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guinaire ne fût établie chez les Phéniciens c'est de la Phénicie qu'elle passa dans la Grèce, et de la Grèce les Pélasges la portèrent en Italie, Les Juifs l'avoientempruntée de leurs voisins; c'est un reproche que leur font les prophètes; et les livres historiques de l'ancien testament fournissent plus d'un fait de ce genre,

Carthage, colonie Phénicienne, avoit adopté le même usage, qu'elle conserva long-tems Platon, (in minoe.) Sophocle (apud porphyr.) et Diodore de Sicile (XX) le disent en termes formels. Les Carthaginois présentoient leurs propres enfans à Saturne, et Plutarque,

de superstione.) assure que ceux qui n'en avoient point qu'ils puissent immoler, en achetoient; qu'alors les meres étoient obligées de les présenter elles mêmes, et d'assister au sacrifice avec un visage serein : le moindre gémissement de leur part, sans sauver la victime, leur en auroient fait perdre le prix. Gélon de Syracuse, après la défaite des Carthaginois en Sicile, ne leur accorda la paix qu'à condition qu'ils renonceroient

ces sacrifices odieux. Mais cet article du traité ne pouvoit regarder que les Carthaginois établis dans l'île, et maîtres de la partio

occidentale du pays; car les sacrifices humains subsistoient toujours à Carthage. Comme ils faisoient partie de la religion Phénicienne; les loix romaines, qui les proscrivirent long-tems après, ne purent les abolir entièrement. En vain Tibère fit périr dans les supplices les ministres inhumains de ces barbares cérémonies: Saturne continua d'avoir des adorateurs en Afrique ; et tant qu'il en eut, le sang des hommes coula secrètement sur ses autels. (Jos. Antiquit. XVIII, 4. Tertul. Apolog. 8.

que

Enfin les témoignages positifs de César de Pline, de Tacite et de plusieurs autres écrivains exacts, ne permettent pas de douter les Germains et les Gaulois n'aient immolé des victimes humaines, non seulement dans des sacrifices publics, mais encore dans ceux qui s'offroient pour la guérison des particuliers. C'est inutilement que nous voudrions laver nos ancêtres d'un crime dont trop demonumens s'accordent à les charger. La nécessité de ces sacrifices étoit un des dogmes établis par les druïdes, fondés sur ce principe, qu'on ne pouvoit satisfaire les dieux que par un échange, et que la vie d'un homme étoit le seul prix capable de racheter

celle d'un autre, Dans les sacrifices publics, au défaut de malfaiteurs, on immoloit des innocens; dans les sacrifices particuliers on égorgeoit souvent des hommes qui s'étoient dévoués volontairement à ce genre de mort.

Les dévouémens usités chez les Gaulois, et dont l'histoire des romains et des autres nations, fournit aussi des exemples, suffiroient seuls pour nous autoriser à conclurre, par une induction raisonnable, que les saorifices humains n'étoient point inconnus dans l'antiquité ; quand le fait ne seroit pas démontré par des preuves formelles. Au reste cette coutume, quelque révoltante qu'elle soit, ne doit pas plus nous étonner de la part des anciens, que de la part des peuples du Mexique, où les Espagnols la trouvèrent établie depuis long-tems. L'Europe eut autrefois ses Lestrigons, comme l'Amérique a ses Anthropophages,

SUR LA NATURE

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Et les dogmes les plus connus de la religion Gauloise.

L'AUTEUR du mémoire sur les Druidės, dont nous avons parlé dans l'article précé dent, y représente la religion des Gaulois comme extrêmement simple. De ce que ces peuples n'avoient point de temples, et qu'ils auroient crû faire injure à la divinité de prétendre, en quelque sorte, la renfermer dans une enceinte, Duclos conclud qu'ils admettoient l'immensité de Dieu : et comme cet attribut est exclusif de la pluralité des Dieux, par une seconde conséquence il en infère qu'ils n'étoient point Polythéistes, et moins encore idolatres avant l'invasion des romains.

Fréret convient avec Duclos, que la religion Gauloise ne paroît pas avoir été chargée de toutes les fables absurdes et indécentes qui souilloient la mythologie des Grecs mais il n'en conclud pas que le culte et la pratique de cette religion fussent aussi raisonnables dans les détails, que le

système en étoit philosophique. Toutes les religions, qui ont été l'ouvrage des hommes abandonnés à leurs lumières, n'ont guère plus servi à éclairer leur esprit, qu'à régler leur cœur. Il paroît que les premiers Gau lois n'avoient point d'idoles ou de représentations de la divinité, non plus que les Germains lors même qu'ils adoptèrent celles des Romains, ou qu'ils s'en firent à leur exemple, ce fut sans en avoir la même opinion, et sans les regarder comme étant devenues depuis leur consécration le siège de la divinité. On pourroit donc, à la rigueur, ne point taxer les anciens Gaulois d'idolatrie; mais s'ensuit-il qu'ils ne fussent pas Polythéistes, qu'ils ne partageassent point. l'administration de l'univers entre plusieurs divinités distinctes? Quoique le raisonnement nous conduise par des preuves de la dernière évidence, au dogme de l'unité absolue de Dieu, la religion véritable est la seule où ce dogme soit universellement reçû (*). Par-tout ailleurs on suppose un

* Il est vrai que l'unité de Dieu est un des articles fondamentaux de la croyance des Mahométans; mais on doit considerer le Mahométisme comme une hérésie de la religion chrétienne.

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