VICTOR HUGO: LES ANNÉES DE JEUNESSE tre conférence L de l'Académic française, ancien président du Conseil MESDEMOISELLES, MESDAMES, 'UNIVERSITÉ DES ANNALES me tient au cœur et à l'esprit par des liens déjà si vieux et par des souvenirs si chers que j'éprouve, à y revenir, un plaisir toujours nouveau. Mais cet aveu ne va pas sans une réserve. J'aimerais mieux, en effet, être à votre place qu'à la mienne, dans le public que sur la scène, et il me conviendrait davantage d'écouter que de parler. Après plus de quarante ans de parole, j'éprouve toujours une réelle appréhension à paraître devant le public, et je vous sais gré de la courtoisie si bienveillante que vous me témoignez ici depuis si longtemps. (Applaudissements.) Me voici donc de retour après neuf mois d'absence, qui n'ont pas été une infidélité. Mais je ne reviens que pour repartir, puisque nous allons, vous et moi, comme l'année dernière, faire un voyage, avec cette particularité que vous n'aurez pas à vous déplacer et que je resterai assis pendant une heure. J'ai pourtant, pour vous donner l'impression du voyage réel, apporté avec moi un certain nombre de petits bagages; ce sont ces livres, dans leurs étuis, que j'aurai l'occasion, si le temps me le permet, d'ouvrir, d'examiner et de caresser devant vous. faite le 22 novembre 1920 Je vous ai promenés l'année dernière, en prenant mes livres pour guides, du commencement du XVIe siècle à la fin du XVIIIe. C'était une vaste période. Cette année, avec Victor Hugo, je m'attaque à un homme qui, à lui seul, représente une époque, sans qu'il ait donné son nom au XIX siècle, si rempli de son œuvre, de son génie et du bruit de sa gloire. D'ailleurs, si l'on prend à larges traits l'histoire de l'humanité, on constate que deux hommes, trois peut-être, ont donné leur nom à leur siècle. C'est d'abord Périclès, l'homme de guerre et l'homme d'Etat, l'esprit délicat, cultivé et puissant qui symbolise l'époque miraculeuse du génie humain. Voltaire, en écrivant Le Siècle de Louis XIV, n'a pas seulement laissé un chef-d'œuvre: il a personnifié un grand siècle dans un grand roi, et le titre de son livre est devenu une qualification historique. Il n'a pas eu lui-même la fortune dont Louis XIV lui doit le bénéfice. Si puissant qu'il fût par le génie, et quoiqu'il ait, presque dès le début jusqu'à la fin, occupé le XVIII siècle par une activité et par une production sans égales, il ne lui a pas donné son nom. Il a beaucoup détruit. Rousseau avait construit, et c'est plutôt Rousseau qui fut l'homme du siècle. Victor Hugo a été un gé nie puissant et prestigieusement fécond. Pourtant, on ne dit pas du XIXe siècle, le siècle de |