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C'est une vérité qui eft gravée en nousmêmes, & dont le bon fens & l'amourpropre nous fourniffent des preuves que nous ne faurions défavouer.

Or les belles Lettres nous rendent plus parfaits,

Qui peut en douter? Elles enrichiffent l'efprit, adouciffent les moeurs, répandent fur tout l'extérieur de l'homme un air de probité & de politeffe:

Donc il faut aimer les belles Lettres.

Mais le goût ne pouvant fouffrir cet arrangément fi compaffé, qui donneroit à l'oraifon une forte de roideur; il faut le renverfer & le déguifer. » Peut-on ne pas >> aimer les belles Lettres? Ce font elles qui enrichiffent l'efprit, qui adoucif» fent les moeurs. Ce font elles qui polif >> fent & qui perfectionnent l'humanité. » L'amour-propre & le bon fens fuffifent » pour nous les rendre précieuses, & nous » engager à les cultiver.

>>

Zénon comparoit l'argument philofophique à la main fermée, & l'argument

oratoire à la main ouverte.

On n'emploie le raifonnement que pour trouver foi-même, ou pour montrer aux autres une vérité qui ne fe découvre

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C'est une vérité qui eft gravée en nousmêmes, & dont le bon fens & l'amourpropre nous fourniffent des preuves que nous ne faurions défavouer.

Or les belles Lettres nous rendent plus parfaits,

Qui peut en douter? Elles enrichiffent l'efprit, adouciffent les moeurs, répandent fur tout l'extérieur de l'homme un air de probité & de politeffe:

Donc il faut aimer les belles Lettres.

Mais le goût ne pouvant fouffrir cet arrangément fi compaffé, qui donneroit à l'oraifon une forte de roideur ; il faut le renverfer & le déguifer. » Peut-on ne pas >> aimer les belles Lettres? Ce font elles » qui enrichissent l'efprit, qui adoucis» fent les moeurs. Ce font elles qui polif. » fent & qui perfectionnent l'humanité. >> L'amour-propre & le bon fens fuffifent » pour nous les rendre précieuses, & nous » engager à les cultiver.

Zénon comparoit l'argument philofophique à la main fermée, & l'argument oratoire à la main ouverte.

On n'emploie le raifonnement que pour trouver foi-même, ou pour montrer aux autres une vérité qui ne se découvre

pas, ou qui ne fe découvre pas affez. Par exemple: Que deux idées, qui ne paroiffent point liées entre elles, foient liées à une troifiéme : celle-ci fera le noeud des deux autres. Ainfi fij'ignore qu'il faut aimer la juftice, je me demande ce que c'eft que la juftice: c'eft une vertu, Cela me fuffit: je fais qu'il faut aimer la vertu; je fais auffi que la juftice eft une vertu ; je fais par conféquent qu'il faut aimer la justice. C'est une fuite de ce principe fameux Deux chofes qui conviennent avec une troifiéme fe conviennent entre elles.

Dans les autres cas, la fimple expofition des idées regne prefque feule. Et le plus fouvent dans les poëmes, dans les récits, dans les difcours, il s'agit plus de mettre les objets devant les yeux, que d'en prouver l'existence.

Lieux communs.

Les Anciens qui vouloient tout réduire en art, en avoient fait auffi pour l'invention. Diftribuant par ordre tous les afpects tant intérieurs qu'extérieurs d'une caufe, ils prétendoient mener le génie, comme par la main, & lui faire trouver tout d'un coup tous les argumens poffi bles, dans les différens lieux où ils les con

duifoient. Car c'eft ainfi qu'ils ont nommé ces efpeces de répertoires ou de magazins, qui recelent toutes les richeffes qui font l'objet de l'invention.

Le premier de tous eft la Définition; par laquelle l'orateur trouve dans la nature même de la chofe dont il parle, une raifon pour perfuader ce qu'il en dit. Ainfi il prouve qu'il faut faire cas de l'éloquence; parce que le talent de bien dire eft une chofe eftimable. Il faut beaucoup d'art pour conduire une armée : Car qu'est-ce qu'une armée, dit M. Fle» chier? c'est un corps animé d'une infi»nité de paffions différentes, qu'un hom» me fait mouvoir pour la défenfe de la » partie, c'eft une troupe d'hommes ar» mez, qui fuivent aveuglément les or» dres d'un chef, dont ils ne favent pas » les intentions; c'eft une multitude d'a»mes, pour la plupart viles & mercenai» res, qui, fans fonger à leur propre ré»putation, travaillent à celles des rois & » des conquêrans, c'eft un affemblage » confus de libertins, qu'il faut affujettir » à l'obéiffance; de lâches, qu'il faut me»ner au combat ; de téméraires, qu'il » faut retenir; d'impatiens qu'il faut ac>> coutumer à la conftance.» Donc il faut beaucoup d'art pour conduire une armée.

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