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Revue Littéraire, Juniorat du Sacré-Cœur,

Ottawa, Canada.

Cadieux & Derome,

Libraires, Editeurs, Importateurs
d'objets de piété, d'articles de
fantaisie, etc., etc.

1603 rue Notre-Dame, Montreal.

La maison Cadieux et Derome, renommée dans tout le Canada et aux Etats-Unis, occupe aujourd'hui le premier rang parmi les établissements de commerce de ce genre.

Un vaste local, un aménagement intelligent, un personnel choisi, des assortiments très variés, des relations incessantes avec les plus grands magasins d'Europe, un grand esprit d'initiative, tout concourt à rendre cet établissement digne de la confiance et de l'estime du public.-Demandez leur catalogue.

PROPAGATEUR DES BONS LIVRES.

La maison Cadieux et Derome possède un organe mensuel qui, chaque mois, fait connaître les nouveautés littéraires, donne des appréciations sur les ouvrages parus et fournit tous les renseignements désirables à quiconque désire se tenir au courant de la bibliographie et se former une bibliothèque composée de livres de choix.

LE PROPAGATEUR DES BONS LIVRES

CADIEUX & DEROME,

1603 rue Notre-Dame, Montreal

La

L-PARTIE THEORIQUE.

PRINCIPES DE LITTÉRATURE.

IV. PARTIE.

LES MOYENS DE SE FORMER LE STYLE.

VIe Leçon.-L'art de l'expression.

L'étude de la phrase française conduit naturellement à l'étude des mots, des alliances de termes, de l'expression qui traduit la pensée et le sentiment de l'écrivain. Ce serait une grave erreur de vouloir se passer de cette étude; il en est qui s'illusionnent et s'aveuglent au point de se croire maîtres d'un style littéraire, tout en négligeant ce procédé élémentaire mais indispensable.

I

1. L'expression est avant tout la métaphore, figure qui résulte d'une comparaison qui se fait dans l'esprit, mais qui n'est pas exprimée en forme.

Supposez que l'on dise, en parlant de Néron: "Aussi cruel qu'un tigre, Néron fit brûler les chrétiens "; c'est ici une comparaison dont les termes sont exprimés, d'une part le tigre, et d'autre part Néron, en qui l'on retrouve la barbarie du félin. Mais si l'on dit de Néron: "Ce tigre fit brûler les chrétiens "; ce n'est plus une comparaison, c'est une métaphore. Ayant perçu dans l'esprit le rapport qui unit Néron et le tigre, on ne prend pas la peine d'établir une comparaison en forme, et d'un mot on l'évoque dans l'esprit du lecteur.

Autre exemple: si l'on dit de quelqu'un "Sa fortune a sombré dans cette banqueroute"; il y a là une métaphore. Pour qu'il y eût une comparaison, il faudrait dire: "Comme un navire qui sombre dans une tempête, ainsi sa fortune s'est perdue dans cette banqueroute." On constate aisément qu'il est beaucoup plus expressif d'abréger la comparaison, mais en l'évoquant tout entière

par le mot sombré à l'idée de perte s'ajoute l'image d'un navire qui s'enfonce.

La métaphore rapproche d'abord deux objets matériels, par exemple feuille d'arbre et feuille de papier; bouche d'un être vivant et bouche d'un canon. Ce premier procédé a fourni un grand nombre de mots que nous employons sans en connaître le véritable sens originel.

La métaphore rapproche ensuite d'un fait moral ou intellectuel un fait matériel auquel on en donne le nom. Ainsi, quand je dis: "la porte cède à la pression," je fais une métaphore qui est tirée d'une analogie morale: celle d'un homme qui cède à un autre homme. De même, quand un médecin déclare que "la lésion interne intéresse le cœur," il fait sans y penser une métaphore tirée également d'une analogie morale: celle d'un fait qui intéresse quelqu'un, qui le touche par quelque intérêt.

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La métaphore enfin désigne un fait moral ou intellectuel en le rapprochant d'un fait matériel: ce procédé est l'inverse du précédent. Ainsi, âme signifie proprement souffle; penser signifie peser ; comprendre signifie entourer et prendre..

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Mais ces considérations n'ont qu'un intérérêt purement rétrospectit. Tout cela n'a pas d'application directe à l'art d'écrire. y a toute une série d'expressions métaphoriques qui ont été créées au cours des temps, et qui sont employées comme monnaie courante dans le langage parlé et écrit, et où la métaphore est "presque effacée, sans cependant l'être complètement." Ainsi, quand nous disons, "le soleil se lève ou se couche, nous ne pensons pas toujours qu'il y a là une métaphore, tirée de l'analogie d'un homme qui se lève ou qui se couche. Mais cependant nous en avons le sentiment plus ou moins obscur. Il en est de même des expressions suivantes: "la pénétration de l'esprit," "l'aveuglement du cœur," "le torrent des passions," "le printemps de la vie," "la fleur de l'âge," "les courants de l'opinion," "le moule des phrases; être glacé d'effroi, bercé d'espoir, etc. etc.

Il y a une métaphore qui est une création de l'écrivain, le produit de son imagination personnelle et de sa façon de sentir, et qui lui appartient en propre. Ainsi, le P. Longhaye écrit dans son Hist. de la Littér. au XVII siècle :

"Le style des premiers maîtres, celui de Pascal par exemple, avait encore une certaine verdeur un peu âcre. Une fois fait et formé, celui de Bossuet représente la maturité plénière, mais une maturité franche et vigoureuse, où la

sève travaillait encore et bouillonnait en pleine ferveur (mot vieilli en ce sens). Par sa souple élégance, par sa langue merveilleusement polie, Fénelon marque le point extrême, au delà duquel le fruit mûr ne peut que s'affadir, en attendant qu'il se corrompe. Ce point, Massillon l'a déjà dépassé; à côtté de parties encore saines et savoureuses, la fadeur commence d'apparaître: la corruption n'est pas loin,"

2. On voit que de manier la métaphore correctement et convenablement, c'est en grande partie l'art même de l'expression.

Au contraire, son absence produira le mauvais style: les exemples en fourniront la preuve.-Un reporter, voulant faire éclater son admiration à l'endroit d'une chanteuse, écrivit ceci : "C'est une étoile en herbe qui a chanté de main de maître." Le mot étoile n'a rappelé au journaliste aucune comparaison sidérale : il y a vu simplement la transcription "d'excellente cantatrice"; et dès lors il a écrit bravement "une étoile en herbe," comme il aurait écrit un génie en herbe. Même observation pour le second membre: "de main de maître" n'était dans l'idée de ce naïf qu'un synonyme d'admirablement: l'image que lève ce mot, il ne l'a point envisagée, et par là même il a pu écrire une horreur semblable. Un chroniqueur en vogue a écrit: "Plongez le scalpel dans ce talent tout en surface, que restera-t-il en dernière analyse ? une pincée de cendres!" Où est le rapport entre les deux métaphores? On ne le voit point.-Voici une autre série de perles du même genre. "Anéantir les fruits du passé, c'est enlever à l'avenir son piédestal"; "le char de l'Etat navigue sur un volcan!”— "par la trempe étendue et souple de son esprit, il jette une vive lumière sur toutes les questions," etc.

La métaphore incohérente est une des principales causes du mauvais style. Autant les bons écrivains surveillent minutieusement les détails de leur langue, autant les mauvais ou les médiocres sont lâchés et négligents. Quand on écrit, il arrive que l'on associe entre elles deux métaphores, ou une métaphore à un terme ordinaire, sans se demander s'il est possible logiquement de former ce lien. Dans la chaleur de la composition, les images se succèdent et se pressent dans l'esprit, et à peine en a-t-on fixé une sur le papier qu'une autre accourt et que l'on y met aussi, bout à bout avec la précédente, sans songer que ce rapprochement est incohérent et absurde parfois.

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