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Où court Napoléon? au fort de la tempête;
Est-il parmi les siens? brille-t-il à leur tête?
Partout de ses guerriers il dirige les pas;
Le voyez-vous réglant leur fureur indomptable,
D'un front inaltérable

Etendre ou resserrer la scène des combats?

Tel un mont sourcilleux qui domine les ondes,
Affermi par sa base au sein des mers profondes,
Repousse des autans le vol séditieux;

Mais, tandis qu'à ses pieds expirent les orages,
Sur son front sans nuages

S'unissent à l'envi tous les rayons des Cieux.

Déjà nos ennemis cèdent et se replient;

En vain leur jeune Roi, dont les cris les rallient,
S'élance sur nos dards, prêts à le déchirer';
Tel cet insecte ailé que la nuit sombre enfante,
Dans sa course imprudente

Va chercher le flambeau qui doit le dévorer.

Vainement contre nous leur nombre et leur courage
Tentent de Koésen le funeste passage;

Davoust soutient leur choc dans ce poste éclatant:
Il épuise contre eux les hasards de Bellone,

Repousse leur colonne,

Et son bras indompté triomphe en résistant.

Le roi de Prusse a en deux chevaux tués sons loi, et a reçu un coup de fusil dans la manche ( Cinquième bulletin du 14 octobre).

A notre droite, le corps du maréchal Davoust faisait des prodiges; nonseulement il contint, mais mena battant pendant plus de trois lieues le gros des troupes ennemies, qui devait déboucher du côté de Koesen. Ce maréchal a dé

Enfin l'arrêt du sort décide leur querelle ;
La victoire elle-même a couvert de son aile
Nos fidèles héros dont elle fut l'appui :
Les légions du nord, à sa voix renversées,
Devant nous sont chassées

Comme aux feux du matin les nuages ont fui.

Mais quel Dieu veut encore ensanglanter leur fuite1?
C'est Murat qui s'élance, et sa brillante élite
Achève leur ruine en volant sur ses pas;
Leur retraite impuissante est un vaste carnage,
Et des larmes de rage

S'échappent de leurs yeux, que ferme le trépas.

Phalanges de Rosback, que trahit la victoire,
N'accusez plus des lieux témoins de notre gloire!
Notre sang de vos fils a marqué le chemin ;
A vos mânes vengés, offerts en hécatombe,
Ces cadavres sans tombe

Des vautours d'Jena vont assouvir la faim.

ployé une bravoure distinguée et de la fermeté de caractère, première qualité d'un homme de guerre. Il a été secondé par les généraux Gudin, Friant, Morand, Daultanne, chef de l'état-major, et par la rare intrépidité de son brave corps d'armée (Cinquième bulletin du 14 octobre).

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1 L'ennemi fit sa retraite en ordre pendant la première beure; mais elle devint un affreux désordre du moment que nos divisions de dragons et nos cuirassiers, ayant le grand-duc de Berg à leur tête, purent prendre part à l'affaire. Ces braves cavaliers, frémissant de voir la victoire décidée sans eux se précipitèrent partout où ils rencontrèrent des ennemis. La cavalerie, l'infanterie prussiennes, ne purent soutenir leur choc; en vain l'infanterie ennemie se forma en bataillons carrés cinq de ces bataillons furent enfoncés ; artillerie, cavalerie, infanterie, tout fat culbuté et pris. Les Français arrivèrent à Weymar en même temps que l'ennemi, qui fut ainsi poursuivi pendant l'espace de six lienes (Bulletin du 14 octobre).

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Vous qu'illustra jadis ce succès mémorable,
Cessez de nous vanter un laurier périssable :
Couvert de votre sang, il est flétri pour vous;
Tournez les yeux; partout votre armée est vaincue,
Et votre aigle éperdue

N'a déployé son vol que pour fuir devant nous.

Suivez vos légions que la tombe dévore:
Leur essaim conjuré parut avec l'aurore,
Avec l'ombre du soir le trépas les atteint;

C'en est fait! et des nuits l'étoile avant-courrière
Voit devant sa lumière

Un empire qui tombe, et le jour qui s'éteint.

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ODE

SUR LA BATAILLE DE FRIEDLAND.

Le

sang des étrangers a fait fumer la terre,

Et le feu de la guerre

S'est éteint devant lui.

J. B. ROUSSEau.

COMME au fond du Caucase et des monts de Pyrène,
La neige accroît et suit la neige qui l'entraine,
Bellone à nos exploits joint des exploits nouveaux;
Le triomphe en courant suit son char homicide,
Et le Français rapide,

En ouvrant la carrière a vaincu ses rivaux.

Austerlitz, Jena, j'atteste vos ruines!

Marqués du sceau fatal des vengeances divines,
Du froid sommeil des morts dorment vos bataillons :
Le triste laboureur, que le deuil environne,
Sur leurs tombeaux moissonne

Des blés éclos du sang qui rougit vos sillons.

Mais sitôt qu'on a vu nos légions guerrières
De Berlin sous leurs pas abaisser les barrières,
Friedland veut encore arrêter nos succès;
Ses champs ouvrent encore une scène sanglante,
Et le Russe y présente

Une moisson nouvelle au glaive des Français.

Déjà sur ce théâtre où les attend la gloire,
Fiers amans de Bellone et fils de la Victoire,
Lannes, Mortier, Victor précipitent leurs pas '.
Pour combattre avec eux les rivaux qui leur cèdent,
Les guerriers se succèdent,

Et dans un combat seul naissent mille combats.

A peine le flambeau des célestes demeures
Vers son pâle déclin voit descendre les heures,
Tous les chefs ont formé leurs rangs audacieux *.
Un cri part des deux camps disparaît l'intervalle,
Et leur fureur rivale

Joint le fer de la terre à la foudre des cieux.

Quel spectacle imposant! Là, deux camps en présence
S'ébranlent; chaque pas change leur ligne immense;
Là, l'école de Mars épuise ses secrets,

L'air mugit; mais souvent le tonnerre infidèle
Perd sa route cruelle,

Et la mort au hasard a confié ses traits.

Quel est, ô brave Ney! la foule qui t'assiége 3 ?
Sur tes guerriers sortis du bois qui les protège,

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1 Bonaparte, avec les corps des maréchaux Ney, Lannes, Mortier, avec la garde impériale et le premier corps, commandé par le général Victor, marcha en personne sur Friedland.

Les maréchaux Lannes et Mortier furent les premiers engagés : l'auteur a eru pouvoir y joindre le général Victor, quoiqu'il n'ait combattu que plus tard, * Le combat fut généralement engagé vers cinq heures du soir.

3 Du moment où l'ennemi s'aperçut que le maréchal Ney avait quitté le bois où sa droite était d'abord en position, il le fit déborder par des régimens de cavalerie, précédés d'une nuée de cosagues. La division de dragons du général » Latour-Maubourg se forma sur-le-champ an galop sur la droite, et repoussa la charge ennemie : il fut blessé à la main droite dans le combat.

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