Où court Napoléon? au fort de la tempête; Etendre ou resserrer la scène des combats? Tel un mont sourcilleux qui domine les ondes, Mais, tandis qu'à ses pieds expirent les orages, S'unissent à l'envi tous les rayons des Cieux. Déjà nos ennemis cèdent et se replient; En vain leur jeune Roi, dont les cris les rallient, Va chercher le flambeau qui doit le dévorer. Vainement contre nous leur nombre et leur courage Davoust soutient leur choc dans ce poste éclatant: Repousse leur colonne, Et son bras indompté triomphe en résistant. Le roi de Prusse a en deux chevaux tués sons loi, et a reçu un coup de fusil dans la manche ( Cinquième bulletin du 14 octobre). A notre droite, le corps du maréchal Davoust faisait des prodiges; nonseulement il contint, mais mena battant pendant plus de trois lieues le gros des troupes ennemies, qui devait déboucher du côté de Koesen. Ce maréchal a dé Enfin l'arrêt du sort décide leur querelle ; Comme aux feux du matin les nuages ont fui. Mais quel Dieu veut encore ensanglanter leur fuite1? S'échappent de leurs yeux, que ferme le trépas. Phalanges de Rosback, que trahit la victoire, Des vautours d'Jena vont assouvir la faim. ployé une bravoure distinguée et de la fermeté de caractère, première qualité d'un homme de guerre. Il a été secondé par les généraux Gudin, Friant, Morand, Daultanne, chef de l'état-major, et par la rare intrépidité de son brave corps d'armée (Cinquième bulletin du 14 octobre). 1 L'ennemi fit sa retraite en ordre pendant la première beure; mais elle devint un affreux désordre du moment que nos divisions de dragons et nos cuirassiers, ayant le grand-duc de Berg à leur tête, purent prendre part à l'affaire. Ces braves cavaliers, frémissant de voir la victoire décidée sans eux se précipitèrent partout où ils rencontrèrent des ennemis. La cavalerie, l'infanterie prussiennes, ne purent soutenir leur choc; en vain l'infanterie ennemie se forma en bataillons carrés cinq de ces bataillons furent enfoncés ; artillerie, cavalerie, infanterie, tout fat culbuté et pris. Les Français arrivèrent à Weymar en même temps que l'ennemi, qui fut ainsi poursuivi pendant l'espace de six lienes (Bulletin du 14 octobre). Vous qu'illustra jadis ce succès mémorable, N'a déployé son vol que pour fuir devant nous. Suivez vos légions que la tombe dévore: C'en est fait! et des nuits l'étoile avant-courrière Un empire qui tombe, et le jour qui s'éteint. ODE SUR LA BATAILLE DE FRIEDLAND. Le sang des étrangers a fait fumer la terre, Et le feu de la guerre S'est éteint devant lui. J. B. ROUSSEau. COMME au fond du Caucase et des monts de Pyrène, En ouvrant la carrière a vaincu ses rivaux. Austerlitz, Jena, j'atteste vos ruines! Marqués du sceau fatal des vengeances divines, Des blés éclos du sang qui rougit vos sillons. Mais sitôt qu'on a vu nos légions guerrières Une moisson nouvelle au glaive des Français. Déjà sur ce théâtre où les attend la gloire, Et dans un combat seul naissent mille combats. A peine le flambeau des célestes demeures Joint le fer de la terre à la foudre des cieux. Quel spectacle imposant! Là, deux camps en présence L'air mugit; mais souvent le tonnerre infidèle Et la mort au hasard a confié ses traits. Quel est, ô brave Ney! la foule qui t'assiége 3 ? 1 Bonaparte, avec les corps des maréchaux Ney, Lannes, Mortier, avec la garde impériale et le premier corps, commandé par le général Victor, marcha en personne sur Friedland. Les maréchaux Lannes et Mortier furent les premiers engagés : l'auteur a eru pouvoir y joindre le général Victor, quoiqu'il n'ait combattu que plus tard, * Le combat fut généralement engagé vers cinq heures du soir. 3 Du moment où l'ennemi s'aperçut que le maréchal Ney avait quitté le bois où sa droite était d'abord en position, il le fit déborder par des régimens de cavalerie, précédés d'une nuée de cosagues. La division de dragons du général » Latour-Maubourg se forma sur-le-champ an galop sur la droite, et repoussa la charge ennemie : il fut blessé à la main droite dans le combat. |