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pour bander l'arbalète d'un instrument en fer appelé cranequin, d'où les troupes armées de l'arbalète reçurent le nom de cranequiniers. La plupart des villes eurent des compagnies d'arbalétriers ou cranequiniers. Les flèQuches dont ils se servaient se nommaient carreaux ou carrelets. L'ordonnance de Charles VII, qui organisa, en 1448, l'infanterie des francs archers, prescrivit aux soldats de porter (Fig. T.) une trousse de dix-sept carrelets ou flèches, une dague, une épée, un justaucorps en cuir matelassé de laine, et enfin un casque sins ornement que l'on appelait salade', morion, bourguignote ou pot de fer

(fig. T). La salade était aussi le casque dè certains cava

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liers, que l'on (Fig. W.) (Fig. U.) (Fig. V. appelait mêmes salades. Les fantassins portaient quelquefois une arme défensive composée plaques de fer jointes ensemble; on l'appelait brigandine. Les soldats qui en étaient revêtus appartenaient la plupart aux troupes indisciplinées qui porterent la terreur dans la France (voy. GRANDES COMPAGNIES). On les désigna sous le nom de brigands, qui est devenu synonyme de pillard et de voleur. Le fauchard (fig. U) était encore aux XIVe et XVe siècles une des armes dont se servait l'infanterie. Il se composait d'une lame de fer longue et tranchante des deux

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servait de la fronde dans l'infanterie française depuis un temps immémorial. Le poëme d'Abbon, qui raconte le siége de Paris par les Normands, au Ixe siècle,

L

parle de balles de plomb lancées au moyen de frondes. On employa encore la fronde même après la découverte de la poudre à canon. En 1572, les habitants de Sancerre repoussaient à coups de fronde les attaques de l'ennemi. Au XVIIe siècle, ce n'était plus qu'une arme d'enfants, d'où les troubles de la minorité de Louis XIV ont tiré leur nom. On appelait estoc ou estocade une épée dont la lame était longue et étroite, sans tranchant. On donnait aussi ce nom à des bâtons armés d'une pointe aiguë on tranchante, et portant à l'autre extrémité un petit boulet de fer attaché avec une chaîne, comme le fléau d'armes (fig. K). Le mot estoc ou estocade vient de l'allemand stok, bâton. On fabriquait en Bretagne de longues épées appelées brettes; et, comme elles servaient dans les combats singuliers, les duellistes en ont reçu le nom de bretteurs.

Au XVIe siècle, quoique l'on se servît déjà des armes à feu, on continua de porter les lourdes armures du moyen âge. Elles devinrent plus magnifiques à cette époque et s'enrichirent de ciselures et d'ornements damasquinés. Des artistes, comme Benvenuto Cellini, ne dédaignérent pas d'y employer leur art. On admire encore au Musée d'artillerie l'armure de François Ier et d'autres guerriers du XVIe siècle. Hommes et chevaux étaient superbement empanachés, comme le prouvent beaucoup de passages des contemporains, et entre autres l'extrait suivant de Brantôme (Capitaines français): « Le marquis de Pescaire (gouverneur de Milan sous Charles-Quint) s'estoit accommodé d'un fort grand panache à sa salade, si couvert de papillottes que rien plus, ainsi que les plumassiers de Milan s'en font dire de très-bons et ingénieux maîtres,

et en avoit donné un de même au chanfrein de son cheval. » Peu à peu on reconnut que ces armes pesantes étaient peu utiles dans des batailles qui ne se décidaient plus à la pointe de l'épée, mais par la supériorité de la tactique militaire et la force de l'artillerie. Ce fut en vain que Louis XIII enjoignit à tout gentilhomme, sous peine de dégradation, de porter le haubert. On ne conserva que le casque et la cuirasse, et même ces armes finirent par être abandonnées à des corps spéciaux, comme les cuirassiers, les dragons et les carabiniers.

L'invention des armes à feu, qui a entraîné une véritable révolution dans l'art militaire, exige quelques détails. Dès 1340, on employa de longs tubes de métal ou de pierre pour lancer, au moyen de la poudre, des boulets de pierre ou de fer. Le bruit que faisait la détonation de la pou

dre fit nommer ces redoutables machines bombardes; dans le principe, elles étaient sans affût et immobiles. Quelquefois elles se nommaient pierriers, parce qu'elles lançaient des boulets de pierre. « Ces pierres d'engins, dit Froissart (ann. 1344), leur baillaient de si bons horions, qu'il sembloit à vrai dire que ce fût foudre qui chût du ciel, quand elles frappaient contre les murs du châtel. » On employait ces bombardes ou pierriers surtout à la défense ou à l'attaque des places. Les Anglais s'en servirent, cependant, à la bataille de Crécy, en 1346, et elles produisirent un tel effet, qu'il semblait, dit l'historien contemporain Villani, que le ciel tonnât. Ce ne fut qu'au xvé siècle, vers 1404, qu'on fit de ces tubes une arme manuelle; on les appela canons ou couleuvrines, de leur ressemblance avec la forme de la canne et de la couleuvre. Ces canons manuels s'appuyaient sur de grandes fourchettes de fer. Dans la suite, on les combina avec le pied de l'arbalète, et on eut ainsi l'arquebuse (fig. X). On employa plusieurs espèces d'arquebuses, et principalement l'arquebuse à mèche et à rouet. L'arquebuse à mèche partait au moyen d'une mèche allumée qu'un ressort mettait en mouvement et a

baissait sur le bassinet. Au XVIe siècle, on ne mit plus le feu avec une mèche, mais au moyen d'une pierre de silex. Celle-ci, par la détente d'un rouet, s'abaissait sur la platine, et faisait jaillir des étincelles qui enflammaient la poudre du bassinet. En 1599 et en 1603, Henri IV défendit l'emploi de l'arquebuse pour la chasse, mais il fut obligé, par les réclama- (Fig. X.) tions de la noblesse, de l'autoriser en 1604. Une ordonnance

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de Louis XIV sur les chasses, rendue en 1669, prouve qu'à cette époque les gardes-chasse avaient encore des arquebuses à rouet. Enfin, au XVIe siècle, on substitua au rouet le chien armé d'une pierre de silex, dont le choc sur la platine produisait l'étincelle et l'explosion de la poudre.

Sous Charles IX, on avait introduit en France le mousquet ou mousqueton, d'où vint le nom de mousquetaires, donné aux cavaliers qui portaient cette arme. On commença, en 1671, à ajouter la pique ou baïonnette à l'extrémité du mousquet. et peu à peu les compagnies de piquiers disparurent. Cependant, sous les règnes de Louis XIV et de Louis XV, les officiers d'infanterie étaient encore armés d'une demi-pique que l'on appelait esponton. Une ordonnance de 1690 en fixait la longueur à sept pieds et demi. Le fusil, qui tira son nom de la fusée lancée par le tube de fer, remplaça la pique et le mousquet, et jusqu'à nos jours cette arme n'a cessé de recevoir les perfectionnements qui l'ont rendue plus légère et plus facile à nianier. C'est ainsi qu'à une époque trèsrécente on a substitué le piston au chien, et la capsule à la pierre de silex. La carabine, que l'on a confondue à tort avec le mousqueton, ne commença à être en usage que vers la fin du règne de Louis XIV. Le canon en est rayé en spirale, et la balle enfoncée au moyen d'une baguette en fer et d'un maillet. Elle porte à une grande distance, et le tir a beaucoup de précision; mais, comme il fallait plus de temps pour la charger, elle n'était pas d'un emploi commun dans l'armée. Des perfectionnements récents ont permis d'en faire un usage plus général, et aujourd'hui les chasseurs de Vincennes sont armés de carabines; les balles à forme

ARM

conique ont donné encore plus de jus-
tesse et d'étendue au
tir, et, à la première
guerre, les artilleurs
auront fort à faire
avec des tirailleurs qui
les décimeront à une
distance de douze cents
mètres. Telle est du
moins l'opinion des
hommes les plus com-
pétents dans ces ma-
tières.

On se servait de pis-
tolets dans les armées
françaises dès le temps
de François 1er. De là
l'expression de dia-
bles empistoles que
les auteurs contempo-
rains appliquent quel-
quefois aux reîtres. Ce
n'était pas sans raison,
d'après ce passage de
l'Apologie d'Hérodote,
par Henri Estienne :
«Ils ne se sont pas
contentés de porter
jusqu'à six et huit pis-
tolets à l'entour des.
selles de leurs che-
vaux, mais ils en ont
farci leurs manches et
leurs chausses,

et
même nous pensons

que de là est venu
l'usage de ces grosses
chausses qui semblent
de petits tonneaux. >>
Quelquefois on ajoutait
un pistolet à l'épée,
comme on le voit dans
la figure Z.

(Fig 2.)

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L'artillerie fut perfectionnée pendant le xve siècle, et surtout pendant les guerres

d'Italie. Déjà, sous Charles VII, Jean Bu reau se servait d'engins volants pour réduire les places. Lacréation de la charge de grand maître de l'artillerie sous Louis XI prouve l'importance que cette arme avait prise. Les canons placés sur des affûts (fig. ZZ) et traînés par des chevaux, suivirent les armées françaises au delà des Alpes. L'Espagnol Pedro de Navarre, enseigna à faire jouer les mines et sauter les rochers. En 1521, Charles-Quint se servit, au siége de Mézières, de mortiers lançant des bombes; Cohorn les rendit portatifs, en 1674. Les obusiers furent inventés vers la fin du XVIe siècle. Il est question de grenades dès 1536; François Ier en fit mettre dans les munitions envoyées à la ville d'Arles pour résister à Charles-Quint. Henri IV employa des pétards pour faire sauter les murs de Cahors, en 1580. Les boulets rouges furent inventés par les Polonais au siége de Dantzig, en 1577, et les autres nations s'approprièrent immédiatement cette redoutable invention. La marine a les boulets ramés, c'est-à-dire deux boulets tenus par une chaîne ou par une barre de fer et les canons à la Paixhans, bouches à feu d'un calibre énorme et lançant des projectiles creux qui entrent dans le corps du navire, puis font explosion et causent une immense déchirure.

La première manufacture d'armes à feu fut établie, en 1516, à Saint-Etienne, par le languedocien George Vigile. Il existe aujourd'hui des fonderies de canons à Strasbourg, Douai et Toulouse; des manufactures d'armes à feu à Saint-Etienne, Tulle, Charleville, Mutzig, Maubeuge, Paris; et d'armes blanches, à SaintEtienne, Châtellerault, Kligenthal. On appelle arsenaux les grands magasins où se gardent les armes de toute espèce. Les principaux sont à Paris, Strasbourg, Metz, Lille, Besançon, Perpignan, la Fère, Douai, Rennes, Toulouse, Grenoble, Auxonne. La marine a aussi ses arsenaux. Les principaux sont à Brest, Toulon, Rochefort; il y en a deux de seconde classe à Lorient et Cherbourg; enfin, six secondaires à Dunkerque, le Havre, Nantes, Bordeaux, Bayonne et Saint-Servan.

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bole national jusqu'à la révolution (voy. au mot BLASON la figure des armes de France soutenues par deux anges).

On a beaucoup disserté pour savoir si les fleurs de lis rappelaient le calice d'une fleur ou deux fers de lance entrecroisés ; question aussi futile que difficile à résoudre. Dans l'origine, les fleurs de lis étaient semées en grand nombre sur la bannière royale; Philippe III, le premier, ne prit que trois fleurs de lis. Il est possible que la forme triangulaire de l'écu primitif ait rendu cette disposition nécessaire. En 1792, on adopta le coq gaulois, symbole de courage et de vigilance. Bonaparte devenu empereur y substitua l'aigle, et sur le manteau impérial il sema des abeilles. La restauration reprit les fleurs de lis. En 1830, le coq gaulois est redevenu l'emblème national; en 1852, il a été remplacé par l'aigle.

Les couleurs nationales ont varié comme les armes de France. Ce fut d'abord le bleu, couleur de la chape ou chasse de saint Martin (voy. BANNIÈRE DE FRANCE); puis le rouge, couleur de l'oriflamme; enfin le blanc, à l'époque de l'avènement des Bourbons (1589). Dès le xive siècle, on unissait le rouge et le bleu, comme couleurs nationales, dans les chaperons mi-partis qui distinguaient la faction d'Etienne Marcel. En 1789, après la prise de la Bastille, la commune de Paris prescrivit aux citoyens de reprendre les anciennes couleurs nationales, rouge de Paris, bleu de Navarre; on y joignit le blanc couleur de France; ainsi se forma le drapeau tricolore adopté le 17 juillet 1789, abandonné par la restauration (1815-1830), et adopté depuis 1830 par les divers gouvernements. La cocarde, signe distinctif qui s'attache au chapeau, a porté les mêmes couleurs que les armes de France. Elle a été tour à tour blanche et tricolore.

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ASILE (Droit d'asile).- Le droit d'asile remonte à l'empire romain; d'après une loi de Théodose le Jeune (23 mars 431) il temple, mais encore toute l'enceinte du comprenait non-seulement l'intérieur du lieu sacré, où étaient situés les maisons, les galeries, les jardins, les bains et les cours qui en dépendaient. Les conciles tenus sous les rois francs, et, entre autres, le concile d'Orléans sous Clovis, en 511, consacrèrent le droit d'asile. Les voleurs, les adultères, les homicides mème, qui se réfugiaient dans l'église, ne pouvaient en être arrachés. L'asile était rarement violé. Cependant on voit que Parthenius, ministre de Théodebert fer, fut enlevé de l'église où il s'était ré fugié et lapidé par le peuple. Mais en général les asiles étaient respectés par le peuple, aussi bien que protégés par la loi. On ne pouvait livrer le criminel qui s'était réfugié dans un asile que dans le cas où ceux qui le poursuivaient juraient sur l'Évangile de ne lui faire subir ni la mort, ni la mutilation. Gontran, roi de Burgondie, voulant interroger des conspirateurs qui s'étaient réfugiés dans un asile, leur promit la vie sauve, s'ils en sortaient. Après les avoir interrogés et reconnus coupables, il leur permit de retourner dans leur asile. L'esclave, même de toute peine corporelle, lorsqu'il s'était accusé d'un crime atroce, était affranchi placé sous la protection d'un asile. Il n'é

tait rendu à son maître que si celui-ci faisait serment de lui pardonner. Le suppliant se réfugiait quelquefois jusque dans le sanctuaire et saisissait la nappe de l'autel. Les capitulaires de Charlemagne maintinrent le droit d'asile : «< Si quelqu'un ose arracher un suppliant des portiques, des parvis, des jardins, des bains et autres lieux attenant à l'église, qu'il soit puni de mort. » Cependant d'autres capitulaires, spécialement un capitulaire de 779, commencent à porter atteinte au droit d'asile en défendant de donner fugié dans une église. Les croix élevées de la nourriture au criminel qui s'est résur les chemins protégeaient également ceux qui s'y réfugiaient. Le concile de Clermont (1095) defend formellement de mutiler le criminel qui les a embrassées.

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