Page images
PDF
EPUB

A NOS LECTEURS.

La REVUE entre dans sa deuxième année.

Sans avoir obtenu ce que l'on appelle un succès, elle a reçu néanmoins un accueil favorable.

Nous en remercions cordialement les abonnés, en les suppliant de nous venir en aide pour la propager dans une plus large mesure, cette année : c'est la seule condition de sa viabilité dans l'avenir.

Le programme que nous nous étions tracé d'avance n'a pas reçu tout le développement projeté et désiré; tel que nous l'avons traité, il a rendu service cependant et n'a pas été trop désagréable, puisque l'on a bien voulu nous l'écrire de divers côtés; l'écho des des critiques qu'il a dû provoquer n'est point arrivé jusqu'à nous malheureusement.

Le plan que nous adoptons pour la présente année se limite aux "Moyens de former le style," quatrième partie des principes de littérature, partie fondamentale et de la plus haute importance, on en conviendra aisément. En voici les grandes lignes :

I.-Janvier: Le style.-Ce qu'il faut lire.

II.-Février: Comment il faut lire.

III.-Mars: L'analyse littéraire.

IV.-Avril : La traduction.

V.-Mai: Le type de la phrase française.

VI.-Juin: L'art de l'expression.

VII.-Septembre: Comment on peut corriger son style.

VIII.-Octobre: L'art du développement.

IX.-Novembre: Même sujet.

X.-Décembre: Résumé général.

Ce plan, nous le devons à la bienveillance de M. P. de LaBRIOLLE, qui veut bien assurer à son exécution son concours intelligent et expérimenté : c'est nous obliger doublement à la gratitude envers sa personne.

Comme l'an dernier, la "Partie théorique " sera appuyée d'exemples simples et clairs, et la "Partie pratique" viendra à son tour développer ou confirmer les conseils littéraires.

Plusieurs abonnés ont exprimé le désir de voir contiuer l'étude analytique des "Fables de La Fontaine "; nous nous rendons avec plaisir à cette invitation.

De divers côtés on nous adresse des "devoirs d'élèves ", les uns venant de séminaires, les autres de pensionnats. Sans indiquer la provenance de ces essais, nous serons heureux de les publier avec des commentaires, des corrections, des remarques critiques ainsi ces leçons pratiques profiteront à d'autres. Si des collaborateurs veulent ainsi nous offrir l'appoint de leur bonne volonté, nous ferons bon accueil à leurs compositions, autant que le permet l'espace dont nous disposons.

Des raisons économiques, en effet, nous font réduire de sıx feuillets chaque numéro mensuel de notre publication: ce qui donnera néanmoins un volume de 360 pages à la fin de l'année. Nous nous empresserons de fournir les 48 pages par mois, dès que les abonnés nous viendront en aide pour en couvrir les dépenses.

On nous permettra de citer quelques passages de lettres relatives à notre publication : les intéressés voudront bien y reconnaître un témoignage de la gratitude de la Rédaction.

10 D'un Supérieur de séminaire :

C'est la première tentative au pays d'une "Revue" pour l'enseignement secondaire. L'entreprise ne manque pas de hardiesse ; mais les numéros parus démontrent que les rédacteurs ont tout ce qu'il faut de talent et de connaissance pour la mener à bonne fin.

Cette "Revue' sera d'un grand secours et aux professeurs et aux élèves. Je n'ai pas besoin de vous dire que j'admire votre courage et que je vous souhaite plein succès.

2o D'un autre Supérieur de séminaire :

Avec tous mes meilleurs compliments, je puis vous assurer que la "Revue littéraire" possède l'estime des professeurs et des élèves. Je fais des vœux sincères pour sa diffusion entre les mains de la jeunesse de notre pays...

3° D'un professeur de séminaire :

Que voulez-vous que je pense de la "Revue"? Comment pourrais-je ne pas la trouver éminemment pratique ? D'ailleurs, je connais les élèves. Ce qui leur manque, c'est le métier et ses procédés. On leur enseigne beaucoup de préceptes généraux : leur vue peu perçante les empêche de percevoir les détails, et la "Revue," c'est au détail qu'elle s'attache avant tout. Elle a touché juste à l'endroit du mal; et je reste convaincu qu'elle apprend à la jeunesse l'art d'écrire . . .

4° D'une école normale :

Je n'ai pas besoin de vous dire qu'ici votre "Revue" fait des merveilles ; avec son aide, notre travail s'est simplifié et est devenu plus pratique et plus captivant pour nos élèves : nous prenons 15 abonnements ...

5o D'une autre école normale :

Je tiens à vous assurer de ma sympathie, et je prie Dieu que la "Revue", obtienne des résultats supérieurs même à ceux que vous en attendez.

6o D'une Supérieure générale de Congrégation enseignante :

Quant à l'appréciation que nous pouvons faire de votre " Revue," je suis sûre qu'elle atteindra le but que vous vous proposez. Je vous félicite donc de votre dévouement à l'éducation intellectuelle de notre jeunesse, et tous mes vœux vous sont assurés pour le plein succès de votre entreprise.

7° D'une autre Supérieure générale :

Nous sommes des plus satisfaites de votre belle "Revue"; nous la trouvons absolument précieuse pour nous et pour nos enfants qui la suivent avec un intérêt toujours croissant. Nous lui souhaitons donc de cheminer longtemps en semant sur son passage jouissances et services.

Nous pourrions insister, ayant en main beaucoup de lettres analogues, quelques-unes même venant d'Europe. C'est le cas de nous rappeler les mots de La Bruyère: "Ce sont les faits qui louent, et la manière de les raconter." Il nous reste donc à mériter, cette année encore, l'estime bienveillante et le sympatique concours de tous nos abonnés.

La sympathie et l'intérêt nous ont ménagé une faveur dont nous remercions le cœur et la main qui l'ont consignée dans la lettre suivante :

Archevêché d'Ottawa, le 18 janvier 1901.

A la Rédaction de la "Revue littéraire,"

L'an dernier, à pareille époque, j'ai salué et accueilli avec joie la première apparition de votre publication littéraire.

Autant que mes occupations me l'ont permis, je me suis fait un plaisir de la lire, et je dois avouer qu'elle m'a paru devoir être bien utile à la jeunesse de nos collèges et de nos pensionnats.

J'ai constaté avec satisfaction qu'elle a vivement intéressé les maisons d'éducation et d'enseignement à Ottawa et dans le diocèse.

Avec le renouvellement de mon abonnement personnel, veuillez agréer l'assurance de mes voeux de succès et de ma paternelle bénédiction pour une œuvre aussi avantageuse que désintéressée.

+J. THOMAS, Archev. d'Ottawa,

I.-PARTIE THEORIQUE

PRINCIPES DE LITTÉRATURE.

IV. PARTIE. LES MOYENS DE SE FORMER LE STYLE.

IRE LEÇON.

Le style.-Les auteurs qu'il faut lire.

I.

1. Il y a moyen de se former le style. L'art de la composition, de la rhétorique, au bon sens du mot, n'est pas un art inefficace. On apprend, non pas à avoir du génie, mais à écrire bien.

Il semble y avoir, dans le fait de donner des règles de style, une sorte d'inconséquence. Et, en effet, pour bien écrire, il faut d'abord de l'imagination, de la sensibilité, du goût, du raisonnement surtout. Or, ces qualités ne sont-elles pas justement de celles qui ne se donnent pas"?

[ocr errors]

L'objection est plus spécieuse qu'elle n'est forte ou fondée. Il est evident que le talent ou le génie ne s'enseignent pas par des préceptes. Toutes les règles du monde ne feront jamais pousser des ailes à ceux qui n'en ont point.

Mais ce que l'on peut faire, c'est de montrer à chacun comment user de ses ressources naturelles, et aussi comment les développer. Il y a dans l'art d'écrire-comme dans la peinture, la musique etc., -un côté technique qui est accessible à toutes les intelligences. Il n'est pas indifférent de connaître les procédés pour construire ses phrases, pour les ordonner entre elles, et pour choisir ses expressions.

Former son style, c'est justement s'initier à ces secrets de métier qui s'enseignent, et qui s'apprennent aussi.

2. Et d'abord, qu'est-ce donc que le style? A-t-on un style, dès qu'il y a correction grammaticale? Sans doute, la correction est une qualité essentielle, mais elle constitue un "minimum" qu'il

« PreviousContinue »