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МАНО М Е Т.

Elle m'eft enlevée.... Ah! trop chère victime!
Je me vois arracher le feul prix de mon crime.
De fes jours pleins d'appas détestable ennemi,
Vainqueur & tout-puiffant, c'est moi qui fuis puni.
Il eft donc des remords! ô fureur ! ô justice!
Mes forfaits dans mon cœur ont donc mis mon fupplice!
Dieu que j'ai fait fervir au malheur des humains,
Adorable inftrument de mes affreux deffeins,
Toi que j'ai blafphémé, mais que je crains encore,
Je me fens condamné, quand l'univers m'adore.
Je brave en vain les traits dont je me fens frapper.
J'ai trompé les mortels, & ne puis me tromper.
Père, enfans malheureux, immolés à ma rage,
Vengez la terre & vous, & le ciel que j'outrage.
Arrachez-moi ce jour, & ce perfide cœur,
Ce cœur né pour haïr, qui brûle avec fureur.
Et toi, de tant de honte étouffe la mémoire ;
Cache au moins ma faibleffe, & fauve encor ma gloire :
Je dois régir en dieu l'univers prévenu;

Mon empire eft détruit fi l'homme eft reconnu.

Fin du cinquième & dernier acte.

(a)

DE MAHO ME T.

PREMIERES

IERES éditions:

* On périt avec gloire....

(b) Edition de 1752:

* Vous fait fi près du port expofer au naufrage.

(c) Ibidem.

* Ce jour tant fouhaité me femble un jour d'horreur.

(e) Ibid.

PH AN, R.

* On s'arme, on vient à vous on prend votre défenfe.

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ZOPIRE.

* Soutiens mes pas, allons; j'efpère encor punir
* L'hypocrite affaffin qui m'ose secourir;

* Ou du moins, en mourant, fauver de fa furie
* Ces deux enfans que j'aime, & qui m'ôtent la vie.

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'EST le mot de la maréchale d'Ancre à un de fes juges, qui lui demandait de quel charme elle s'etait fervie pour captiver l'efprit de la reine de l'afcendant que les ames fortes ont fur les efprits faibles.

:

( 2 ) Les Musulmans croyaient avoir à la Mecque le tombeau d'Abraham. Le facrifice d'Ifaac eft le premier affaffinat ordonné par DIEU, dans nos livres.

On fe contenta de la bonne volonté pour cette feule fois; mais c'était le premier pas, & cette tradition, une fois établie, donna aux fanatiques un prétexte pour obtenir davantage. Ils favaient bien que lorfqu'ils auraient déterminé un furieux à lever le poignard, un ange ne viendrait pas lui arrêter le bras.

(3) On trouve dans le quatrième ade :

,, Mes pleurs baignent tes mains faintement homicides.

Cette expreffion eft de Racine: De leurs plus chers parens faintement homicides, dit-il, en parlant de vingt mille juifs égorgés pour un veau, par la main des lévites. Mais Racine, dans Athalie, employait fon genie à confacrer ces faintes horreurs.

(4) C'eft la feule bonne réponse à tous ceux qui croient, ou font femblant de croire qu'il n'y a de vertu que parmi les hommes qui penfent comme eux. Ce vers renferme un fens profond. Un homme, en effet, qui pense que pour avoir de la justice, de l'humanité, de la générofité, il faut croire une telle opinion fpéculative, imaginer que dans un autre monde on fera payé de cette action, favoir même precilement comment on sera payé ; un tel homme regarde néceffairement la vertu comme une chose peu naturelle à l'espèce humaine, ne connaît pas les véritables motifs qui inspirent les actions vertueuses aux ames nées pour la vertu. Enfin, les bonnes actions qu'il a pu faire n'ont été infpirées que par des motifs étrangers, ou bien il n'a pas fu démêler le principe de fes propres actions. Tel eft le fens de ce vers, le plus philofophique peut-être, & le plus vrai de la pièce.

MEROPE,

TRAGEDIE.

Représentée pour la première fois le 20 février 1743.

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