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La seconde n'a pas motivé son droit à la "croquer." Le reproche devient plus grave; au dire de la chauve-souris, hautaine cette fois, elle a le tort grave des insensés qui ne jugent que sur la mine: "Vous n'y regardez pas !" A l'audace "la pauvrette" oppose l'audace: en ce monde l'audace garantit d'ordinaire le succès.

Cette démonstration, toute défensive, ne suffit pas à l'étourdie en danger de sa vie." Rien n'est brutal comme un fait : argument offensif admirablement utile pour repousser cette brutale gent. L'un des adversaires s'est attaqué à sa nature de souris : "Moi souris ! Je suis oiseau: voyez mes ailes!" Et, pour animer la preuve, les ailes s'étendent comme pour emporter l'oiseau loin du "nid" dangereux. La chauve-souris y ajoute même une pointe de malice:

Vive la gent qui fend les airs!

C'est avec un cri de joie ironique qu'elle adressera son bonjour à l'ennemi.

Le second en veut à sa nature d'oiseau. "Moi pour telle passer! Qui fait l'oiseau? C'est le plumage." Et la souris appuie sa preuve négative en la développant elle même : elle a des ailes, point de plumes.

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La voilà qui se faufile, avec son agilité native, pour échapper aux dents de la “dame du logis." Non pourtant sans la même /exclamation d'ironique allégresse, servie toute-à-l'heure à la commère :

Jupiter confonde les chats!

III.-Dénouement: l'issue.

Si la "raison sembla bonne," la "repartie surtout fut adroite." De l'oiseau la souris portait au moins les ailes; cet argument positif lui procure "liberté de se retirer." De l'oiseau le plumage Jui manquait: argument négatif qui sauva deux fois sa vie.' Sans trop contrefaire son personnage, la bête avait fourni à chacun de quoi la contenter. Ainsi sont les doubles d'esprit hautains avec les faibles, ils lèchent les pieds des puissants.

La morale, appuyée sur un trait d'histoire, est une constata tion d'expérience, une chiquenaude à ceux-là adressée par le Bon

homme. Le nombre d'hommes qui sont femmes" (VIII. 6), est encore dépassé par la pléthore de ceux qui, au besoin, se font chauves-sonris. Que d'Imprudents Que d'Imprudents "sauvent leur vie," en imitant la "pauvrette"!

Mais un jour vient où leur duplicité se prend à ses propres filets. Ils tombent victimes, comme l'araignée, dans la toile qu'ils ont eux-mêmes ingénieusement tissée. La Fontaine ne le dit point: tel n'était point son dessein. On aurait tort de blâmer, au nom de la morale et de l'honnêteté, le peintre des travers de son temps, pour s'en être tenu à la constation d'un fait quotidien. Le peintre ni n'approuve ni ne désapprouve : quand il lui sièra de parler morale pure, le fabuliste ne se gênera pas davantage.

N° III.

ESSAIS DE DEVELOPPEMENTS FACILES.

I

Pour la fête d'un père.

A. LETTRE A UN PÈRE.

N. B.--Développez les idées que suggèrent ces mots: Amour, bouquet, désir, fleur, Dieu, Marie, saint patron, prière, vœux, santé.

Bien cher Papa,

A l'approche de votre fête, je viens vous offrir mes vœux et vous dire combien je vous aime. Mon bouquet, c'est ma petite lettre; les fleurs qui la composent, sont mon amour, ma reconnaissance, mon regret d'être absent et mon désir de vous plaire. Ces fleurs ne se fanent point comme celles des jardins; elles s'embelliront encore, elles grandiront toujours dans le cœur de votre enfant.

En ce jour surtout, je vous promets un souvenir dans mes prières; je demanderai à Dieu, à la Vierge Marie, à votre saint Patron qu'ils vous donnent longtemps, longtemps à vous et à

maman, bonheur et santé, à moi la grâce de vous aimer toujours tous les deux, comme vous le méritez, de tout mon cœur.

Votre enfant vous embrasse et vous aime tendrement.

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Eloignée de vous, je suis avec la famille par la pensée. Dieu sait avec quel plaisir je laisserai aujourd'hui livres et cahiers pour venir, comme les années précédentes, vous embrasser tendrement et vous dire tout mon amour!

Hélas! je n'aurai pas cette joie ! et cette cruelle privation, je l'offre au bon Dieu à l'intention de celle que je chéris le plus, après lui.

Comment vous dire, bonne Maman, combien mon cœur est plein d'amour, de reconnaissance, de douces promesses? Je ne veux grandir que pour vous aimer davantage, et je répèterai toujours dans mes prières, ces mots : Mon Dieu, donnez une bonne santé à ma chère maman; donnez-lui courage et consolation icibas, et une belle couronne au ciel un jour !

Votre petite LUCIE

qui vous aime et vous aimera toujours.

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Matière:- La bonne vieille est assise près de la cheminée. Autour d'elle sont groupés ses petits enfants.

Elle essaie d'apprendre à lire à l'un d'eux; elle leur tricote un vêtement pour l'hiver, et les amuse par des contes ou de vieilles chansons.

Mais bientôt, cédant à la fatigue, elle s'endort, en murmurant le nom de ses chers petits.

Développement.

C'est une bonne vieille de quatre-vingts ans. Chaque soir, elle s'assied au coin du feu, entourée de tout le petit monde qu'elle aime. Les rides qui sillonnent ses joues n'enlèvent rien à la douceur de sa physionomie ; les cheveux blancs, qui ornent son front, ajoutent avec le regard à la majesté de son visage.

Elle regrette le temps où elle dirigeait la maison, où son travail contribuait au bonheur de la famille. Aujourd'hui du moins, malgré son grand âge, elle veut encore être utile. Elle essaie d'apprendre à lire à l'aîné de ses petits-enfants; mais ses yeux affaiblis ont grand' peine à distinguer les lettres; même avec le secours de ses vieilles lunettes elle ne voit que du noir dans le livre il lui faut renoncer à sa tâche de maîtresse d'école. Alors elle prend sa laine et ses broches luisantes pour la vingtième fois, ses mains tremblantes et ridées recommencent le tricot qui doit réchauffer ses chers petits pendant l'hiver. En même temps, elle leur raconte de vieilles histoires et leur fredonne les airs du temps passé. Tous l'écoutent, silencieux et recueillis.

Mais peu à peu, sa tête s'incline, ses yeux se ferment; ses lunettes tombent sur ses genoux ; le peloton de laine roule à ses pieds, et elle s'endort doucement au tic tac de l'horloge. Pendant son sommeil, un léger sourire erre encore sur ses lèvres entr'ouvertes : elle murmure en rêvant le nom des petites êtres qui remplissent sa vie et son cœur,

O chers petits enfants, soyez bien sages, et ne réveillez pas grand'mère !

*

Les Yeux de Grand' Mère.

I

Je me complais, quand je suis seule,

A baiser et baiser encor

De mon aimable et sainte aïeule
Les lunettes à branches d'or,
Je les admirais, au jeune âge,
Luisantes comme deux miroirs,
Mais qu'elles glaçaient mon courage,
Quand j'avais mal fait mes devoirs.
"Pourquoi, demandais-je, grand'mère,
Pourquoi prends-tu des yeux de verre ?

"C'est, disait-elle en souriant,

C'est pour mieux te voir, mon enfant." (bis)

II

Quand une douce somnolence,
Près du feu, la venait bercer,
Si les lunettes en balance
A la fin se laissaient glisser,
Les dérobant, à la sourdine,
J'en parais mon minois vermeil.
Et puis, fière autant que mutine,
Je lui disais à son réveil :

-"Tu ne me verras pas, grand' mère,
Car tu n'as plus tes yeux de verre !"

-"Mais, pour te voir plus clairement
J'ai les yeux du cœur, mon enfant !" (bis)

III

Puis, un jour voilé de mystère,

On me couvrit d'habits de deuil,

Et je dus faire une prière,

A genoux, près du vieux fauteuil...

Hélas! le fauteuil était vide.

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