Diftingua le naïf du plat & du bouffon, VERS 94. REMARQUES. admirer le Typhon. ] TYPHON, ou la Gigantomachie Poëme burlefque de Scarron, dans lequel il décrit la Guerre des Géans contre les Dieux. Il parut en 1644. M. Defpréaux convenoit que les premiers Vets de ce Poëme font d'une plaifanterie aflés fine. BROSS. Le début du Typhon eft en effet une Satire ingénieufe du ri رو رو ,, Cette Pièce de Typhon eft le , plus agréable & le plus délicat ,, ouvrage de fon Auteur, l'un des plus beaux efprits de Fran,, ce, à la délicatefle duquel celui-ci n'arrivera jamais ; & l'on peut dire que fa mort feule eft caufe que l'on ne fait plus de Burlefque, parce que nul ne peut approcher de fa perfection Il ajoute un peu plus loin, que le Stile burlefque n'eft plat, qu'étant traité par des efprits plats. Il faut avouer qu'on trouve des chofes fines, délicates, ingénieufes charmantes dans les Vers burlesques de Scarron, qui véritablement avoit infiniment d'esprit. Mais auffi, quelle foule de platitudes, furtout dans fes Ouvrages d'une certaine longueur ! M. Naudé dans fon Mafcurat,p. 166. a cru faire honneur à Marot en le faifant pafler pour un Poëte burlefque. Balzac dans fa XXIX. Differtation, & le P. Vavaffeur dans fon Traité de Ludicra dictione, femble avoir fait confifter le principal caractère du Stile burlefque dans l'imitation de nos vieux Auteurs, & particulièrement de Marot. Il va même jusqu'à dire que s'il falloit irrémiffiblement que le fiile de Marot, & que le genre Burlesque periffent, il demanderoit grace pour les Avantures de la Sou ris (de Sarrazin) pour la Requête de Scarron au Cardinal, & pour celle des Dictionnaires à l'Acadé mie, (par Ménage. ) Mais le véritable caractère du Burlefque n'a pas êté fuffifamment connu de ces Ecrivains, fi judicieux d'ailleurs. Placer Marot parmi les Poëtes Burlesques & donner aux trois Pièces réfervées par Balzac le nom de Poefies Burlefques; c'eft confondre le naif avec le bouffon, & l'agréable avec le ridicule, entre lefquels il y a une diftance que l'on ne fauroit mesurer. BROSS. Au refte, à bien prendre le Stile Burlesque de Scarron, ce n'eft en beaucoup de chofes qu'une imitation de la Profe de Rabelais. 95 Que ce ftile jamais ne foüille voftre Ouvrage. Imitons de Marot l'élegant badinage, Et laiffons le Burlesque aux Plaifans du Pont-neuf. N'offrez rien au Lecteur que ce qui peut luy plaire. 105 Que toûjours dans vos vers, le fens coupant les mots, Sufpende l'hémistiche ; en marque le repos. REMARQUES. VERS 97. Voïés les cinq derniers Vers du troifiéme Chant. VERS 100. De morts & de mou rans cent montagnes plaintives. I De mourans & de morts cent montagnes plaintives, Des Montagnes de morts, Des Rivieres de fang, des VERS 106. Sulpende l'hémisliche, &c.] L'Auteur donne ici l'exem ple avec le précepte: en parlant deftes que celles de Brébeuf. Le Desmarêts, p. 82. & Pradon Gardez qu'une voyelle à courir trop hastée, Il eft un heureux choix de mots harmonieux. REMARQUES. après lui, p. 87. accufent M. mie rier les Céfures, pefer fur quel- Que toûjours dans vos Vers le fens coupant les mots C'eft qu'ils paffent le but, en de appellé Hiatus, ou Baillement. IMIT. Vers 112. Ne peut plaire à l'efprit, quand l'oreille eft bleffée. CICERON, dans fon Orateur a dit : Quamvis enim snaves gravelque fententia, tamen fi inconditis verbis efferuntur, offendent aures. quarum eft judicium fuperbiffimum. Et plus bas: voluptati autem aurium morigerari debet oratio. LA FRESNAIE VAUQUELIN n'a pas oublié ce Précepte. Il veut Art Poëtique, Livre II. que les Vers foient: d'une rime coulante, Qui fe rende à l'oreille agréable & plaisante. Durant les premiers ans du Parnaffe François, 15 La Rime, au bout des mots affemblez fans mefure, REMARQUES. VERS 117. Villon fceut le premier, &c.] François Corbeuil ou Corbuel, dit Villon, fils de Guil laume Corbeuil, dit Villon, vivoit dans le quinziéme fiècle, environ foixante ans avant Marot. Villon fignifioit en vieux langage Fripon; & ce furnom, que François Corbeuil avoit hérité de fon Père, lui fut confirmé par une Sentence du Châtelet, qui le condamna à être pendu. Le Parlement fur fon Appel, réforma la Sentence, & convertit la peine de mort en un Banniflement perpétuel. Quelques uns difent que l'Abbé de Saint Maixent en Poitou lui donna retraite chés lui; mais Rabelais, Liv. IV. Ch. 14. & Ch. dern. affure, que ce fut en Angleterre que Villon fe retira, & qu'il y devint favori du Roi Edouard V. Il avoit certainement beaucoup de génie. Le badinage fimple & naïf fait le caractère de fes Ou Imitons de Marot Quel plus grand éloge peut-on faire d'un Auteur, qu'en difant qu'il le faut imiter? Il eft vrai pourtant, que M. Defpréaux fe contente de parler ici des fervices, que Marot a rendus à nôtre vrages, que Marot, qui l'avoir choili pour modèle, recueillit par ordre de François I. & qu'il fit imprimer à Paris en 1532. chés Galliot Dupré. Nous en avons eu depuis une jolie Edition chés feu Coutelier en 1723. VERS 118. Débrouiller l'Art confus de nos vieux Romanciers. ] La plufpart de nos plus anciens Romans François font en Vers confus & fans ordre, comme le Roman de la Rofe & plufieurs autres. DES P. . VERS 119. Marot bien- toft aprés, &c. Ce Vers & les trois qui le fuivent n'ont pas contenté Desmarêts, qui dit p. 82. "Il ,, parle de Marot, qui fut un fi ,, agréable efprit, mais il n'en ,, peint pas le beau talent, & ,, ne le loue pas aflés,,. Ce Critique n'a pas fait attention que nôtre Auteur l'avoit précédemment proposé pour modèle par ce Vers: l'élegant badinage. Poefie; & que ce qu'il a dit la première fois ne caractérise pas aflès précisément le génie de cet aimable Poëte. Marot fans doute a fu donner à fon badinage une forte d'élégance. Mais le A des refrains reglez affervit les rondeaux, Et montra pour rimer des chemins tout nouveaux. Ronfard qui le fuivit, par une autre methode Reglant tout, broüilla tout, fit un Art à la mode : REMARQUES. badinage peut quelquefois être VERS 123. & 124. Ronfard, &c. Reglant tout, brouilla tout. ] La cenfure comprife dans ces mots eft un peu trop générale. Ce que l'Auteur dit enfuite eft jufte. Ce ne fut qu'à l'égard du Langage de la Poefie Françoife, que RONSARD, reglant tout, broilla tout. "Tu fçauras dextrement choifir, dit-il dans fon Abregé de l'Art Poetique François, & ap. proprier à ton œuvre les mots plus fignificatifs des dialectes de noftre France, quand mef ,, mement tu n'en auras point de fi bons ny de fi propres en ,, ta nation, & ne fe faut foucier fi les vocables font Gaf,, cons, Poitevins, Normans, ManLionnois, ou d'autres 59 ,, 99 9, ceaux ,, païs, pourveu qu'ils foiene bons, & que proprement ils fignifient ce que tu veux dire, fans affecter par trop le parler de la Cour, lequel eft quel,, quefois tres mauvais pour eftre le langage des Damoifelles & jeunes Gentils hommes qui font plus de profeffion de bien combattre que de parler,,. Il fe fondoit fur l'exemple des Grecs, qui dans leurs Vers avoient adopté le mélange des Dialectes de leur langue. Il avoit d'ailleurs pour lui fon propre exemple. Il ne confeilloit de faire que ce qu'il avoit fait lui-même avec fuccès. Ce fuccès avoit êté caufe que le commun des Poëtes de fon tems avoit marché fur fes traces. La Frefnaie - Vauquelin, quoiqu'au fonds ce fut un bon Esprit, s'y laila prendre d'abord comme les autres. L'endroit du I. Liv. de fon Art Poët, qui traite de la liberté, qu'on doit accorder aux Poëtes, d'inventer des mots nouveaux, finit par ces quatre Vers: L'idiome Norman, l'Angevin, le Mancean, C'eft ce qu'il eut apparemment voir pu fe réfoudre de retoucher, non plus que les autres Pièces contenues dans ce Volume. La preuve que les quatre Vers, qu'on vient de lire,n'auroient pas fub. fifté tels qu'ils font, c'eft que |