Les idées morales de Madame de Sévigné

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Bloud, 1907 - Ethics, Modern - 125 pages
 

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Popular passages

Page 58 - Le voilà donc mort, ce grand ministre, cet homme si considérable, qui tenait une si grande place; dont le moi, comme dit M. Nicole, était si étendu ; qui était le centre de tant de choses : que d'affaires, que de desseins, que de projets, que de secrets, que d'intérêts à démêler, que de guerres commencées, que d'intrigues, que de beaux coups d'échecs à faire et à conduire...
Page 56 - Rien n'est si fou que de mettre son salut dans l'incertitude ; mais rien n'est si naturel , et la sotte vie que je mène est la chose du monde la plus aisée à comprendre...
Page 8 - Votre âme est grande , noble , propre à dispenser des trésors, et incapable de s'abaisser aux soins d'en amasser. Vous êtes sensible à la gloire et à l'ambition , et vous ne l'êtes pas moins aux plaisirs : vous paraissez née pour eux, et il semble qu'ils soient faits pour vous ; votre présence augmente les divertissements , et les divertissements augmentent votre beauté, lorsqu'ils vous environnent. Enfin la joie est Fêtât véritable de votre âme , et le chagrin vous est plus contraire...
Page 36 - ... c'est la justice même; c'est la règle; et, après tout, que doit-il aux hommes? que leur appartient-il? rien du tout. Il leur fait donc justice quand il les laisse à cause du péché originel, qui est le fondement de tout, et il fait miséricorde au petit nombre de ceux qu'il sauve par son fils. JÉSUS-CHRIST le dit lui-même : « Je connois mes brebis, je les mènerai paître moi-même, je n'en perdrai aucune; je les connois, elles me connoissent. Je vous ai choisis, dit-il à ses apôtres,...
Page 55 - Vous me demandez, ma chère enfant, si j'aime toujours bien la vie : je vous avoue que j'y trouve des chagrins cuisants; mais je suis encore plus dégoûtée de la mort : je me trouve si malheureuse d'avoir à finir tout ceci par elle, que si je pouvois retourner en arrière, je ne demanderois pas mieux.
Page 70 - Ainsi la vie humaine n'est qu'une illusion perpétuelle; on ne fait que s'entre-tromper et s'entre-flatter. Personne ne parle de nous en notre présence comme il en parle en notre absence. L'union qui est entre les hommes n'est fondée que sur cette mutuelle tromperie...
Page 12 - En effet, ce n'est point ce que l'on pense : la Providence nous conduit avec tant de bonté dans tous ces temps différents de notre vie, que nous ne les sentons quasi pas; cette pente va doucement, elle est imperceptible : c'est l'aiguille du cadran que nous ne voyons pas aller.
Page 47 - Tous les plus grands personnages sont alarmés, et croient fermement que le ciel, bien occupé de leur perte, en donne des avertissements par cette comète.
Page 99 - Je lis M. Nicole avec un plaisir qui m'enlève ; sur-tout je suis charmée du troisième Traité , des moyens de conserver la paix avec les hommes * : lisez-le, je vous prie , avec attention, et voyez comme il fait voir nettement le cœur humain, et comme chacun s'y trouve , et Philosophes , et Jansénistes , et Molinistes , et tout le monde enfin : ce qui s'appelle chercher dans le fond du cœur avec une lanterne , c'est ce qu'il fait ; il nous découvre ce que nous sentons tous les jours , et que...
Page 56 - Comment serai-je avec Dieu ? Qu'aurai-je à lui présenter ? La crainte, la nécessité, feront-elles mon retour vers lui ? N'aurai-je aucun autre sentiment que celui de la peur ? Que puis-je espérer ? Suis-je digne du paradis ? Suis-je digne de l'enfer...