1.-ABONNEMENT, PAYABLE D'AVANCE : -Pour le Canada et les Etats-Unis, $1.00. Publication religieuse d'environ 100 pages. Ornée d'une dizaine de gravures et paraissant une fois par an. Abonnement, 25 cents. Les abonnés contribuent à l'éducation des jeunes gens pauvres qui aspirent à devenir prêtres missionnaires et reçoivent d'abondantes faveurs spirituelles. S'adresser au JUNIORAT DU SACRE-COEUR, Ottawa, Canada. Le Cadran Généalogique. Tableau de famille nouveau et original, breveté en 1899. Le "Cadran Généalogique" est spécialement offert aux époux qui désirent recueillir et inscrire dans un ordre parfaitement clair et logique, avec leurs propres noms et dates de naissance et de mariage, les noms et dates de naissance, de mariage et de décès de tous leurs ascendants de quatre générations et de leurs descendants de deux générations, plus les noms de leurs oncles et tantes et de leurs frères et sœurs.-PRIX, 50 cents. S'adresser au Juniorat du Sacré-Cœur, Ottawa, Can. I.—PARTIE THEORIQUE. PRINCIPES DE LITTÉRATURE. (Suite.) IL-PARTIE. INVENTION. (Suite.) Après avoir indiqué les conditions générales et particulières de l'invention, nous avons brièvement énuméré et développé les sources où l'esprit puise les idées et les sentiments. Nous avons parlé de l'étymologie, du sens propre et figuré des mots, des maximes, proverbes, exemples, textes, citations, traits historiques et paroles mémorables, des objets considérés en eux-mêmes au moyen de la définition, de la division, de l'énumération des parties, des objets considérés dans leurs relations à l'aide de la comparaison, du contraste, de la cause et de l'effet, du genre et de l'espèce. Il nous reste à parler d'une autre veine bien riche et bien féconde cette cinquième source vaut à elle seule un répertoire. V.-Les circonstances. 2. Les circonstances comprenent tout ce qui caractérise et délimite un événement, un fait, une action.-On les a groupés dans ce vers technique latin : Quis, quid, ubi, qua vi, quoties, cur, quomodo, quando? c.-à-d. Auteur, fait, lieu, moyens, fois, motif, manière, temps. Les circonstances antécédentes (ou antécédents d'un fait) précèdent le fait à écrire, à raconter, à étudier et comprennent les paroles, les habitudes, le caractère, les démarches, les relations, les actes antérieurs de la personne mise en cause. Ex. Avant de faire le récit de la Mort de Marie Stuart, ou de Jeanne d'Arc, je dois m'informer des antécédents de ces événements tragiques. S'il s'agit de décrire un fait, il me sera utile d'en faire connaître les circonstances antérieures pour amener le lecteur à prendre intérêt au récit lui-même. Ex.—Ai-je à décrire un naufrage, un incendie, une bataille, j'aurai soin de faire un choix des antécédents relatifs à chacun de ces événements. Les circonstances concomitantes font corps avec le fait lui même. Pour le caractériser et le mettre en un relief intéressant, il sera nécessaire de consulter le vers latin ou la traduction que nous avons consignée plus haut. Ex.-Dois-je écrire un article de journal sur ce fait : L'exécution d'un condamné à mort.-Pour féconder ce thème lugubre, j'interroge les circonstances concomitantes et immédiates. 1. Qui est ce condamné....... âge, condition... ? 2. Quel fait, quelle est la nature d'une exécution publique ? 3. En quel lieu se passe l'exécution? 4. De quels moyens se sert on pour l'exécution? Pendaison, guillotine, fusil ?... 5. Combien de fois a-t-il subi des sentences judiciaires avant la dernière ? 6. Quels sont les motifs du rejet de son pourvoi en grâce et de l'exécution ? 7. De quelle manière se fait l'exécution? 8. A quelle heure a-t-elle lieu et combien de temps dure-t-elle ? Les circonstances subséquentes (ou conséquents d'un fait) désignent les effets ou les résultats d'un événement. Ex.-Après le récit d'un naufrage, d'un incendie, d'un meurtre, je puis conclure en insistant sur les suites qui en découlent naturellement. * Ainsi donc, les circonstances ou particularités accidentelles qui déterminent un fait par ce qui le précède, l'accompagne ou le suit, offrent un excellent moyen de féconder, d'amplifier, d'animer un sujet quelconque. Les descriptions et les narrations sont-elles autre chose qu'une suite de circonstances choisies et groupées avec art? Chacun s'évertue à les disposer à sa façon, en vue de l'impression et du résultat final. Le discours en chaire, au barreau, à la tribune, à l'académie, l'histoire et le roman, l'article de la revue ou du journal, etc., etc., se fondent et se bâtissent à l'aide des matériaux que fournit cette source merveilleuse. Tout l'art de l'écrivain, de l'orateur, du publiciste doit converger vers la mise en œuvre d'un plan tout personnel et bien conçu. Bien plus, le poète lui-même, qu'il travaille à édifier une épopée ou une tragédie, une comédie ou un drame, une ode ou une fable, une satire ou un sonnet, aura tout à gagner dans la fréquentation de ce réservoir abondant d'inspiration et d'invention littéraires. Ex.-Prenons la fable de La Fontaine intitulée : Le Renard et le Corbeau. Le fabuliste, ayant à faire agir deux animaux, pour amener la morale à l'adresse des dupes qui se laissent tromper par les flatteurs, semble avoir puisé à la source de circonstances. Quis ? Le Renard, rusé; le Cor 1. Quels sont les personnages? beau, vaniteux. 2. Quel est l'objet du récit ? leçon. 3. Où se trouve la scène ? nard, au pied. Le fromage, occasion de la Le Corbeau, sur un arbre; le Re Qua vi 2 Par la flatterie. · Circonstance négligeable ici. Pour donner une leçon morale. Quomodo? 8. A quel jour, à quel date? — Quando? A la façon des gens Circonstance indéterminée. La Fontaine, dira-t-on, n'a pas songé à toutes ces finesses du métier; il a pris la plume, après avoir réfléchi à ce petit drame, puis il a écrit d'inspiration et de génie. C'est peu probable: il est prouvé que le fabuliste a repris jusqu'à douse fois telle ou telle de ses compositions qui nous paraissent ne lui avoir coûté aucun effort laborieux. L'analyse de la fable la Laitière et le Pot au lait montrerait jusqu'à l'évidence l'usage du même procédé. * ** Il n'est pas requis, d'ailleurs, de faire entrer toutes les circonstances dans toute composition littéraire. V. Hugo, dans la pièce intitulée Saison des Semailles répond seulement aux questions suivantes : Quel est le moment; quel, le semeur; quels, sa démarche et son geste ? C'est le soir humide et crépusculaire; le semeur est un veillard; dans les sillons, il va et vient, auguste et grave, jetant le grain sur la terre voilée d'ombre. Dans les terres, de nuit baignées, La haute silhouette noire 11 marche dans la plaine immense, Rouvre la main et recommence. Pendant que, déployant ses voiles, Semble élargir jusqu'aux étoiles Le geste auguste du semeur. Donnons encore le sonnet d'un poète contemporain; c'est une peinture délicate et originale de la douleur d'une mère dont l'espoir est trompé. Quel temple pour son fils elle a rêvé neuf mois ! Fi de l'osier flexible, ou bien du simple bois ! Rien ne semble trop cher, dentelle ni guipure, Il est fait le berceau ce berceau sans réveil! Il est de chêne, hélas! et ce n'est qu'une bière ! Le fait est ramassé dans ce dernier vers; aucune réflexion ne l'accompagne. Mais à la joie de l'attente, à l'empressement des préparatifs, aux folies des dépenses, on mesure l'amertume mortelle de la déception. Les antécédents ainsi étendus suggèrent les conséquents sous-entendus, (A suivre.) |