560 3/12 NOTICES MÉMOIRES ET DOCUMENTS PUBLIÉS PAR LA SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE, D'ARCHÉOLOGIE ET D'HISTOIRE NATURELLE DU DÉPARTEMENT DE LA MANCHE HUITIÈME VOLUME UN MÉDECIN POÈTE AU XVIII SIÈCLE Le poète a jugé le médecin; le médecin a jugé le poète, et la double sentence est si loyale et si juste qu'il suffirait de la proposer comme un rare exemple de modestie, si le personnage ne se recommandait par d'autres titres à notre attention. Il appartient à cette société du dix-huitième siècle, qui, toute voisine qu'elle est de la nôtre, nous est moins connue cependant que de plus anciennes, parce qu'elle ne fait guère que commencer à sortir de dessous les décombres entassés par une terrible révolution. Il aime son temps; il le voit tel qu'il est et le trouve bien ainsi. Il l'amuse et s'y amuse et ne rêve rien de mieux en fait de bonheur social. Pauvre condition de progrès, si l'on veut; mais aussi très sûre garantie de sincérité. Parvenu tôt à une condition enviable, il n'a jamais oublié; il a aimé jusqu'au sacrifice un petit coin de province qui n'élève aucune prétention sur les grands rôles historiques; mais qui n'en a conservé que plus fidèlement sa physionomie propre, prenant des mœurs publiques la dose qui s'accommode le mieux avec son tempérament, ses goûts, ses traditions. Il est merveilleusement organisé pour réussir dans un monde amoureux de frivolités, et il s'y emploie de tout son pouvoir. Enfin, il est le très exact représentant de cette poésie facile, familière, propre à tout, prête à tout, qui, si elle n'était pas faite pour enrichir le trésor des modèles de notre littérature, eut du moins le mérite d'être le passe-temps de nos aïeux, leur plus |