trop tard.

Toute petite, ma mère, elle l'était vraiment : mais alors je la trouvais aussi grande que les autres mamans; celles-ci-je le remarquai souvent étaient mieux vêtues, plus ornées, car quelques-unes portaient au cou des chaînes en or, au bras des sortes de ronds de serviettes en argent; mais ma mère me semblait quand même plus belle dans sa parure bien pauvre, sans ornements ni au cou ni au poignet.

Ma mère ! Elle travaillait, elle travaillait toujours et je n'y pensais pas à cet âge, mais je m'en souviens aujourd'hui que je commence à réfléchir. Aussi, c'était plaisir de voir la vaisselle rangée, les meubles luisants, les chambres propres, les lits bien faits, la table dressée quand arrivait l'heure du repas. Notre linge et nos habits les plus beaux-le dimanche matin-étaient toujours blancs, bien brossés : Je pensai, et mes sœurs aussi, que cela se faisait tout seul, bien que deux fois le mois, notre œil un peu niais apercevait Jeanne, la vieille laveuse, s'asseoir au déjeuner et disparaître avec son fardeau jusqu'à l'heure du dîner, où nous aimions à regarder, à tourner ses maintes toutes rouges et très propres.

Le samedi, ma mère s'absentait. Et à son retour, on s'empressait autour du panier, dont on voyait sortir tour à tour des pièces de drap, des bouts d'étoffe en couleurs, des souliers, quelque jouets ou surprises à faire ouvrir de grands yeux. Mais de l'argent la maman en avait gardé, le jetait sur la table, et nous la comptions de notre mieux: puis mon père ramassait la somme et la serrait dans une commode où planait le mystère pour notre curiosité enfantine.

Ma mère elle a su sauvegarder ma santé, guérir mes égratignures, souffler sur mes bobos, m'avertir des dangers, apporter le remède à mes fièvres, me sauver des bras de la mort. Elle a plus fait encore pour mon âme neuve et inexpérimentée par ses conseils et ses reproches, par ses volontés et ses exemples.

N'a-t-elle pas appris à mes lèvres à murmurer les noms de Jésus, Marie, Joseph, à mes mains à se joindre et à faire le signe de la croix? Oh! les douces visites à l'église silencieuse, à la crèche de Noël, à la messe du dimanche et de semaine! Puis la

prière en famille, le matin, avant les repas et après, le soir à l'heure du sommeil qui la rendait si pénible et la faisait parfois tourner en accès de mauvaise humeur !

Ma mère ! elle a été mon ange gardien visible, séchant mes larmes faciles, guidant mes pieds chancelants, m'endormant sur ses genoux, me faisant sentir les battements de son cœur.

Et maintenant, où est-elle, ma mère, ma mère chériel Elle n'est plus.. ô douleur! Elle dort, depuis le jour de larmes et de deuil où j'ai vu une dernière fois ses traits, ses yeux fermés, sa bouche muette, sa figure pâle, blanche, ses mains jointes, ses pieds immobiles, étendue qu'elle était au milieu des lumières et du silence, dans un cercueil, berceau de la mort.

Ma mère! Elle qui m'aimait tant, elle m'attend au cieux ! !

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(1) La splendide mélodie de ces vers se vend chez M. Hudon (Voir aux Annonces de la "Revue ),

III

Il faut rendre grâce au Seigneur
Qui donne à l'oiseau sa parure,
A l'homme juste le bonheur,
Et le soleil à la nature !

Il donne la gloire au vainqueur,
Au plaisir un charme éphémère !
Et pour bienfait suprême au cœur,
Une Mère! (bis)

IV

Aimons cet ange de bonté

Que Dieu créa pour nous conduire,
Et par aucune volupté

Ne nous laissons jamais séduire !
Elle seule peut nous charmer!
Regardons tout comme chimère
Sinon de servir et d'aimer

Une Mère! (bis)

N° IV.

I

LA MORT DU CHRETIEN.

(Remarquez les antithèses.)

Venez voir le plus beau spectacle que puisse présenter la terre, venez voir mourir le fidèle. Cet homme n'est plus l'homme du monde, il n'appartient plus à son pays: toutes ses relations avec la société cessent. Pour lui le calcul par le temps finit, et il ne date plus que de la grande ère de l'éternité. Un prêtre assis à son chevet le console. Ce ministre saint s'entretient avec l'agonisant de l'immortalité de son âme, et la scène sublime que l'antiquité entière n'a présente qu'une seule fois, dans le premier de ses philosophes mourants, cette scène se représente chaque jour sur l'humble grabat du dernier des chrétiens qui expire.

Enfin le moment suprême est arrivé: un sacrement a ouvert à ce juste les portes du monde, un sacrement va les clore; la religion le balança dans le berceau de la vie; ses beaux chants et sa main maternelle l'endormiront encore dans le berceau de la mort. Elle prépare le baptême de cette seconde naissance; mais ce n'est plus l'eau qu'elle choisit, c'est l'huile, emblême de l'incorruptibilité céleste. Le sacrement rompt peu à peu les attaches du fidèle ; son âme, à moitié échappée de son corps, devient presque visible sur son visage. Déjà il entend le concert des Séraphins, déjà il est prêt à s'envoler vers les régions où l'invite cette espérance divine, fille de la vertu et de la mort.

Cependant l'ange de la paix, descendant vers ce juste, touche de son sceptre d'or ses yeux fatigués et les ferment délicieusement à la lumière. Il meurt, et l'on n'a point entendu son dernier soupir; il meurt, et longtemps après qu'il n'est plus, ses amis font silence autour de sa couche, car ils croient qu'il sommeille encore : tant ce chrétien a passé avec douceur !

CHATEAUBRIAND, Génie I. Liv. I.

II

N.-B.--Le même écrivain, après avoir dépeint-dans son Itinéraire-les Arabes du désert, se rappelle les tribus du Nouveau-Monde, et il trace un développement au moyen du contraste: inutile de souligner, comme dans le morceau précédent.

Ce qui distingue les Arabes des peuples du Nouveau-Monde, c'est qu'à travers la rudesse des premiers on sent pourtant quelque chose de délicat dans leurs mœurs on sent qu'ils sont nés dans cet Orient d'où sont sortis tous les arts et toutes les sciences. Caché aux extrémités de l'Occident dans un canton détourné de l'univers, le Canadien habite des vallées ombragées par des forêts éternelles, et arrosées par des fleuves immenses; l'Arabe, pour ainsi dire jeté sur le chemin du monde, entre l'Afrique et l'Asie, erre dans les brillantes régions de l'aurore, sur un sol sans arbres et sans eau. Il faut, parmi les tribus des descendants d'Ismaël, des maîtres, des serviteurs, des animaux domestiques, une liberté soumise à des lois. Chez les hordes américaines, l'homme est encore tout seul avec sa fière et cruelle indépendance: au lieu de la couverture de laine, il a la peau d'ours; au lieu de la lance, la flèche; au lieu du poignard, la massue; il ne connait point, et dédaignerait la datte, la pastèque, le lait de chameau ; il veut à

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