Page images
PDF
EPUB

telligence de l'œuvre s'en augmente,

augmente, l'estime pour l'auteur n'en est certainement pas diminuée.

On ne raconte pas en quelques pages une vie de centenaire, même tout unie et toute calme, comme a été celle de Fontenelle. De là la nécessité de divisions dans la biographie. On a veillé à ce que ces divisions, mises uniquement pour la clarté, parussent aussi naturelles et aussi logiques que possible.

Clermont-Ferrand, décembre 1905.

PREMIÈRE PARTIE

BIOGRAPHIE ET CARACTÈRE

DE FONTENELLE

BIOGRAPHIE DE FONTENELLE

CHAPITRE PREMIER

DE LA NAISSANCE DE FONTENELLE A LA CHUTE D' « ASPAR »

(1657-1680)

1

Bernard le Bovier de Fontenelle, second fils de François le Bovier de Fontenelle, écuyer, avocat au Parlement, et de Marthe Corneille, sœur de Pierre et de Thomas Corneille 2, naquit à Rouen, le 11 février 1657. Il était de constitution si chétive qu'il « pensa

1

« Ou plutôt le Bouyer, comme porte le billet d'enterrement de M. de Fontenelle. On l'y a écrit ainsi d'après le contrat de mariage de son père François le Bouyer de Fontenelle, écuyer, avocat au Parlement, avec Demoiselle Marthe Corneille, soeur de Pierre et de Thomas Corneille; mais il faut prononcer le Bovier, et on l'a toujours prononcé de même. Au reste, il y a plusieurs noms de famille qu'on prononce autrement qu'on ne les écrit, ou qu'on prononce et qu'on écrit de deux façons; par exemple, Faure et Favre, qui néanmoins sont originairement le même nom ». Note de l'abbé Trublet, à propos du Catalogue des écrivains français du siècle de Louis XIV, de VOLTAIRE, au nom : Fontenelle.

2 « Fontenelle était le second des quatre enfants mâles auxquels Marthe donna le jour. Joseph, son aîné de deux ans, était mort en bas âge; plus jeune que lui d'une trentaine de mois, Pierre vécut environ trente-trois ans; Joseph-Alexis, né en 1663, prolongea sa carrière jusqu'en 1741. Recommandables par leurs vertus chrétiennes, les deux derniers, ecclésiastiques l'un et l'autre, avaient eu en partage la piété de leur mère; Bernard en eut l'esprit CHARMA, Biographie de Fon

[ocr errors]

2

[ocr errors]

« Ses

mourir de faiblesse le jour même de sa naissance. On le baptisa à la maison et il ne fut porté à l'église que le 14». Il demeura assez longtemps maladif. poumons étaient et restèrent jusqu'à seize ans d'une faiblesse telle que toute émotion un peu vive au physique et au moral lui faisait cracher le sang C'est probablement pourquoi, toute sa vie durant, il s'épargna avec une si scrupuleuse diligence toute espèce d'émotions. Il se pourrait bien d'ailleurs qu'il ait dû à cette excessive délicatesse de santé l'avantage, fort appréciable, de devenir centenaire. On le soigna beaucoup, il se soigna luimême plus encore, « par une prudence précoce et qui ne s'oubliait jamais 3; » l'estomac était excellent; tant de précautions portèrent leurs fruits : « dans le cours de sa longue carrière, une légère fluxion de poitrine fut l'unique indisposition qui l'arrêta *. » Il n'est que les valétudinaires de naissance pour avoir de ces bonheurs.

La maison qu'habitaient les parents de Fontenelle

Quant à

tenelle. Caen, 1846. Pierre était simple prêtre habitué à Saint-Laurent de Rouen, et passait pour être d'une extrême simplicité. « A quoi s'occupe-t-il? demandait-on un jour à Fontenelle. Il dit la messe le matin. Et le soir? Le soir, il ne sait ce qu'il dit. » Joseph-Alexis, il mourut chanoine de la cathédrale de Rouen, en grande réputation de science et de vertu. (Cf. les Nouvelles ecclésiastiques, années 1731, p. 101; 1741, p. 191 et suiv.; 1742, p. 31.) - C'est de la mort de ce frère que parle Fontenelle dans une lettre à Mme de Forgeville, du 31 novembre 1741.

[ocr errors]

TRUBLET, Moreri. L' extrait baptistaire » de Fontenelle est du 14, ce qui explique qu'on ait pris quelquefois cette date pour celle de sa naissance.

[ocr errors]

2 CHARMA, Biographie. Et l'abbé Trublet : « A seize ans, le jeu du billard était un exercice trop violent pour lui, et toute grande agitation lui faisait cracher le sang.

3 CHARMA, Biographie.

Ibid.

[ocr errors]

Moreri.

: « Il

On peut dire de lui ce que M. Bazin a dit de Legouvé a une de ces santés chétives qui ne promettent rien et qui tiennent tout. » Discours de réception, 28 avril 1904.

« PreviousContinue »