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remplaçait l'ancienne licence de la soldatesque. Des ordonnances qui ont été publiées dans le recueil des Anciennes lois françaises (t. XVIII et XIX), portaient la peine de mort contre les déserteurs, réglaient avec précision l'ordre des marches et des campements, défendaient aux soldats de s'écarter des garnisons, et déterminaient tout ce qui concernait le matériel et les approvisionnements. La baïonnette, placée à l'extrémité du fusil, remplaça la pique, dont l'usage avait été maintenu jusqu'alors dans les corps d'infanterie. Chaque régiment eut ses compagnies d'élite. On munit, en 1676, quatre gardes du corps par brigade, d'armes à feu appelées carabines. En 1679, chaque compagnie de cavalerie eut deux carabiniers. En 1690, tous les carabiners furent réunis en un seul corps, qui fut completement constitué en 1693, et divisé en brigades subdivisées en escadrons et en compagnies. Cette organisation se soutint avec de légères modifications jusqu'à la révolution. Aujourd'hui l'armee compte encore deux régiments de carabiniers. Les haras assurèrent la remonte de la cavalerie; des escadrons de cuirassiers et de grenadiers à cheval furent organisés. Le corps des dragons s'accrut et eut son colonel général. On ne connaissait de hussards que chez les ennemis; la France leur emprunta cette institution. Les gendarmes de la maison du roi rappelaient les anciennes compagnies d'ordonnance. Les compagnies de mousquetaires, instituées sous Louis XIII, furent augmentées. Le nom de chevau-légers, qui avait été longtemps appliqué à toute la cavalerie légère, fut réservé à une des compagnies d'élite de la maison du roi, organisée en 1630. Dans la suite on rétablit le corps des chevau-légers. Ils formèrent, en 1779, quatre escadrons qui furent compris dans les cadres ordinaires de l'armée. Louis XIV fonda des écoles d'artillerie à Douai, puis à Metz et à Strasbourg; le génie fut dirigé par Vauban, qui construisit ou fortifia plus de cent cinquante places de guerre. La noblesse, accoutumée à obtenir d'emblée les dignités militaires, fut obligée d'apprendre à obéir avant de commander. Des écoles de cadets, instituées en 1682, la préparèrent au métier de la guerre. L'avancement militaire fut déterminé par des règles fixes et soumis en partie à l'ancienneté, ou, comme on disait alors, à l'ordre du tableau.

Au commencement de la guerre de succession d'Angleterre, en 1688, on assujettit les communautés de marchands et d'artisans des villes à lever elles-mêmes des recrues pour les troupes d'infanterie.

Ces milices formèrent trente régiments; mais, dans la suite, elles furent réparties dans les regiments ordinaires.

Une des plus magnifiques institutions du règne de Louis XIV, fut la fondation de l'hôtel des Invalides, en 1671. Le service des hôpitaux militaires fut soumis à un règlement uniforme, en 1691. Enfin, en 1693, Louis XIV établit l'ordre de Saint-Louis destiné à récompenser les services militaires.

Il y eut pen d'actes importants de l'administration militaire sous le règne de Louis XV. On fonda, à cette époque, l'École militaire de Paris, un des principaux monuments de l'architecture du XVIIe siècle. Choiseul, qui fut principal ministre de 1758 à 1770, fit décider qu'à l'avenir les capitaines auraient des appointements fixes et n'exploiteraient plus leurs compagnies, en spéculant sur la solde, dont ils retenaient une partie. Je ne parle pas de la tentative du comte de Saint-Germain, en 1773, pour introduire dans l'armée française la discipline prussienne et le régime des coups de plat de sabre. On se rappelle le mot d'un soldat français: « Je ne connais du sabre que le tranchant. »>

La révolution française a profondément modifié l'armée; elle y a introduit le principe du recrutement et de l'égale admissibilité de tous les Français aux emplois militaires. Les volontaires de 1792, d'où sortirent la plupart de nos grands généraux, les levées en masse de 1793, ne donnèrent que des armées révolutionnaires. Le 21 aofit 1798, Jourdan fit décréter par les conseils législatifs que tout Français contractait en naissant l'obligation de servir la patrie. Enfin le consulat et l'em-pire établirent dans l'administration militaire une régularité qui n'était pas compatible avec les agitations révolutionnaires. La conscription fut organisée; elle fut vivement attaquée lorsqu'on discuta la loi du recrutement sous la restauration. Mais le ministre de la guerre, Gouvion Saint-Cyr, prouva que renoncer à la conscription, c'élait renoncer à la force et à la grandeur militaires de la France; c'était revenir au régime des enrôlements volontaires et à tous les abus de l'ancienne organisation. Son avis prévalut, et la conscription fut maintenue par la loi sur le recrutement, que la chambre des députés adopta le 5 février 1818, et la chambre des pairs le 9 mars de la même année. La révolution donna aussi une puissante impulsion à tous les services spéciaux. Elle créa l'Ecole polytechnique, qui fournit des officiers aux corps du génie et de l'artillerie; les écoles d'application où s'a

chève l'éducation de ces officiers; l'école de cavalerie de Saumur; l'école spéciale militaire ou école de Saint-Cyr; enfin le collége militaire de la Flèche. Quant à l'égale admissibilité de tous les Français aux dignités militaires, ce principe posé dans la constitution de 1791, a éclaté dans toutes nos armées, et élevé parfois les plus obscurs soldats aux premiers rangs de la hiérarchie militaire.- Consultez sur l'ancienne organisation des armées l'ouvrage du père Daniel, intitulé: Histoire de la milice française. Voy. dans ce Dic tionnaire pour les différents grades, les mots HIERARCHIE MILITAIRE, pour l'histoire des milices communales MILICES URBAINES et l'indication des principaux corps de troupes anciens et modernes au mot ORGANISATION MILITAIRE.

ARMÉE DE MER.-Voy. MARINE.'

ARMES. Les armes ont varié aussi souvent que l'art militaire. Les Gaulois n'avaient que des armes grossières, dont on trouve encore des fragments dans leurs tombeaux: des flèches, des haches souvent en pierres, et des épées qui ne tardaient pas à s'émousser ou à se briser. Les Francs portaient l'épée, la hache à deux tranchants qu'ils appelaient framée ou francisque, et dont ils se servaient pour combattre de près et de loin; enfin le hang ou angon, espèce de javeline ou javelot. Les capitulaires de Charlemagne parlent, en outre, de flèches, de casques et de cuirasses. On voit qu'à cette époque on s'occupait plus d'armes offensives que de défensives. Les rois se couvraient de la dépouille des bêtes sauvages, et les anciens historiens les appellent souvent reges pelliti, rois couverts de fourrures. On employait pour assiéger ou défendre les places des machines nommées catapultes et balistes, qui lançaient des pierres, des traits et des poutres. Ces machines se composaient de nerfs ou de cordes à boyau tendus avec force, et qui, en se débandant, lançaient au loin des projectiles. L'art de diriger ces machines s'appelait balistique.

Avec l'époque féodale, les armures changèrent. Les seigneurs retranchés dans leurs forteresses s'entourèrent d'une armure de fer dont les plis flexibles se prêtaient à tous les mouvements du corps. On appelait cotte de mailles ou haubert cette tunique d'anneaux de fer entrelacés. Une chaussure de mailles garantissait les jambes. Le casque pointu, tel qu'on le voit représenté sur la tapisserie de la reine Mathilde, l'éca ou bouclier long terminé en pointe faisaient partie de l'armure défensive du chevalier, au

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La figure A peut donner une idée d'un homme d'armes de cette époque. Elle représente la statue d'Élie, comte du Maine, telle qu'elle se voyait dans une église du Mans, au XVIIe siècle, époque où D. Bernard de Montfaucon l'a fait graver dans ses Monuments de la Monarchie française. Le comte du Maine, mort en 1109, est en costume de guerre, maillé de la tête aux pieds; son écu est orné d'une croix fleurdelisée.

L'avantage du haubert, dont on se servit aux Xie, XIIe et XIIIe siècles, parut tel que les chevaliers se l'attribuèrent exclusivement, et en interdirent l'usage aux simples écuyers.

Cette armure était à l'épreuve de l'épée; la lance seule était à craindre; pour en repousser les atteintes, on se garnissait d'une camisole épaisse et fortement rembourrée, qu'on appelait gambeson, gambesson, ganbeson, auqueton ou hoc

queton (fig. B); le plus souvent on appliquait immédiatement sur la peau une plaque de fer, appelée plate (fig. C).

tête et de plusieurs réseaux de mailles de fer qui se rattachaient au haubert et protégeaient la partie inférieure du (Fig. G.) (Fig. G.)

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On distingua, pour l'armure de tête, le bonnet de fer qu'on laissait à tous les hommes d'armes, du heaume qui fut réservé aux chevaliers. Le heaume était un casque fermé, en fer mince et battu ;

il enveloppait la tête entière et ne laissait respirer que par une petite ouverture ou grille, qu'on nommait visière ou ventaille; comme cette grille était à coulissé et pouvait glisser sur le front du casque, elle se levait quand on voulait prendre l'air. La (Fig. D.) fig. D represente le heaume que porte saint Louis sur les

vitraux de Notre-Dame de Chartres. Pour soutenir le heaume et l'empêcher d'être brisé par les épées, par les haches d'armes et les massues, on le fortifiait intérieurement par plusieurs cercles de

(Fig. G.)

crâne. L'écu se suspendait au cou du chevalier (fig. F). S'il était tué, on plaçait, près de son corps, l'écu la pointe en haut. Les armes offensives étaient l'épée (fig. G),

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beaucoup de la masse d'armes; il se composait d'un manche très-court auquel était suspendue une courroie ou chaînette munie à l'extrémité de boules de fer Ces boules étaient souvent hérissées de pointes. Un roman du moyen âge (Parthenopex de Blois), donne la description suivante du costume d'un chevalier:

Chaussures de fer dessus chaussées
De lacs de soie bien lacées,
Il a un bon haubert vestu

Et a un bon double escu

Et bon heaume en chef lacie

Et en son poing un bon espie (lance);
Il a une espée longue et dure

Et bien moulue à sa mesure;
Une autre à son arçon pendue,

D'autre part une besague (hache à 2 tranchants)
Et sa miséricorde a ceinte. (L. S. P.)

Ces armes suspendues aux murs des châteaux féodaux, en faisaient un des principaux ornements, et rappelaient la gloire des ancêtres. Un grand nombre de corporations

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étaient occupées à fabriquer les diverses pièces de l'armure. On en voit plusieurs,entre autres cel· les des blasonniers, des chapuiseurs, des bourreliers, occupées à fabriquer et orner les selles. La figure L, que

nous repro

duisons d'a

près les Monuments inédits de Willemin,

prouve que les croisés avaient imité les selles et les étriers des Sarrasins.

de brassards (fig. N), de gantelets, de

ARM

grèves ou bottes de fer, et d'une cuirasse (fig. O). Une plaque de fer placée au côté droit de la cuirasse, servait à soutenir la lance en arrêt; on l'appelait faucre. Toutes les pièces de l'armure étaient réunies. le casque à la cuirasse par le hausse-rol, qu'on appelait aussi gorgerin ou gorgerette; la cuirasse aux cuissards par les tassettes, formant quatre rangs (Fig. 0.) de plaques qui descendaient depuis le bas-ventre jusqu'à

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mi-cuisse; les cuissards aux grèves par les genouillères, espèce de rotule de fer, sous laquelle jouaient les cuissards et les brassards; enfin, les brassards à la cuirasse par les épaulières. L'intérieur de cette armure, appelée de toutes pièces, était matelassé, et il y avait un petit espace entre l'homme et le coffre de fer dans lequel il était enfermé. Le cheval était également couvert d'une enveloppe de fer la partie qui protégeait la tête se nommait chanf ein. Des housses flottantes onées des armes des chevaliers couvraient quelquefois les chevaux, comme on peut le voir dans la figure P. Ce dessin, qui représente les ducs de Bourbon et de Bretagne lançant leurs chevaux l'un contre l'autre, est tiré d'un manuscrit de la Bibliothèque nationale, intitulé le tournoi du roi René. Le heaume de l'homme d'armes se couvrit de plumes

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couronne (fig. R), symbole de la dignité du chevalier. La mode, le caprice des seigneurs, le goût de la singularité ou des traditions de famille firent charger les cimiers de figures monstrueuses; on y représenta des griffons, des guivres ou serpents, etc. Paris était renommé pour la fabrication de cette armure, et une de ses rues en a tiré le nom de rue de la heaumerie. Quelquefois on faisait flotter derrière le heaume de longs pendants qu'on appelait lambrequins (fig. P).

Les armes de l'infanterie française, au moyen âge, étaient principalement le coustil ou couteau, d'où vint le nom de coustilliers, et l'arc, d'où le nom d'archers (francs d'archers), fut donné aux premières compagnies régulières. L'arbalète fut apportée d'Asie, au commence

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