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éternel lien, leur éternel amour, répandu sous des langues de feu, aux jours de sa divine effusion, pour relier les hommes à Jésus-Christ, et par Jésus-Christ à Dieu. Ainsi se manifesta la Trinité tout entière. Ainsi furent dévoilés tous les rapports de l'homme avec Dieu et avec la création.

Trois fois Dieu est descendu vers l'homme sous des manifestations sensibles. Comment alors n'aurions-nous pas compris que toute vérité ne nous est donnée que pour l'incarner en nous? C'est là la grande loi du monde moral : l'homme qui la récuse sort du plan providentiel de Dieu, et se dépouille de sa propre nature pour se faire l'hôte passager de la création matérielle. Accepter la vérité sans l'aimer et la comprendre, et la porter comme un joug, sans en faire la vie et la joie de son âme, c'est peut-être rester en dehors du mal, ce n'est pas entrer dans le bien. La vérité veut que nous soyons comme le corps qui la rend visible à tous, et que nous lui servions de vêtement et d'expression, afin de poursuivre sa marche, à travers les générations humaines, pour les emporter dans le sein de Dieu, terme de toutes leurs aspirations.

Non, pour prouver réellement l'existence de Dieu, il ne suffit pas de raisonner et de discuter, de suspendre les théories de la vérité si haut, que la pratique n'y puisse atteindre. Il faut sentir, aimer, voir et toucher Dieu partout en nous-mêmes et dans l'univers; car s'il est vrai que, pour illuminer nos âmes, la pensée soulève la lettre qui lui sert de signe, il est vrai aussi que Dieu, pour pénétrer jusqu'à nos cœurs, soulève le monde visible, lettre de son immuable Parole. Voilà la théorie pratique, la philosophie vivante, philosophie qui écrit en chacun de nous nos rapports imprescriptibles avec la vérité. J'ai regardé au Christ. On

m'avait dit qu'il était Dieu et homme tout ensemble : j'ai cru. Puis, plongeant mon regard dans sa nature infinie unie à ma nature bornée, j'ai senti, j'ai compris qu'il était le rapport vrai, unique et nécessaire de la nature de Dieu et de ma nature; et je l'ai aimé. Il m'a dit : Je suis la vérité, et je l'ai cru; oui, la vérité de toutes choses, la vérité de mon être dans toutes ses harmonies. Il m'a dit : Je suis la voie; et j'ai cru que je ne pouvais arriver à la vérité, qui est lui-même, que par lui. Il m'a dit : Je suis la vie; cette vie éternelle que je sens s'agiter en moi, dans les bornes du temps, arrêté dans son essor par mes misères. Et je l'ai aimé, le Christ, parce que, sans cesser d'être Dieu, il s'est fait mon frère.

Il n'est pas seulement esprit, mais il est Verbe fait chair. Nous avons vu son corps dans l'histoire, et il ne cesse d'être présent dans l'Église. Et chacun doit comprendre que ce n'est qu'en incarnant en nous le Christ et toutes les vérités qui établissent nos rapports avec lui, que nous retrouvons notre nature réelle, intégrale dans toutes ses harmonies vivantes, s'élevant du fini à l'infini, et descendant de l'infini au fini, pour les harmoniser dans notre intelligence, dans notre amour, dans notre vie.

Ce n'est pas seulement dans cet ordre d'idées que nous devons chercher Jésus-Christ. Les sciences n'ont de valeur que dans leur contact, leur union avec lui: n'est-il pas «< la source de toutes les sciences? » Le passé comme le présent nous disent que toute raison qui s'éloigne de lui tombe dans les ténèbres et s'évanouit dans le vide. Toute idée qui n'a pas en lui son criterium est sans signification et sans vie. En dehors de lui, il n'y a que la postérité coupable d'Adam, la nature humaine déchue; et, parce qu'il est dans la logique

de l'Évangile, comme dans celle de la nature, de juger l'arbre à ses fruits, je vois, en le bénissant, que le Christ est à l'humanité ce que le cœur est à notre être visible, le soleil à toute la nature.

Ainsi Dieu, l'homme et l'univers, reliés dans le Christ et par le Christ, voilà la vérité, voilà la vie. Malheur à nous, malheur au monde, si nous n'arrivons pas tous à être de simples manifestateurs du Christ, non du Christ dans sa gloire, mais dans son œuvre de régénération, qu'il accomplit aux jours de sa vie mortelle dans le sacrifice et dans l'amour! Puisse notre œuvre aider à cette régénération! Puisse-t-elle contribuer à réaliser cette parole du Maître : << Il n'y aura qu'un troupeau et qu'un pasteur, » un seul corps dans un seul esprit, dont il est l'unique vie!

AINSI SOIT-IL.

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