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DISCOURS

SUR

L'OD E.

L'ODE fuivante a efté composée à l'occafion de (2) ces estranges Dialogues qui ont paru depuis quelque tems, où tous les plus grands Ecrivains de l'Antiquité ( 3 ) font traités d'Efprits mediocres, de gens à estre mis en parallele avec les Chapelains & avec les Cotins, & où (4) voulant faire honneur à noftre

REMARQUES.

(1) Difcours fur l'Ode. ] Ce Titre n'annonce rien moins que la nature de ce qu'on va lire. Ce n'eft point un abregé des principales Règles de la Poefie Lirique; c'eft uniquement une Préfaee, un Avant-propos, où l'Au. teur explique à quelle occafion il a compofé l'ODE fur la prise de Namur & quel but il s'eft propofé. Chemin faifant, il prétend défendre Pindare contre M. Perrault, qu'il traite d'une manière, qui me paroît peu convenable. Cet Académicien répondit par une Lettre judicieuse & polie, quoique fèche en quel ques endroits, à laquelle M. Defpréaux répliqua dans fes Réflexions Critiques fur Longin, & prin

cipalement dans la première.

Ce Difcours fur l'Ode fera fuivi de la Lettre de M. Perrault. Voïésy Nomb. XVII, à quel motif il attribue les mauvais traitemens, qu'il reçoit ici.

(2) ces eftranges Dialogues ] Parallèle des Anciens & des Mo dernes en forme de Dialogues. DE SP.

M. Perrault en avoit publié trois Volumes, quand M. Defpréaux compofa fon Ode en 1693. Le quatriéme ne parut qu'en 1696. BROSS.

(3) font traités d'Efprits mediocres, &c.] Voïés la Lettre de M. Perran, N. II.

(4) voulant faire honneur &c.] Voïés ibid. N. III.

fiecle, on l'a en quelque forte diffamé, en faifant voir qu'il s'y trouve des Hommes capables d'écrire des chofes fi peu fenfées. (5) Pindare y eft des plus maltraités. (6) Comme les beautés de ce Poëte font extrêmement renfermées dans fa Langue, l'Auteur de ces Dialogues,(7) qui vraisemblablement ne fçait point de Grec, & qui n'a leu Pindare que dans des traductions Latines affez defectueuses, a pris pour galimathias tout ce que la foiblesse de fes lumieres ne lui permettoit pas de comprendre. (8) Il a furtout traité de ridicules ces endroits merveilleux, où le Poëte, pour marquer un efprit entièrement hors de foy, rompt quelquefois de deffein formé la fuitte de fon difcours &(9) afin de mieux entrer dans la raifon, fort, s'il faut ainfi parler, de la raison même, (10) évitant avec grand foin cet ordre methodique & ces exactes liaisons de fens qui

REMARQUES.

(5) Pindare y efl des plus maltraités. ] Voïés le Parallèle des Anciens des Modernes, Tome I. p. 28. & Tome III. page 160. BROSS.

Voiés auffi la Lettre de Perrault, N. IV.

(6) Comme les beautés de ce Poëte &c.]Voïés Ibid. Nomb. V. & la Remarque 30. fur ce Dif.

Cours.

(7) qui vraisemblablement ne fait point de Grec, ] M. Perrault N. V. répond bien féchement à ce reproche.

(8) Il a furtont traité de ridi cules &c.] Voïés ci-deffous Remarque 30.

(9) afin de mieux entrer dans la raifon (Pindare) fort, s'il faut ainfi parler, de la raison même ] De quelque côté que j'envisage ce bout de Phrafe, je ne puis comprendre ce que l'Auteur a voulu dire, & je trouve que M. Perrault, N. IV. y répond trèsfenfément,

(10) évitant avec grand foin cet ordre methodique &c.] Voies Remarque 30.

ofteroient l'ame à la Poëfie Lyrique. Le Cenfeur dont je parle n'a pas pris garde qu'en attaquant ces nobles hardieffes de Pindare, il donnoit lieu de croire ( 11 ) qu'il n'a jamais conceu le fublime des Pleaumes de David, où (12) s'il eft permis de parler de ces faints Cantiques à propos de chofes fi profânes, il y a beaucoup de ces fens rompus, qui fervent mefme quelquefois à en faire fentir la divinité. (13) Ce Critique, felon toutes les apparences, n'eft pas fort convaincu (14) du pre

REMARQUES.

(11) qu'il n'a jamais conceu le fublime des Pfeaumes de David, &c. 1 Voïés Lettre de Perrault, N. VI.

(12) s'il eft permis de parler de tes faints Cantiques à propos de chofes fi profanes, &c.] Il y a dans le Tome II. des Mémoires de l'Académie des Infcriptions & Belles-Lettres un petit Ouvrage de M. l'Abbé Fraguier, aïant pour titre; Caractère de Pindare; dáns lequel il fait ufage de la même Comparaifon, que nôtre Auteur emploie ici. Cet Abbé, dit M. l'Abbé Goujet, dans fon utile & curieufe Bibliothèque Françoife, Tome IV. p. 252.

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"n'a pas craint de dire, que s'il étoit ,, permis de rien comparer à la beauté des Pfeaumes, aux endroits poëtiques du Livre de ,, Job, & au fublime des Canti,, ques, que l'Efprit de Dieu a mis dans la bouche de fes ,, Prophètes, la Poëfie de Pindare en approche autant que la foibleffe humaine peut approcher de ces divins modèles,

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C'eft auffi par le parallèle de la Narration d'Homère avec celle des Livres de Moife, que Madame Dacier dans fa Préface de la Traduction de l'Iliade, s'efforce de juftifier le Poëte Grec de quelques défauts, que nous ne fommes que trop en droit de lui reprocher. Ces Comparaifons indifcrètes, fans rien prouver en faveur de ceux qu'on veut nous forcer d'admirer au de-là de ce qu'ils nous paroiflent admirables pourroient bien ne fervir qu'à montrer combien le zèle outré pour l'Antiquité peut être capable d'égarement. (13) Ce Critique. n'eft pas fort convaincu &c.] Voïés Lettre de Perrault, N. VII.

(14) CHANG, du precèpte que j'ai avancé dans mon Art Poëti que,] Il paroît, par l'endroit qu'on vient de citer de la Lettre de Perrault, que nôtre Auteur, dans la première Edition de ce Difcours, que je n'ai point vuë, avoit mis: du precepte qu'on a avancé dans l'Art Poëtique,

cèpte que j'ay avancé (15) dans mon Art Poetique, à propos de l'Ode.

Son ftile impetueux fouvent marche au bazard.
Chez elle un beau defordre eft un effet de l'Art.

(16) Ce precepte effectivement qui donne pour regle de ne point garder quelquefois de regles, eft un myftere de l'Art qu'il n'est pas aisé de faire entendre (17) à un Homme fans · gouft, (18) qui croit que la Clelie ( 19 ) & nos Opera font les modeles du genre fublime, qui trouve (20) Terence fade, Virgile froid, Homere de mauvais fens, & (21) qu'une efpece de bizarrerie d'efprit rend infenfible à tout ce qui frappe ordinairement les Hommes. Mais ce n'eft pas ici le lieu de 22) lui montrer

REMARQUES.

(15) dans mon Art Poëtique, ] Chant II. Vers 71.

(16) Ce precepte effectivement qui donne pour regle &c.] Voïés, Remarque 30.

(17) dun Homme fans gouft] Voies Lettre de Perrault, N. VIII. (18) qui croit que la Clelie &c.] Voïés, Ibid. N. IX.

(19) CHANG. & nos Opera 1 Dans l'Edition de 1694. on lit: &les Opera. Dans la première Edition, l'Auteur avoit écrit Operas. M. Perrault lui reprocha cette s. N. VIII. Ce qui la lui fit fupprimer dans la fuite, quoiqu'il l'ait en quelque forte juftifiée dans la I. Réflexion Critique fur Longin.

(20) Terence fade, &c.] Voïés Lettre de Perrault, N. X.

(21) CHANG. qu'une espece de bizarrerie d'efprit rend infenfible &c.] Il y avoit dans la première Edition, qu'une espece de bizarrerie d'efprit, qui luy eft commune avec toute fa famille, rend insenfible &c.] Dans les Editions fuivantes nôtre Auteur retrancha ces mots qui luy eft commune avec toute la famille. C'est le moins qu'il dût faire après les reproches, qu'il en avoit reçus de M. Perrault, qui répond très bien à toute cette invective dans fa Lettre, NN. XI. XII. & XIII,

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(22) lui montrer les erreurs.1 Voiés, Ibid. N. XIV,

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