prit prononçant sur les rapports qui existent entre les objets ou les vérités. Ex. Le soleil est brillant sur l'azur du lac. Ex.-L'innocence est rarement la parure d'une âme orgueilleuse. 3. Qualités.-10 La pensée VRAIE représente son objet tel qu'il est en réalité. Ex.-Dieu est saint.-L'humilité sied à un cœur aimant et pur. La pensée fausse le représente autre qu'il n'est. vue. 2o La pensée JUSTE est celle qui est vraie à tous les points de Ex." Les grands noms abaissent au lieu d'élever ceux qui ne savent pas les soutenir.”—(La Bruyère). Le paradoxe est une pensée vraie d'un côté seulement. Ex. Du devoir il est beau de ne jamais sortir, Mais plus beau d'y rentrer avec le repentir.—(Volt.) Il est plus beau de rentrer dans le devoir que de ne pas y rentrer du tout pensée vraie ;-mais elle est paradoxale et fausse dans les deux vers de Voltaire, sinon, il faudrait admettre que saint Augustin a bien fait de pécher, et saint Louis de Gonzague a mal fait de ne pas perdre son innocence baptismale. 3o La pensée CLAIRE représente nettement son objet que l'esprit saisit facilement. Ex.-"Le jour n'est pas plus pur que le fond de mon cœur.”—(Rac. Phéd. IV.) La pensée est obscure, nuageuse, quand on la comprend à peine. 4o La pensée NATURELLE traduit l'objet tel qu'il est ; SIMPLE, elle exprime l'idée sans apprêt, sans recherche. Ex. Les enfants parlent souvent avant de réfléchir. 5o La pensée est NAÏVE, quand la simplicité est extrême et jaillit subitement comme de source. Ex." Deux rats cherchaient leur vie ; ils trouvèrent un œuf. Il n'était pas besoin qu'ils trouvassent un bœuf."-(La Font. X. 1). I. La CANDEUR est la simplicité propre à l'âme ignorante du vice et la sincérité d'un cœur qui n'a rien à cacher. Ex. "Cet animal m'a semblé si doux : Il est velouté comme nous. Un modeste regard, et pourtant l'œil luisant. Je le crois fort sympathisant... (La Font. VI. 5.) 2. L'INGÉNUITÉ ajoute à la candeur un parfum de distinction et d'innocente franchise. Ex.-"Et je sais que de moi tu médis l'an passé, -Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né? Reprit l'agneau ; je tette encor ma mère.”-(La Font. I. 10). 3. La BONHOMIE révèle une simplicité joyeuse, familière, trahit un esprit fin et un bon cœur, l'absence de fiel et de haine. Ex.-A la mort de Mme de la Sablière, La Fontaine dut chercher un autre toit hospitalier. En sortant, il rencontra dans la rue Mme d'Hervart : "Je vous cherchais, Monsieur, dit-elle vivement, pour vous prier de venir désormais loger chez moi."-"Jy allais, Madame," répondit le Bonhome. 4. Une NAÏVETÉ est synonyme de sottise, niaiserie, excessive simplicité. 6o La pensée NEUVE est celle dont l'objet, bien que connu déjà, est présenté sous une forme inattendue. Ex.--Le fer ne connaîtra ni le sexe ni l'âge. (Rac. Esth. I. 3), c'est-àdire, le massacre sera général. . La pensée banale, usée. rebattue. Ex.-Le ciel d'azur. les vertes prairies.. en ce beau jour une salutaire influence.. les appâts de la gloire.. etc., etc. 7o La pensée fine, piquante montre l'idée ou l'objet sous un aspect et laisse le plaisir de deviner les autres.- Syn.: trait d'esprit; ingéniosité. Ex.-"Quelque bien que l'on dise de nous, on ne nous apprend rien de nouveau." (La Rochefoucauld, Max.) La pensée subtile, prétentieuse, raffinée, recherchée ;-jeux de mots, pointes, calembour. 80 La pensée gracieuse, délicate offre à l'esprit des objets agréables en eux-mêmes ou par la manière de les présenter. Ex.---"La grâce est plus belle encor que la beauté."—(La Font. Adonis). 9o La pensée FORTE, ÉNERGIQUE, VÉHÉMENTE renferme beaucoup de sens en peu de mots. Ex.-"A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire."—(Corn. Cid. I, 2). 10o La pensée HARDIE semble une exagération dans l'expression d'une idée. Ex.-Seigneur, ou pardonnez-leur, ou effacez mon nom du livre où vous l'avez écrit (Moïse, Exode.) La pensée extravagante, ampoulée, emphatique se rencontre souvent dans les œuvres de V. Hugo, de Zola et des décadents naturalistes. 11o La pensée NOBLE, ÉLEVÉE représente des objets propres à ravir d'admiration par les réflexions qu'elle suggère. Ex. Celui qui met un frein à la fureur des flots, Sait aussi des méchants arrêter les complots.--(Rac. Ath. I. 1). Voir aussi la prière d Esther dans la tragédie de ce nom. La pensée basse, vulgaire, triviale, familière. 120 La pensée SUBLIME représente l'idée sous des couleurs saisissantes ou sous un jour qui ravit d'enthousiasme. Ex.-Félix. Enfin, ma bonté cède à ma juste fureur : Polyeucte.--Je suis chrétien !—(Corn. Pol. V. 3). L'emphase, le phæbus, l'enflure sont la recherche fréquente et à tort du sublime. ** CULTURE De l'intelligence. Les novices dans l'art d'écrire se plaignent de la sécheresse et de la stérilité d'esprit, du manque d'idées. Les procédés leur font défaut, l'activité et l'effort les découragent d'avance: ainsi ils ne trouvent rien, parce qu'ils ne savent pas chercher.-Nous reviendrons plus tard aux détails sur cet important sujet. nous des conseils suivants de culture intellectuelle : Contentons 1o La RÉFLEXION et la MÉDITATION préalable du sujet que l'on doit traiter. Vous êtes doué d'intelligence, de jugement, de mémoire, d'esprit, de conscience, interrogez ces facultés, rentrez en vous-même, vous y découvrirez infailliblement des idées, cachées, il est vrai, comme l'étincelle dans la pierre.. 20 L'OBSERVATION des faits, des conversations, des mœurs de nos semblables. Il faut s'habituer au raisonnement, à la recherche des causes et des effets, savoir comparer, rapprocher, opposer des circonstances analogues, épier la conduite de son voisin, personne instruite, judicieuse, expérimentée, que l'on devra imiter sans crainte. 3o La LECTURE des meilleures œuvres de critique littéraire. L'on se demande comment, en quels termes, elles sont jugées et appréciées par des esprits d'élite, par des hommes de talent et de goût. établit des principes et conseils ni de correc 4o L'ENSEIGNEMENT d'un maître qui des idées générales, qui n'est avare ni de tions, qui partage avec libéralité sa provision de savoir et d'expérience. § II.-Les sentiments. 1. Déf.-Le SENTIMENT est une impression agréable ou désagréable, produite dans l'âme par une idée. 2. Div.-1o Le sentiment religieux a pour objet Dieu et ce qui se rapporte à son culte. 20 Le sentiment de la nature a pour objet la nature physique, le monde extérieur sensible. 3o Le sentiment moral a pour objet le bien ou le mal, le devoir et la vertu, le respect et l'admiration, l'estime ou le mépris, l'amour ou la haine, et surtout la satisfaction morale et le remords. 4o Le sentiment esthétique a pour objet le plaisir ou la tristesse que nous procurent la contemplation du beau ou la vue du laid dans les œuvres d'art. 3. Qualités. -1° Le sentiment VRAI, SINCÈRE est celui qui est éprouvé par l'écrivain et qu'il communique aux autres. s'écrie: rents. Ex.-Médée, accablée de malheurs, reçoit les caresses de ses enfants, et "Ah! chers consolateurs ! Ils comprennent que Dieu créa dans nos misères Les baisers des enfants pour les larmes des mères." (Rac.) Les sentiments artificiels, fictifs, factices nous laissent indifféLe sentiment faux (on a créé aujourd'hui l'adjectif insincère) est celui qui n'a pu exister réellement ni vraisemblablement dans l'âme de la personne qui l'exprime. 20 Le sentiment NATUREL, VRAISEMBLABLE est en harmonie avec le caractère et la situation d'un personnage. Vrat et naturel sont souvent identiques; il y a entre eux une nuance, selon ce vers Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable. (Boil.) Ex.-Faites, dieux immortels, qu'en voyant cet enfant revenir chargé de dépouilles sanglantes, la foule dise un jour: Astyanax est plus brave que son père, Hector!" (Homère, Il. vi.) 3o Le sentiment DÉLICAT est celui qui s'exprime sous une forme aimable et voilée. Syn.: gracieux, exquis, doux. Ex.—“ Va, je ne te hais point!" (Corn., Cid. III, 1.) Ex. Mon enfant, On n'a pas été sage." Nous n'avons pas été sage." Le sentiment indélicat, aigre, piquant... 4o Le sentiment NOBLE, GRAND, ÉLEVÉ paraît désintéressé et porte à l'admiration, à la reconnaissance, à l'amour. Ex.-" Rome nous a nommés, je ne vous connais plus ! -Je vous connais encore, et c'est ce qui me tue !" -(Corn, Hor. III, 1). Le sentiment bas, vulgaire, grossier, intéressé. 5o Le sentiment fort, énergique est celui d'une âme généreuse qui pousse à une grande action. Ex.- Si j'avance, suivez-moi; si je recule, tuez-moi ; si je meurs, vengez-moi!" (Larochejacquelin à ses soldats). 6o Le sentiment sublime excite dans l'âme, outre l'admiration, une sorte de stupeur et d'enthousiasme. Ex."Que vouliez-vous qu'il fit contre trois ? -Qu'il mourût !"-(Corn., Hor. III, 6.) CULTURE DE LA SENSIBILITÉ, DU CŒUR. Les sensations et les sentiments ont envahi la littérature contemporaine, avec une exagération regrettable; le journal et le roman ne vivent guère que de sensations: ce qui est plus regrettable encore. Les sensations et les sentiments sont utiles, nécessaires en littérature, à la condition néanmoins de fusionner avec la pensée, la logique, le raisonnement. La sensibilité conserve sa fraîcheur et son parfum, aux conditions suivantes : 10 Une vie pure. Toute âme souillée de vices devient passionnée, troublée, troublante, dure, insensible, cruelle même. Un trop grand nombre de romans contemporains sont les fruits d'esprits sans noblesse ni rectitude, de cœurs sans règles morales. 20 L'absence de préoccupations basses et avilissantes, la fuite des compagnies dangereuses, l'horreur des conversations dont rougirait la pudeur, et des lectures surtout qui tendent à réveiller les instincts inavouables de la nature mauvaise. 3o L'amour du spectacle de la nature, l'observation des scènes et des panoramas qui élèvent l'âme et approvisionnent l'imagination de couleurs vraies et variées. 4o La lecture et l'analyse des auteurs de bon goût, chez lesquels le cœur joue un rôle tempéré par la grandeur, l'élévation et le naturel des pensées, par la délicatesse, la grâce, la pureté des sentiments et des figures. 5o L'observation de son propre cœur et de la conduite des personnes de conscience délicate Les émotions et les inclinations intérieures sont multiples et incessantes; ce sont les vibrations secrètes des cordes de l'âme: il faut craindre de les fausser en recherchant les émotions trop vives! § III. Les Images. 1. Déf.-L'IMAGE est un produit de l'imagination.-Il ne faut pas la confondre avec l'idée. Celle-ci est une représentation purement spirituelle des objets; celle-là en est une représentation sensi |