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Un Chanoine luy feul triomphant du Prélat,
Du rochet à nos yeux ternira-t-il l'éclat ?

Non, non, pour te couvrir de fa main redoutable, 190 Accepte de mon corps l'épaiffeur favorable.

Vien, & fous ce rempart à ce Guerrier hautain
Fait voler ce Quinaut qui me reste à la main.
A ces mots il luy tend le doux & tendre
ouvrage.
Le Sacriftain, boüillant de zele & de courage,

REMARQUES.

du Parlement, qui accompagnoient M. le Premier Préfident, celle de Nôtre-Dame fut contrainte de céder à la force. Ce démêlé êtoit arrivé d'autrefois, & le Porte-banniere de la Sainte Chapelle avoit toujours foûtenu vigoureufement fon honneur & celui de fon Eglife. Pour prévenir de plus facheufes fuites, on réfolut que le jour de la Fête Dieu, la Sainte Chapelle feroit fa Proceffion à fept heures du matin, avant celle de Nôtre. Dame, BROSS.

IMIT. Vers 189. Non, non, pour te couvrir &c.] Iliade, Liv. VIII. Vers 267. DESP.

Dans l'endroit cité par nôtre Auteur Ajax couvre de fon bouclier Tencer fon Frère, afin qu'il puiffe en fureté lancer des traits contre Hector & les Troïens. BROSS.

VERS 192. Fait voler ce Quinant &c.] Les Oeuvres de Philippe Quinaut de l'Académie Fransoife, confiftent principalement en diverfes Pièces de Théatre, tant Tragédies & Comédies qu'opera. Le caractère de toutes ces Pièces eft marqué par ces mots du Vers fuivant: le doux & tendre onurage. BRoss.

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Ce trait de fatire porte abfolument à faux fur les Opera de Qui naut, qui font ce que nous avons de plus parfait en ce genre; mais il tombe jufte fur les autres Pièces de Théatre, où la douceur & la tendreffe regnent jufqu'à la fadeur, & dont la Verfification n'a pas plus de force que celles de tout ce qu'il a fair pour être inis en Mufique, où les Vers font abfolument affervis à la commodité du Chant. Voïés Satire II. Vers 20. Satire III. Vers 187, 194. 196. Satire IX. Vers 98. Satire X. Vers 134, 137. 141. 146. 385.

CHANG. Ibid. -voler ce Qui naut] Le nom de Quinaut ne se trouve pas dans les premières Editions. Du moins n'eft-il pas dans célle de 1694. où l'on lit : Fait voler ce P. ** Ce qui femble indiquer Perrault aux Ouvrages duquel la critique, que nôtre Auteur fait ici, ne pourroit convenir que par une explication très-forcée.

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CHANG. Vers 193. le doux & tendre Ouvrage. ] Dans les premières Editions on lifoit : le doucereux ouvrage. Ce qui ne formoit pas le même fens. Qui nant eft doux & tendre. Ses Imis

"

195 Le prend, fe cache, approche, & droit entre les yeux
Frappe du noble écrit l'Athlete audacieux :
Mais c'eft pour l'ébranler une foible tempefte."
Le livre fans vigueur mollit contre sa teste.
Le Chanoine les voit de colere embrazé.
200 Attendez, leur dit-il, Couple lâche & ruzé,

Et jugez fi ma main aux grands exploits novice
Lance à mes ennemis un livre qui molliffe.
A ces mots il faifit un vieil Infortiat,
Groffi des vifions d'Accurfe & d'Alciat,
205 Inutile ramas de Gothique écriture,

Dont quatre ais mal unis formoient la couverture
Entourée à demi d'un vieux parchemin noir,
Où pendoit à trois clous un refte de fermoir.
Sur l'ais qui le foûtient auprés d'un Avicenne,
210 Deux des plus forts Mortels l'ébranleroient à peine,

REMARQUES.

tations ne font ordinairement
que doucereux.

VERS 196. Frappe du noble écrit
l'Athlete audacieux. ] Ce noble
écrit, dit ironiquement des Ou-
vrages de Quinaut, ne préfente
pas un fens bien net. Ajoutons
une queition, qui ne paroîtra
peut-être qu'une vétille de Gram-
maire. Peut-on indiquer par le
mot écrit, un Volume conte-
nant plufieurs Ouvrages?

VERS 198. Le livre fans vigueur

VERS 209.

mollit &c.] Ces mots, qui caractérisent fort bien les Tragé dies de Quinaut, renfermeroient une critique injufte, s'il ne s'agiffoit que de fes Opera.

VERS 203. -un vieil Infortiat.] Livre de Droit d'une grosfeur énorme. DES P.

IMIT. Vers 203. & 204.
un vieil Infortiat, Groff des vi-
fions d'Accurfe & d'Alciat, }
CORNEILLE avoit dit dans le
Menteur, A&t. I. Sc. VI.

Le Digefte nouveau, le vieux, l'Infortiat,
Ce qu'en a dit Jafon, Balde, Accurfe, Alciat.

-auprés d'un Avi. cenne. ] Auteur Arabe, Desp.

Le Chanoine pourtant l'enleve fans effort,
Et fur le Couple pafle, & déja demi-mort
Fait tomber à deux mains l'effroyable tonnerre.
Les Guerriers de ce coup vont mesurer la terre,
(215 Et du bois & des clous meurtris & déchirez,
Long-temps, loin du Perron, roulent fur les degrez.
Au fpectacle étonnant de leur chute impreveuë
Le Prélat pouffe un cri qui penetre la nuë.

Il maudit dans fon cœur le Demon des combats, 220 Et de l'horreur du coup il recule fix pas.

Mais bien-toft rappellant fon antique proüeffe,
Il tire du manteau sa dextre vengeresse;
Il part, & de fes doigts faintement alongez
Benit tous les Paffans en deux files

rangez.

REMARQUES.

IMIT. Vers 211. Le Chanoine

ci, l'Auteur fait une Parodie de pourtant l'enleve fans effort, ] De- cet endroit de l'Eneide, Liv. XII. puis le Vers 203. jufqu'à celui

Vers 296.

Saxum circumfpicit ingens;

Saxum antiquum, ingens, campo quod forte jacebat
Limes agro pofitus, litem ut difcerneret arvis.

Vix illud leti bis fex cervice fubirent,
Qualia nunc hominum producit corpora tellus.
Ille manu raptum trepida torquebat in hoftem
Altior infurgens, & curfu concitus beros.
IMIT. Vers 224. Benit tous les
Palans &c.] L'idée du Tréfo-
rier, qui met fin au combat à
force de donner des bénédic-
tions, pafle communément pour
empruntée du Tafone. Du moins
M. Broffette paroît-il en conve-
nir, en rapportant ce que ce
Poëte dit des Bénédictions, que le
Nonce donnoit aux Troupes de
deffus les murs de Bologne.
Pour mettre le Lecteur en êtat
de juger, coniment nôtre Au-

teur a profité de l'invention du Poëte Italien: voici ce qui fe pafle dans la Secchia rapita, Cant V. St. 29. & 30. Le Nonce arrive à Bologne au moment que les Troupes fortent de la Ville dans la Campagne. Il monte auffi-tôt fur le mur, & les Trou pes en paffant baiffent à fes pieds leurs lances & leurs 'Drapeaux ; & lui cependant tranchoit avec la main certaines bénédictions qui tenoient un mille

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225

Il fçait que l'Ennemi, que ce coup va surprendre,
Déformais fur fes piés ne l'oferoit attendre,

Et déja voit pour luy tout le peuple en courroux
Crier aux combattans, Profânes, à genoux.
Le Chantre qui de loin voit approcher l'orage,
230 Dans fon chœur éperdu cherche envain du courage :
Sa fierté l'abandonne, il tremble, il cede, il fuit,
Le long des facrez murs fa brigade le fuit.

Tout s'écarte à l'inftant: mais aucun n'en réchappe.
Par tout le doigt vainqueur les fuit & les ratrappe.
235 Evrard feul en un coin prudemment retiré,
Se croyoit à couvert de l'infulte facré :

Mais le Prélat vers luy fait une marche adroite:
Il obferve de l'œil, & tirant vers la droite,

REMARQUES.

de païs. Quand les Troupes
voient ces grands fignes de croix,
elles mettent auffi-tôt les genoux
en terre
vive le
en criant
>

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Pape & Monseigneur, & meurt l'Empereur Federic. Ce Prince protégeoit les Modenois & leur donnoit du fecours. e fali fopra le mura, Dove à l'ufcir de la città le fchiere Chinavano a' fuoi piè lance, e bandiere.

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Et egli con la man foura i campioni
De l'amica affemblea, tutto cortefe
Trinciava certe benedizioni,
Che pigliavano un miglio di paefe:
Quando la gente vide quei crocioni
Subito le ginocchia in terra fiefe,
Gridando, Viva il Papa, e Bonsignore,
E muora Federico Imperadore.

"Ce trait qu'a critiqué M. Bail
,, let, eft emprunté, dit l'Editeur
de Paris 1740. de La Secchia
,, rapita, Poëme du Taffone, im-
primé en Italie fous les feux
des Inquifiteurs
VERS 236.

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de l'infulte fa

cré: ] BONNECORSE, dans les Remarques, qui fuivent fon Lutrigot, obferve fort bien, qu'infulte eft toujours feminin. Nôtre Auteur a fait la même faute dans le VI. Chant Vers 137. Il y dit, un profane infulte.

Tout d'un coup tourne à gauche, & d'un bras fortuné, 240 Benit fubitement le Guerrier confterné.

245

Le Chanoine furpris de la foudre mortelle,
Se dreffe, & leve en vain une tefte rebelle:
Sur fes genoux tremblans il tombe à cet aspect,
Et donne à la frayeur ce qu'il doit au refpect.

Dans le Temple auffi-toft le Prélat plein de gloire
Va goûter les doux fruits de fa fainte victoire,
Et de leur vain projet les Chanoines punis,
S'en retournent chez eux éperdus, & benis.

REMARQUES.

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