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XXIII.

(Vers) pour mettre au bas du Portrait de deffunt M. HAMON Medecin de Port-Royal.

TOUT brillant de fçavoir, d'efprit, & d'éloquence,
Il courut au Defert chercher l'obscurité,
Aux Pauvres confacra fes biens, & sa science :
Et trente ans dans le jeufne, & dans l'aufterité,
Fit fon unique volupté
Des travaux de la Penitence.

REMARQUES.

dans leur commerce une certaine dureté, qui rend quelquefois fon Stile fort défagréable. On pourroit defirer auffi, qu'il n'eut pas fecoué le joug des Tranfitions. Il feroit en beaucoup d'endroits plus intelligible qu'il ne l'eft, & fon Livre en feroit bien plus utile. Dom Noël d'Argonne, Chartreux, l'a critiqué vivement, & fouvent avec raifon, dans fes Mélanges de Littérature & d'Hifloire, publiés fous le nom de Vigneul-Marville. M. Cofte l'a réfuté tant bien que mal dans la Défenfe de M. de La Bruyère & de fes Caractères, contre les accufations & objections de M. Vigneul-Marville. Les Dialogues de M. de La Bruyère fur le Quiétisme, n'êtoient qu'ébauchés quand il mourut. Le célèbre M. Du Pin y mit la dernière main, & les fit imprimer en 1699. à Paris.

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Voïés Sat, X. 646.738. XXIII. Jean Hamon, natif de Cherbourg en Normandie, fit fes Etudes dans l'Univerfité

de Paris, & fut Précepteur de M. de Harlay qui fut dans la fuite Procureur Général & puis Premier Préfident. M. Hamon prit le parti de la Médecine, & lorfqu'il commençoit à faire tout l'ornement de la Faculté de Paris, & que fon habileté dans fon Art & fon efprit lui promettoient la fortune la plus brillante, il diftribua fon Patrimoine aux Pauvres, & vendit fa Bibliothèque, pour fe retirer en 1650. dans la Solitude de Port- Roïal des Champs, n'aïant encore alors que 33. ans. Il y en vécut 36. dans la pénitence la plus auftère & la plus laborieufe. Il s'occupa d'abord à la culture de la terre, puis à fervir M. Arnauld le Docteur. Il reprit enfuite l'exer cice de la Médecine pour le fervice des Religieufes & des Solitaires de Port-Roïal,& des Pauvres des environs. Il faifoit prefque tous les jours à jeun quatre & cinq lieues, quelquefois même jufqu'à dix, à pied dans la

XXIV.

Vers en ftile de CHAPELAIN, pour mettre à la fin de fon Poëme de LA PUCELLE.

MAUDIT foit l'Auteur dur, dont l'afpre & rude verve
Son cerveau tenaillant, rima malgré Minerve ;
Et de fon lourd marteau, martelant le Bon fens
A fait de méchans vers douze fois douze cents,

REMARQUES.

Campagne, pour vifiter les malades, portant fur lui tous les remèdes, dont chacun pouvoit avoir befoin, & les inftrumens néceffaires pour la plufpart des Opérations ordinaires de la Chirurgie, qu'il avoit appris à faire lui-même. Les vingt-deux dernières années de fa vie, il fe réduifit à manger feul ne fe nourriffant que de pain de fon, afin de pouvoir en fecret diftribuer à quelques Pauvres ce qu'on lui donnoit pour fa nourriture. C'eft ce qu'on ne découvrit qu'après fa mort. Il dormoit extrêmement peu, couchant fur une planche, & fe levant avant deux heures du matin. Comme il confacroit tout le jour aux Malades il réfervoit la plus grande partie de la nuit pour la Prière, pour l'Etude, & pour la compofition d'un affés grand nombre d'Ouvrages, qui roulent prefque tous fur des matières de piété. L'on ne doit prefque chercher dans ceux qui font en François que l'Onction du

Stile jointe à la folidité du fonds. Le Stile de ceux qui font en Latin eft vif, ingénieux, brillant, avoifinant même un peu la Pointe. Manière d'écrire, que l'on contracte aflés ordinairement dans les Ecoles de Médecine, 11 mourut le 22. de Février 1687. âgé de 69. ans. Les Médecins de Paris ont placé fon Portrait dans leur Salle, comme un

monument éternel de la vénération, qu'ils confervent pour fa mémoire.

Voïés, Tome III. Epitaphe de M. Racine.

XXIV. Vers 4. A fait de méchans vers douze fois douze cens.] LA PUCELLE a douze Livres chacun de douze cens Vers (ou environ.) DESP.

M. Defpréaux aïant dit ce Quatrain à M. le Premier Préfident de Lamoignon,ce Magiftrat envoïa querir chés le Libraire un Exemplaire de La Pucelle écrivit de fa main ces quatre Vers fur le premier feuillet, & le renvoia, BROSS.

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XXV.

Sur le Livre des FLAGELLANS, composé par mon Frere le Docteur de Sorbonne.

NON le Livre des Flagellans

N'a jamais condamné, lifez-le bien, mes Peres,
Ces rigiditez falutaires,

Que pour ravir le Ciel faintement violens,
5 Exercent sur leurs corps tant de Chreftiens austeres.

REMARQUES.

XXV. Cette Epigramme, eft la première de celles qui furent ajoutées à l'Edition de 1713. fous ce titre Epigrammes Nouvelles, c'eft une des moindres de nôtre Auteur. Elle fut compofée à l'occafion de la Critique, que les Journalistes de Trévoux avoient faite, dans leurs Mémoires du mois de Juin 1703. du Livre, que M. Boileau le Docteur, avoit fait imprimer à Paris chés Aniffon en 1700. fous ce titre : HisTORIA FLAGELLANTIUM de recto aut perverfo Flagrorum ufu apud Chriflianos, ex antiquis Scriptura, Patrum, Pontificum, Conciliorum & Scriptorum profanorum monumentis cum cura & fide expreffa. Le but de cet Ouvrage eft à peu près tel que nôtre Auteur le dit dans cette Epigramme. Voici comment M. l'Abbé Boileau le propofe lui-même dans le Sommaire de fon I. Chapitre. Ufum Flagellationum unà cum aliis carnis attenuationibus factarum reprehendere non eft animus Jed earum di. vifim&folitariè fumptarum perverfum ufum, poftpofitis aliis carnis vexationibus, oftendere. Six

mois après l'impreffion de ce Livre, il fut attaqué par une Lettre de M. D. L. C. P. D. B. &c. On croit cette Lettre du fameux P. Du Cerceau Jésuite. M. l'Abbé Boileau fe juftifia par un Ecrit, qu'il ne fit point imprimer, & dont le titre eft: Hifloria Flagellantium vindicata &c. En 1703. M. Thiers fit une Critique confidérable de l'Hifloire des Flagellans. Cette même Hifloire, mife en François par un Anonime, fut imprimée en Hol lande en 1701. & l'année fuivante l'Abbé Boileau cenfura, dans un Ecrit public, flufieurs bévues de fon Traducteur & la manière indécente, dont il avoit rendu quelques endroits, M. l'Abbé Granet fit réimprimer à Paris en 1732. cette Traduction corrigée, & mit à la tête une Préface Hiftorique de fa façon.

Jacques Boileau Docteur en Théologie de la Faculté de Paris, Maifon & Société de Sorbonne, fut le fecond des Fils de Gilles Boilean & d'Anne de Nielle. Il naquit le 16. Mars 1635. fie fes Humanités au Collège de

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Il blame feulement cet abus odieux

D'étaler & d'offrir aux yeux

Ce que leur doit toûjours cacher la bienfeance;
Et combat vivement la fauffe pieté,

10 Qui, fous couleur d'éteindre en nous la volupté,
Par l'aufterité mefme & par la penitence
Sçait allumer le feu de la lubricité.

REMARQUES.

Beauvais, & fa Philofophie au College d'Harcourt fous le fameux Reger Omoloi; fe diftingua fur les bancs de Sorbonne; fut Prieur de fa Licence & reçut le Bonnet de Docteur le 22. Mai 1662. En 1667. M. de Gondrin, Archevêque de Sens le fit Doïen de fon Eglife & fon Grand Vicaire. En 1694. il fut pourvu par le Roi d'un Canonicat de la Sainte Chapelle, & revint s'établir à Paris. Il mourut le 1. Août 1716. âgé de 81. ans, 4, mois, & 15. jours. Il êtoit alors Doïen de la Faculté de Théologie. C'êtoit un Homme favant, de beaucoup d'efprit, & qui fe plaifoit à railler. Il a fait un aflés grand nombre d'Ouvrages de peu d'haleine, mais pleins de recherches. Ils ont prefque tous des matières fingulières pour objet, & la plufpart font en Latin, d'un Stile dur,

affecté

fouvent inintelligible

pour qui ne voudroit lire qu'en Courant mais les chofes les plus sèches & les plus férieufes font prefque par tout affaifonnées de plaifanteries & de traits fatiriques. Il avoit prouvé dans un Livre dont le titre eft: Hiftorica Difquifitio de re vestiarid Hominis facri vitam communem more civili traducentis qu'il êtoit indifférent aux Eccléfiaftiques, vivans dans le monde, de porter des habits longs ou des habits courts; & je me fouviens de l'avoir vu, les dernières années de fa vie, aller à pied dans les rues de Paris, vêtu d'un habit eccléfiaftique, qui n'êtoit ni long, ni court.

Voïés Sat. VIII, Som, Sat. X. 253.255. Epit. VIII. 25. Epi. grammes VIII. & IX. Lettre d M. Racine, Tome III, Boleana, N. CXI.

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Η ειδον μὲν ἐγὼν ; ἐχάρασσε ἢ Θεῖος Ομηρος. Cantabam quidem ego: fcribebat autem dius Homerus.

QUAND la derniere fois dans le facré vallon,
La Troupe des neuf Sœurs, par l'ordre d'Apollon
Leut l'Iliade & l'Odyffée,

Chacune à les louer fe montrant empreffée,

REMARQUES.

XXVI. H'doy &c.] Vers Grec de l'Anthologie. DESP. Nôtre Auteur par une petite narration amène la penfée de ce Vers, qui fe trouve feul dans

l'Anthologie. Cette Epigramme. fut faite le 12. de Décembre 1702. M. Charpentier, de l'Académie Françoise, avoit fait auparavant celle-ci fur le même fujet.

Quand Apollon vit le Volume

Qui fous le nom d'Homère enchantoit l'Univers:
Je me fouviens, dit-il, que j'ai dicté ces Vers,
Et qu'Homère tenoit la plume.

"Cela eft affés concis & aflés, qu'elles ont de ces deux grands
bien tourné, dit M. Defpréaux,,
,, dans deux Lettres du 4. Mars

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"" & du 3. Juillet 1703. mais le

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Volume eft un mot fort bas en ,, cet endroit, & je n'aime point,, ,, ce mot de Palais: tenoit la

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plume. D'ailleurs quel air l'Au,, teur de cette dernière Epi,,gramme donne-t-il à Apollon, ,, qu'il fuppofe lifant ces deux ,,Ouvrages dans fon Cabinet

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& fe difant à lui-même ; C'e , moy qui les ay dietez. Au lieu ,, que dans la mienne Apollon, c'eft-à-dire, le Génie feul, eft au milieu des Mufes, à qui il déclare qu'elles ne fe trom➜ pent point dans l'admiration

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chefs-d'œuvre, puifque c'est lui, qui les a compofez dans une efpece d'enthoufiafme & d'yvreffe, qui ne lui permettoit pas d'écrire, & qu'Homere les avoit recueillis. C'est donc le mot d'yuresse qui fauve ,, tout, & qui fait voir pour,, quoy Apollon avoit tant tardé

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à dire aux nouf Sœurs, qu'il eftoit l'Auteur de ces deux ,,Ouvrages; fe fouvenant à peine de les avoir faits,,. BROSS.

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Ce que nôtre Auteur vient de dire fur le fonds de fon Epigramme en montre fort bien le mérite, Mais cela n'empêche pas

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