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Belle dans les chefs-d'œuvre de la peinture. de la sculpture, de la gravure! Belle dans les flots d'harmonie qui s'échappent du génie d'un Mozart ou d'un Gounod, des lèvres d'un Bossuet ou d'un Lacordaire, de la lyre d'un Racine ou d'un Lamartine!

Elle est belle dans le sourire de l'innocence au berceau, dans les grâces de l'adolescence et de la jeunesse vertueuses, dans les austères devoirs de l'âge mûr, dans les derniers rayonnements de la vieillesse touchant aux premiers reflets de l'éternité !

O Sainte Face de Jésus, vous êtes belle, aimable, adorable, imprimée sur le linge de la pieuse Véronique, sur mon âme baptisée, qui la voudrait conserver sans souillure jusqu'au moment du ravissement de la vision sans fin de la patrie !

H. L.

N° VII.

VI. LE GOÛT.

A.-Plan.

I. Début : Description du goût... siège... importance... rôle...

II. Milieu: 1. Saveur des mets que Dieu a servis à l'homme... art aidant la nature... 2. La faim... l'appétit... la soif... 3. Abus...: péché d'Adam...

abaissement par la gourmandise et l'ivrognerie...

III. Conclusion: Usage modéré du goût sensuel... Instrument de pénitence... goût du vrai..... de la vertu... de la communion... du festin des élus.

B--Développement.

(Devoir d'élève).

Le goût est le sens qui fait juger des saveurs. La nature intime de celles-ci reste encore incertaine, et la science se trouve pour le corps humain devant un immense champ d'exploration. Le siège du goût, longtemps discuté, réside dans la langue, surtout sur sa partie postérieure, sur les bords et à la pointe. Moins noble que la vue et l'ouïe, le goût est cependant d'une grande importance, puisqu'il concourt efficacement à l'entretien et au développement de la santé et de la force physique de l'homme. Il est comme le microscope dont le jugement se sert, dans l'ordre matériel et intellectuel, pour discerner les objets utiles ou nuisibles. Dieu a donné à l'homme ce sens comme un instrument nécessaire à

la vie corporelle: c'est le régulateur de la machine humaine, qui en garantit le fonctionnement, la puissance de durée et de résistance.

Placé, avec l'odorat, à l'entrée des aliments, le goût permet de les apprécier et de les choisir. D'un côté, le Créateur a déposé dans les mets des saveurs variées à l'infini, offrant à l'homme dans l'immense festin de la nature un reflet lointain de sa bonté et de sa douceur. Qui pourrait énumérer la variété des plantes, des fruits, des pièces de gibier, des minéraux, des liqueurs que l'homme trouve sous la main pour en orner sa table? Les mets se différencient selon les zones et les climats: partout, l'agréable s'unit à l'utile et au nécessaire. Et l'art aidant les produits de la nature a inventé des combinaisons et des mélanges qui servent merveilleusement tous les goûts, en les flattant, en les reposant, en les excitant.

D'un autre côté, Dieu a fait don à l'homme d'un besoin régulier et fréquent la faim; et comme ce besoin ne peut se satisfaire sans un travail productif, on peut dire qu'il est l'aiguillon et le mobile par excellence de toute l'activité économique. Moins impérieux et moins pénible, l'appétit est un penchant naturel à la nourriture: c'est une inclination et un assaisonnement naturel qui augmente le plaisir; lorsqu'il est modéré et qu'il reparaît aux heures des repas, il est un signe de santé et de vie. La soif est plus pénible à supporter et plus impérieuse encore que la faim, et si l'appareil humain réclame du liquide réparateur, Dieu a mis à la portée de l'homme la plus étonnante variété de boissons alimentaires.

Mais le premier homme, hélas ! est déchu de ses grandeurs en les sacrifiant au goût. Ce sens est devenu, dès lors, un obstacle à la dignité intellectuelle, morale et surnaturelle de l'humanité ; ennemi du beau, du bien, de la vertu, il triomphe trop souvent de l'âme au détriment même du corps, les conduisant tous deux à l'abîme de la dégradation, à la double mort corporelle et spirituelle. La sensualité conduit à la gourmandise, mais la passion de la boisson fait décheoir dans le vice bien plus tyrannique et bien plus dégradant de l'alcoolisme. L'un et l'autre engendrent le dérèglement des mœurs, l'abaissement des caractères, l'avilissement de l'âme raisonnable et chrétienne.

Puisque le goût est un instrument. un régulateur, c'est à l'âme de s'en servir avec modération et selon les règles de la tempérance. Il peut aussi devenir un instrument de mérite par la sobriété, la privation, la pénitence. L'Eglise y invite ses enfants. en prescrivant l'abstinence et le jeûne à des jours déterminés et à des époques régulières de l'année.

Dieu donne à l'âme chrétienne une sauvegarde, en la rendant affamée de vérité et de justice, altérée des joies pures de la grâce et de la vertu, en la rassasiant du pain des anges qu'elle goûte à la Table eucharistique, en lui réservant les délices de l'éternel festin du ciel !

N° VIII.

VII. LA BOUCHE.

J. L.

A. Plan.

I. Début: Délimitation et description de cet organe... utilité et impor

tance.

II. Milieu: 1. Rôle nutritif de la bouche... ventilateur... réservoir... prison... soufflet... 2. Rôle mécanique: parole, chant... signification artisti3. Rôle esthétique: lèvres et bouche expriment les senti

que... morale...

ments... le sourire...

III. Conclusion: Côté moral... péchés... baiser de Judas... état et châtiment à l'agonie...

B.-Développement.
(Devoir d'élève.)

Elle forme

La bouche n'est pas un sens, mais un organe. une cavité limitée en haut par le palais, en bas par la langue, latéralement par les joues, en avant par les lèvres, et fermée en arrière par une sorte de rideau vertical ou voile du palais. Quand les lèvres s'ouvrent, elles découvrent un double rang de dents dont la bouche est ornée: ces petits os sont enchâssés avec ordre et symétrie dans les deux mâchoires; et les mâchoires ont un ressort pour s'ouvrir et un pour se fermer, en sorte que les dents brisent, comme un moulin, les aliments et en préparent la digestion. Mais ces aliments ainsi broyés passent dans l'estomac par un conduit différent de celui de la respiration; et ces deux canaux, bien que si voisins, n'ont rien de commun entre eux.

Le rôle nutritif de la bouche est donc de première importance. C'est dans ce laboratoire naturel que les aliments sont triturés et imprégnés de salive avant d'être ingérés dans l'estomac. Tantôt elle sert de ventilateur et laisse passer l'air qui nourrit les poumons et vivifie le sang; tantôt elle forme un réservoir fermé où l'on peut conserver le liquide qui sert à désaltérer et à humecter la nourriture; tantôt elle devient une prison pour la langue qui disparaît derrière la barrière des dents et la porte des lèvres à double battant; tantôt c'est un soufflet qui emmagasine l'air.

ment.

Son rôle est plus élevé, lorsqu'elle concourt à la production de la parole et du chant. Parler, c'est articuler; l'articulation résulte du jeu des parties mobiles qui constituent la bouche. D'une bouche trop ouverte les mots se précipitent et expirent sur les lèvres presque en naissant; de lèvres trop pincées les mots s'échappent à peine, et, dans la bouche qui les forme, meurent d'étouffeLa parole est le véhicule de l'idée, la bouche est un instrument d'une souplesse et d'une puissance admirable. Sa fonction est si excellente qu'on lui confère les honneurs du langage parlė: ainsi l'on dit une bouche éloquente, une bouche d'or Chrysostome, une bouche d'airain: langage intense d'idées et de raisonnements. "Ouvrir la bouche" signifie prendre la parole, comme "ne pas ouvrir la bouche," c'est garder le silence. Les lèvres elles-mêmes sont considérées parfois comme organes de la parole:

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"Se mordre les lèvres," c'est retenir l'expression de quelque passion, et "serrer les lèvres," c'est se taire... Le cri jaillit de lui-même, sous le coup d'une impression physique : l'art intervient pour moduler les sons assouplis par le chant. La bouche, comme le pavillon d'un instrument de musique, concourt par le rétrécissement ou l'ampleur à toutes les modulations les plus nuancées du chant.

Par

Mais la bouche joue un rôle esthétique de premier ordre. "Voyez les lèvres, écrit Fénelon; leur couleur vive et leur teinte rosée, leur fraîcheur, leur figure, leur arrangement et leur proportion avec les autres traits embellissent tout le visage. la correspondance de ses mouvements avec les regards des yeux, la bouche anime le visage, l'égaie, l'attriste, l'adoucit, le trouble, et exprime chaque passion par des marques sensibles." Une imperceptible contraction des lèvres suffit pour faire resplendir les

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mille nuances des sentiments affectueux que laisse deviner le sourire. Et c'est ainsi que la bouche, avec les lèvres, donne à la physionomie l'une de ses expressions principales: tour à tour elle trahit la joie ou la douleur, le dédain ou le dépit, l'attention ou le recueillement, le ravissement ou l'enthousiasme.

* *

Tout est grand, beau, merveilleux dans la tête humaine. Hélas! pourquoi faut-il que la bouche devienne trop souvent un instrument de péchés et de crimes? N'est-ce pas elle qui profère les médisances, les calomnies, les paro'es impies, sacrilèges, blasphématoires, les chants obscènes et scandaleux ?... Feut-on oublier le baiser de Judas sur la Sainte Face du Maître? Est-il d'autres baisers que ceux de la trahison et de l'ingratitude?... Faut-il s'étonner que les affres de l'agonie suprême viennent distendre et dessécher la bouche du mourant, et que des mains pieuses et amies rendent au mort le devoir de charité de la clore pour jamais au fond de la tombe !

No IX.

DIX-HUIT ANS!

F. H.

(Devoir d'une jeune élève.)

Dix-huit ans !... Quel bel âge! Que d'émotions! que de souvenirs!... Est-ce l'enfance dont la pourpre s'efface à l'horizon, avec le miroitement de ses hochets et la rosée de ses allégresses lointaines? Est-ce l'adolescence qui s'enfuit, aube sereine qui présage un jour sans brume et sans orage, rafraîchissante matinée d'une vie où chaque jour est un poème et chaque lendemain la perspective d'un bonheur inconnu? Ou bien est-ce la jeunesse dont la sève exubérante, vigoureuse, fait verdir et fleurir la plante, qui donne des tressaillements d'espérance et de riches promesses d'avenir? Pourquoi ce saississement profond et cette soudaine commotion qui font saluer d'un sourire épanoui l'aurore de cet anniversaire? Ah! c'est que l'on est heureuse à dix-huit ans !

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