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d'une jufte étendue, faites de main de maîtres, /s & dont la profeffion eft d'exceller dans la fcience de la parole.

Si je n'ay pas atteint mon but qui étoit de prononcer un difcours éloquent, il me paroit du moins que je me fuis difculpé de l'avoir fait trop long de quelques minutes: car fi d'ailleurs Paris a qui on l'avoit promis mauvais, fatyrique & infenté, s'eft plaint qu'on lui avoit manqué de parole; fi Marly où la curiofité de l'entendre s'étoit répanduë, n'a point retenti d'aplaudiffemens que la Cour ait donnez à la critique qu'on en avoit faite, s'il a fçû franchir Chantilly écücil des mauvais Ouvrages; fi l'Academic Françoife à qui j'avois apellé comme an Juge fouverain de ces fortes de pieces, étant affemblée extraordi nairement, a adopté celle ci, la fait imprimer par fon Libraire, l'a mife dans fes Archives; fo elle n'étoit pas en effet compofée d'un fyle: affecté, dur & interrompu, ny chargée de louanges fades & outrées, telles qu'on les lit dans les Prologues d'Opera, & dans tant d'E pitres Dédicatoires, il ne faut plus s'étonner qu'elle ait ennuie Theobalde. Je vois les rems, le public me permettra de le dire, où ce ne fera pas affez de l'aprobation qu'il aura donnée à un ouvrage pour en faire la reputation, & que pour mertre le dernier fçeau, il fera neceffaire que de certaines gens le defaprouvent, qu'ils y ayent baillé.

Car vouloient-ils prefentement qu'ils ont reconnu que cette Harangue a moins mal reüffi dans le public qu'ils ne l'avoient efperé, qu'ils fçavent que deux Libraires ont plaidé à qui l'imprimeroit, voudroient-ils defavouer leurs gout & le jugement qu'ils en ont porté dans les premiers jours qu'elle fut prononcée, me per mettrofent-ils de publier ou feulement de foupgonner une toute autre raifon de l'âpre cenfure * L'infiance étoit aux Requèles de l'Hôtel,

= quits en firent, que la perfuafion où ils étoient qu'elle le meritoit: on fçait que cet homme d'un Dom, & d'un merite fi diftingué avec qui j'eus Phonneur d'être reçû à l'Academic Françoife, prie, follicité, perfecuté de confentir à l'impreffion de fa Harangue par ceux mêmes qui vouloient fupprimer la mienne, & en éteindre la memoire, leur refifta toûjours avec fermeté: leus dit, qu'il ne pouvoit ni ne devoit aprouver une diftinction fi odieuse qu'ils ne vouloient faire entre luis Gomoi que la préference qu'ils donnoient à fon Difcours avec cette à affectation & ces empressemens qu'ils lui marquoient, bien loin de l'obliger, comme ils le pouvoient le croire, lui faisoit au contraire ane veritable peines que deux difcours également a innocent, prononcez dans le même jour, dec = voient être imprimez dans le même tems: It s'expliqua enfuite obligeamment en public & en particulier fur le violent chagrin qu'il reflentoit de ce que les deux Auteurs de la Gazette que j'ay citez, avoient fait fervir les louanges qu'il leur avoit plû de lui donner, à un deflein formé de médire de moi, de mon Difcours & de mes. Caracteres ; & il me fit fur cette fatyre inju~ rieufe des explications & des excufes qu'il ne me devoit point. Si donc on vouloit inferer de cette conduite des Theobaldes, qu'ils ont crû fauffement avoir befoin de comparaifon & d'une Harangue folle & décriée pour rclever celle de mon Collegue, ils doivent repondre pour fe laver de ce foupçon qui les deshonorent, qu'ils ne font ni courtifans ni dévouez à la faveur, ni intereffez ni adulateurs; qu'au contraire ils font finceres, & qu'ils ont dit naïvement ce qu'ils penfoient du plan du ftile & des expreffions de mon Remerciement à l'Academie Françoife mais on ne manquera pas d'infifter & de leur dire que le jugement de

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la Cour & de la Ville, des Grands & du pen ple lui a été favorable; qu'importe, ils repliqueront avec confiance que le public a fon goût & qu'ils ont le leur: réponse qui ferme la bouche & qui termine tout differend il est vrai qu'elle m'éloigne de plus en plus de vouloir lear plaire par aucun de mes écritss car fi j'ai un peu de fanté avec quelques années de vie, je n'auray plus d'autre ambition que celle de rendre par des foins affidus & par de bons confeils, mes ouvra ges tels, qu'ils puiffent toûjours partager les Theobaldes & le publice:

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Il feroit difficile d'avoir l'honneur de fe trouver au milieu de vous, d'avoir devant fes yeux l'Academie Françoife, d'avoir lû l'Histoire de fon établiffement, fans penfer d'abord à celuy à qui elle en eft redevable, & fans fe perfuader qu'il n'y a rien de plus naturel, & qui doive moins vous déplaire, que d'entamer ce tiffu de

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louanges qu'exigent le devoir & la coûtume par quelques traits où ce grand Cardinal foit reconnoiffable & qui en renouvellent la memoi

te.

Ce n'eft point un perfonnage qu'il foit facile de tendre ni d'exprimer par de belles paroles, ou par de riches figures, par ces difcours moins faits pour relever le merite de celui que l'on veut peindre, que pour montrer tout le feu & toute la vivacité de l'Orateur. Suivez le Regne

Louis le Jufte, c'est la vie du Cardinal de Richelieu, c'eft fon éloge, & celui du Prince qui l'a mis en œuvre : Que pourrois-je ajoûter à des faits encore receus & fi memorables?Ouvrez fon Teftament politique, digerez cet ouvrage, c'est la peinture de fon efprit, fon ame toure entiere s'y develope, l'on y découvre le fecret de fa conduite & de fes actions, l'on у trouve la fource & la vrai-femblance de tant & de fi grands evenemens qui ont parû fous fon adminiftration; l'on y voit fans peine qu'un homme qui penfe fi virilement & fi jufte, a pû agir fu rement & avec fuccés, & que celuy qui a ache. té de fi grandes chofes, ou n'a jamais écrit, ona dû écrire comme il a fait.

Genie fort & fuperieur il a fçu tout le fond & tout le mytere du gouvernement, il a connu le beau & le fublime du miniftere; il a refpe&té 1'Etranger, ménagé les Couronnes, connu le poids de leur alliance; il a opofé des Alliez à des Ennemis, il a veillé aux interêts du dehors, à ceux du dedans, il n'a oublié q que les fiens; une vie laborieufe & languillante fouvent expofée, a été le prix d'une fi haute vertu; dépoltaire des trefors de fon Maître, comblé de fes bienfaits, ordonnateur, difpenfateur de fes Finances, on ne fçanroit dire qu'il eft mort riche.

Le croiroit-on, Meffieurs, cette ame ferieufe

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